Le groupe veut passer d'une croissance annuelle moyenne dans les renouvelables de 3 gigawatts (GW) actuellement "à 4 GW entre 2022 et 2025, puis à 6 GW entre 2026 et 2030", a-t-il annoncé.
Il devrait ainsi disposer d'une capacité totale installée de 50 GW en 2025 et 80 GW en 2030, contre 31 GW aujourd'hui.
"Aujourd'hui nous sommes vraiment à un moment charnière pour le monde de l'énergie, avec de formidables opportunités qu'Engie peut et surtout va saisir", a assuré lors d'une conférence de presse la directrice générale Catherine MacGregor, qui a pris ses fonctions en début d'année après l'éviction d'Isabelle Kocher.
"La concurrence est là, elle bouge, elle évolue. Et il faut que nous prenions des mesures importantes pour pouvoir saisir ces opportunités", a fait valoir la dirigeante.
Le groupe dévoile en effet ces nouveaux objectifs à l'heure où d'importants concurrents issus de l'activité pétrolière, comme BP, Shell ou Total, se mettent aussi à investir massivement dans l'éolien ou le solaire.
Engie veut aussi développer une capacité de production d'hydrogène vert, c'est-à-dire produit à partir d'énergies non fossiles, de 4 GW à l'horizon 2030.
Le groupe a annoncé au passage s'engager sur un objectif "net zéro carbone" à l'horizon 2045 sur tous les "scopes", c'est-à-dire en prenant aussi en compte les effets indirects de son activité.
L'ONG Reclaim Finance a toutefois jugé qu'"Engie n'entend pas s'aligner sur une trajectoire (de limitation du réchauffement climatique à) 1,5°C" et critique l'absence de détails.
Elle critique notamment sa "dépendance" au gaz naturel liquéfié (GNL).
Outre les renouvelables et les solutions énergétiques (réseaux urbains de chaud et de froid, production décentralisée d'énergies...), Engie va continuer de s'appuyer sur les infrastructures (comme les réseaux de transport de gaz) et la production thermique (centrales à gaz).
En revanche, le groupe confirme son intention de se séparer à terme d'une bonne partie de ses activités de services, renommées "Bright".
"La mise en place d'une gestion indépendante de +Bright+ au sein d'Engie au 1er juillet 2021 est une priorité", réaffirme-t-il.
Sont concernées des activités d'installations électriques, chauffage, ventilation et climatisation ainsi que les services liés à l'information et la communication. Le périmètre représente 12 à 13 milliards d'euros et 74.000 salariés.
A ce stade, les modalités d'une éventuelle cession ou d'une mise en Bourse n'ont pas été détaillées. "Les options de sortie de Bright restent ouvertes", a indiqué Mme MacGregor.
Investissements
Sur la période 2021-2023, Engie indique viser au total 9 à 10 milliards d'euros de cessions, ainsi que des investissements de croissance de 15 à 16 milliards d'euros (dont 40-45% pour les renouvelables).
L'ex GDF Suez s'est lancé depuis plusieurs années dans une profonde mutation et se veut un champion de la transition énergétique. Le groupe, qui avait accumulé de multiples métiers, cherche aussi à être plus simple et plus lisible.
Il s'était engagé en février à sortir du charbon, très polluant et émetteur de carbone, en Europe d'ici 2025 et dans le monde d'ici 2027.
Engie a précisé mardi ce qui est envisagé pour ses 10 centrales: 4 fermetures, 4 conversions au gaz ou à la biomasse et 2 cessions.
Des solutions "loin d'être satisfaisantes", pour Reclaim Finance, qui réclame des fermetures.
Le groupe a aussi déjà acté la sortie progressive du nucléaire en Belgique, où il exploite sept réacteurs. Il prévoit de commencer par la fermeture de Doel 3 en octobre 2022 puis celle de Tihange 2 en février 2023, a-t-il détaillé.
Outre ces annonces stratégiques très attendues, Engie a aussi publié mardi des résultats en hausse pour le premier trimestre et confirmé ses objectifs annuels.
Ces nouvelles étaient bien accueillies à la Bourse de Paris, où l'action Engie prenait 3% à 13,09 euros vers 16H10, dans un marché en recul de 0,25%.