Engie va décarboner 22 sites industriels d'Airbus en Europe

"C'est un contrat d'exclusivité qui nous donne pour ces sur 22 sites la responsabilité d'identifier des solutions à la fois pour réduire les consommations d'énergie et baisser très fortement ses émissions de CO2", décrit Frank Lacroix, le directeur général adjoint chargé de l'unité Local Energy Infrastructures d'Engie.

"Les engagements qu'on prend, c'est une réduction sur cet ensemble de 85% des émissions de CO2 et de 20% de la consommation d'énergie" des sites industriels concernés par rapport à 2015, ajoute-t-il. "On a cinq ans pour identifier les solutions, les construire, les démarrer et les mettre en fonctionnement."

Le montant de ce contrat-cadre n'est pas public, mais selon Frank Lacroix, "pendant la durée de l'investissement complet, on parle de centaines de millions d'euros."

Le contrat, remporté par Engie à l'issue d'un appel d'offres compétitif lancé à l'automne 2023, porte sur dix sites d'Airbus en Allemagne, huit en France et quatre en Espagne. Les deux groupes collaborent déjà sur ce type de projets dans l'Hexagone, à Toulouse et Nantes, mais c'est la première fois que leur partenariat s'étend à l'Allemagne et à l'Espagne, deux des pays fondateurs d'Airbus.

Le contrat, signé à l'occasion du salon aéronautique du Bourget, entre dans le cadre de la stratégie de décarbonation d'Airbus qui s'est engagé, comme le reste de l'industrie aéronautique, à la neutralité carbone à horizon 2050.

"Nous sommes ravis de progresser dans la démarche de décarbonation de nos sites avec Engie", s'est félicité Julie Kitcher, directrice du développement durable chez Airbus. Il "nous aidera à réduire de manière significative la consommation d'énergie et les émissions industrielles de nos sites européens d'ici 2030."

Acteur de la décarbonation

Pour Engie, il s'agit d'un jalon majeur dans son objectif de devenir un acteur de référence de la décarbonation de l'industrie en Europe. Il vise 250 sites industriels exploités d'ici 2030, contre 160 aujourd'hui, "grâce au déploiement d'infrastructures énergétiques locales alimentées par des énergies renouvelables" (chaufferie biomasse, installations photovoltaïques, valorisation des déchets et captage de chaleur fatale).

Engie compte d'autres grands groupes parmi les 160 sites industriels qu'il gère aujourd'hui, dont Danone, Safran ou encore Sanofi.

L'énergéticien a engagé une stratégie de recentrage de l'unité Local Energy Infrastructures. Il entend consolider sa position de leader de la transition énergétique des villes, des bâtiments et des industries, à une échelle locale, dans cinq pays en Europe - France, Allemagne, Italie, Espagne et Pologne - tout en maintenant sa présence sur ses marchés stratégiques en Asie du Sud-Est (Singapour, Malaisie, Philippines) et en poursuivant le développement de la société Tabreed à Dubaï pour les réseaux de froid au Moyen-Orient.

Les objectifs de cette unité sont de devenir le leader industriel de la transition énergétique locale d'ici 2030.

"C'est vraiment un contrat qui confirme la pertinence de notre stratégie de concentration avec des offres extrêmement simples et claires", fait valoir M. Lacroix. D'autant que la décarbonation de sites industriels ne s'oppose pas à la recherche de compétitivité des industriels, estime-t-il.

"Notre vocation, c'est de conjuguer décarbonation et compétitivité des sites industriels", déclare-t-il.

"S'engager dans la transition énergétique, ce n'est pas reculer sur la compétitivité. Dans le contexte géopolitique du moment, c'est au contraire avancer sur l'indépendance énergétique, sur la capacité de se projeter à long terme en étant décorrélé des variations des cours de l'énergie fossile. C'est aussi exécuter les promesses (que les industriels) ont tous fait sur leur trajectoire de décarbonation."