L'incertitude face à la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump et la volatilité qu'elle crée sur les marchés financiers ont amené les banques de financement et d'investissement (BFI) à effectuer beaucoup plus d'opérations pour couvrir leurs clients et les protéger de ces fortes variations, ce qui leur a permis d'engranger davantage de commissions.
Le marché des changes a par exemple atteint des niveaux de volatilité inédits depuis 2009.
"Les BFI, notamment les salles de marché, quand ça bouge autant et qu'elles sont correctement gérées, peuvent gagner beaucoup d'argent. Donc, ça a été le cas pour les banques américaines, pour BNP, et dans une certaine mesure chez Société Générale", a commenté Mathieu Gosselin, du cabinet de conseil Bartle.
La banque de financement et d'investissement du géant bancaire français BNP Paribas affiche en effet un produit net bancaire (PNB, équivalent du chiffre d'affaires) record entre janvier et mars, à 5,28 milliards d'euros (+12,5% sur un an) pour près de 2,3 milliards d'euros de résultat avant impôt.
Avec un PNB en hausse de 10% à 2,9 milliards, et un résultat net qui bondit de 22,8% à 856 millions, la banque de grande clientèle de la Société générale, qui regroupe notamment les métiers de financement et d'investissement, est aussi restée la locomotive du groupe.
Le Crédit Agricole a également enregistré un "niveau record des revenus" au sein de sa BFI au premier trimestre 2025, en hausse de 7,3% à 1,9 milliard d'euros sur un an, tandis que celle de la BPCE a réalisé un "trimestre historique", avec un PNB en hausse de 13% à 1,2 milliard d'euros et un bénéfice net de 400 millions (+16%).
Banque de détail
Deutsche Bank a également enregistré son meilleure premier trimestre depuis 14 ans, avec un bénéfice en progression de 39%, à 1,8 milliard d'euros. Pour la banque d'investissement en particulier, les recettes sur les produits de taux et devises ont bondi de 17% à 2,9 milliards d'euros, a précisé la banque.
La première banque d'Italie, Intesa Sanpaolo, a publié un bénéfice net de 2,6 milliards d'euros pour le premier trimestre, en hausse de 13% sur un an par tiré par la hausse des commissions des activités de gestion de patrimoine (+8,3%).
Si le bénéfice et les revenus du géant suisse UBS sont ressortis en léger recul de janvier à mars, dans sa banque d'investissement, ses revenus ont augmenté de 16% à près de 3,2 milliards de dollars, bondissant de 32% dans ses activités de marchés, à près de 2,5 milliards de dollars.
M. Gosselin souligne toutefois que ces gains pour les banques viennent des poches des acteurs du monde réel.
"Tout ça, ce sont des frais financiers en plus. La question, c'est comment l'économie réelle va tenir ? On va très vite voir le risque se propager sur le risque du crédit [et les] prêts aux entreprises", estime-t-il.
Par ailleurs, les performances trimestrielles globales des banques françaises "sont un peu moins fortes que ce que l'on peut trouver dans le reste de l'Europe", explique à l'AFP David Benamou, directeur des investissements à Axiom AI.
"En général, la banque de détail en France a une rentabilité qui est faible. De plus les acteurs très franco-français ont été très imposés cette année sur le bénéfice", en raison de la surtaxe exceptionnelle sur les grandes entreprises instaurée en début d'année, rappelle-t-il.
Seule la Société générale s'en est mieux sortie: le PNB de sa division qui inclut notamment la banque de détail a augmenté de 14,1% à 2,3 milliards d'euros au premier trimestre 2025 pour un bénéfice net multiplié par plus de 13 à 421 millions d'euros.
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