L'Insee se prononcera jeudi sur l'économie française, en plein débats budgétaires

L'Insee anticipe une légère croissance de 0,3% entre juillet et septembre dans la deuxième économie de la zone euro, qui progresserait au même rythme qu'au deuxième trimestre (+0,3%), malgré un climat des affaires qui reste morose.

Le troisième trimestre a été marqué par un regain d'instabilité politique, avec la chute du gouvernement de François Bayrou à la rentrée, quelques semaines seulement après la présentation des orientations budgétaires de son gouvernement mi-juillet.

Nommé le 9 septembre, le nouveau locataire de Matignon, Sébastien Lecornu, avait confirmé la volonté de réduction du déficit à 5,4% du PIB en 2025 et évoqué un objectif de déficit "en dessous de 5%" du PIB en 2026, contre 4,7% du PIB auparavant.

De quoi se ménager quelques marges de manœuvres politiques, mais avec le risque de creuser le déficit et la dette publique qui a encore gonflé au deuxième trimestre, atteignant 115,6% du PIB, et un record en valeur absolue à plus de 3.400 milliards d'euros. Chaque dixième de point de pourcentage de déficit supplémentaire correspond à presque 3 milliards d'euros de dépenses supplémentaires.

L'agence de notation Fitch, pointant les incertitudes politiques et budgétaires persistantes, a abaissé en septembre la note souveraine du pays.

Risque d'"étouffement progressif"

La situation dégradée des finances publiques fait courir à la France le risque d'un "étouffement progressif", a averti le gouverneur de la Banque de France samedi, dont l'institution prévoit une croissance d'au moins 0,7% cette année, alignée sur les prévisions du gouvernement.

Au troisième trimestre, la croissance du PIB devrait notamment être portée par un "rebond des exportations", selon les projections de la Banque de France.

Cette embellie du commerce extérieur au troisième trimestre est notamment due à "d'importantes livraisons de matériel aéronautique, déjà produit, mais non encore vendu", et à la mise à flot d'un navire de croisière, selon une note de conjoncture de l'Insee publiée début septembre.

L'Insee y tablait sur une progression de l'activité dans l'industrie manufacturière et un rebond de l'activité de la branche énergie, ainsi que sur un léger recul de l'activité de construction au troisième trimestre.

De son côté, l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) s'attend à une croissance du PIB à 0,2% au troisième trimestre, légèrement inférieur aux estimations précitées, mais dans la marge d'erreur des prévisionnistes.

Cette différence s'explique notamment par des questions de calendrier de publication, car l'OFCE a diffusé ses prévisions du troisième trimestre plus tard que l'Insee ou la Banque de France avec "un peu plus d'informations sur les vicissitudes liées au budget, à la formation du gouvernement", explique Raoul Sampognaro, économiste à l'OFCE joint par l'AFP.

Avec des taux d'épargne record depuis la fin de la pandémie de Covid-19 et un faible niveau d'inflation, "nous faisons tous le pari (...) que le taux d'épargne devrait diminuer un tout petit peu", sans pour autant revenir au niveau pré-pandémie, et que "la consommation ne devrait pas caler", détaille-t-il.

Avec "le scénario d'une forte incertitude jusqu'à la fin de l'année, on a des effets qui peuvent être significatifs" sur les variables observées au quatrième trimestre et au début de l'année 2026, relève toutefois Raoul Sampognaro.

Dans son projet de budget, le gouvernement table sur une croissance de +1,0% en 2026, s'appuyant sur une reprise de la consommation des ménages, en berne en 2025 notamment du fait de la crise politique, et une baisse du taux d'épargne, au plus haut en 2025 (18,4% du revenu disponible). Une prévision jugée un peu optimiste par le Haut Conseil des finances publiques (HCFP).