En Afrique du Sud, échauffourées avec la police pour empêcher des expulsions de maisons

Après l'arrivée de la police dans un complexe immobilier d'Ekurhuleni, situé à environ 10 kilomètres à l'est du centre de Johannesburg, une équipe d'hommes a sorti des meubles et des effets personnels des maisons.

Des habitants sous le choc accusent le gouvernement de les avoir abandonnés en plein milieu d'une crise du logement en Afrique du Sud, estimant que ces habitations font partie d'un programme visant à fournir un toit aux Sud-Africains noirs défavorisés par l'ancien système raciste de l'apartheid.

Deux personnes ont été arrêtées pour l'incendie de bureaux municipaux à proximité, a précisé la police qui souligne avoir agi sur la base d'une décision de justice du mois de juin ordonnant l'évacuation du complexe immobilier qui hébergerait 450 familles.

"Malheureusement, les gens ont eu vent de l'expulsion et ont bloqué la route. Des innocents et des policiers ont été visés par des jets de pierres et nous avons dû riposter pour les disperser", a commenté à l'AFP Fred Kekana, commissaire adjoint de la police provinciale.

"Quelqu'un aurait lancé un cocktail Molotov" sur le bâtiment municipal, a-t-il ajouté.

Certains habitants ont affirmé n'avoir pas reçu d'ordre d'expulsion, en précisant qu'il payaient leur loyer depuis des années.

"Notre gouvernement nous laisse tomber. Il nous chasse alors que nous avons les titres de propriété de ces maisons", a protesté auprès de l'AFP Akhona Mbadi, 37 ans, mère de quatre enfants.

Après avoir pris le pouvoir en 1994, le gouvernement dirigé par le Congrès national africain (ANC) a adopté un programme de reconstruction et de développement (RDP) visant à fournir des logements subventionnés et d'autres services aux Sud-Africains noirs défavorisés par l'apartheid.

En 2017, près de 14% des ménages sud-africains vivaient dans des logements RDP ou subventionnés par le gouvernement, selon des statistiques gouvernementales.

Le nombre de sans-abri a toutefois considérablement augmenté, passant de 13.000 en 1996 à plus de 55.700 en 2022.

La plupart des sans-abri se trouvent dans la province de Gauteng, à Johannesburg, le centre économique du pays qui attire des migrants de toute l'Afrique.