Globalement, le géant français du BTP se porte bien, grâce à ses métiers principaux que sont la construction et désormais les services énergétiques avec Equans, énorme division rachetée à Engie en 2022. Depuis le début de l'année, sur neuf mois, le chiffre d'affaires de Bouygues a fait un bond de 38% à 40,9 milliards d'euros, dont 13,7 milliards venant d'Equans.
Mais les activités de promotion immobilière, qui représentent une faible part du chiffre d'affaires du groupe (1,1 milliard d'euros), ont plongé de -19% sur les trois premiers trimestres de l'année.
Touchée par la forte hausse des taux d'intérêt, l'activité commerciale des ventes de bureaux (tertiaire) "est à l'arrêt", a indiqué le directeur financier Pascal Grangé, lors d'un appel téléphonique avec la presse. "Les investisseurs reportent leur prise de décision", a précisé le groupe dans son communiqué.
Dans le résidentiel, les réservations sont en baisse de 23% sur un an, et la "forte baisse des ventes à l'unité n'a été que très partiellement atténuée par des ventes en bloc", a poursuivi l'entreprise.
Par conséquent, les activités de promotion immobilières de Bouygues, dont le carnet de commandes est en repli de 22% par rapport à fin septembre 2022, "a repoussé le lancement de certains projets", a ajouté M. Grangé sans préciser lesquels, mais en notant que l'activité immobilière disposait de "très peu de stocks".
L'immobilier neuf est en crise, subissant à la fois la forte baisse de pouvoir d'achat des acquéreurs et un renchérissement des coûts de construction.
Les derniers chiffres gouvernementaux, publiés en octobre, montrent une baisse de 28,3% des permis de construire sur la période octobre 2022-septembre 2023, ainsi que des chantiers commencés (-16,6%).
Bouygues en forme
Le bénéfice net du groupe diversifié (construction, btp, immobilier, services énergétiques, média, télécoms) se monte à 440 millions d'euros au troisième trimestre (+12,8%), et 665 millions sur les neufs premiers mois de l'année (+23,8%).
Le chiffre d'affaires de Bouygues construction a lui progressé de 6% à 7,2 milliards d'euros sur neuf mois. Celui de Colas (BTP) de 2% à 11,8 milliards d'euros. Celui de Bouygues Telecom de 3% à 5,7 milliards d'euros. Outre la promotion immobilière, TF1 est également en baisse (-11% à 1,5 milliard d'euros).
Le marché a bien réagi à ces chiffres, un peu meilleur que les prévisions de certains analystes, le titre Bouygues gagnant 5,16% vers 14H30 à 33,42 euros à la Bourse de Paris, dans un marché en hausse de 0,8%.
Les résultats, qualifiés de "raisonnables" par Stifel Research, montrent "l'importance du secteur des infrastructures" pour le groupe, les performances venant notamment du BTP Colas, indique Stifel dans une note publiée après les résultats.
Le groupe ne discerne aucune conséquence du coup de frein immobilier pour son activité de construction, dont le "carnet de commandes est en très forte hausse". "L'activité des mois à venir est totalement assurée et couvre la plus grande partie de 2024", a dit Pascal Grangé.
Le carnet de commandes des activités de construction a progressé de 8% sur un an, avec notamment le contrat d'extension d'une ligne de métro à Hong Kong, d'un quartier résidentiel à Lucerne, et de deux phases d'autoroute en Croatie.
Celui de Colas a engrangé un contrat pour l'extension d'une ligne de transport à Manille.
Pour l'année 2023, Bouygues a confirmé ses perspectives d'un "chiffre d'affaires proche de celui de 2022" et d'"une augmentation du résultat opérationnel courant de ses activités (ROCA)".
"Ces perspectives s'entendent sur la base d'un proforma 2022 intégrant Equans comme si l'acquisition avait été réalisée au 1er janvier 2022, soit un chiffre d'affaires de 54,4 milliards d'euros et un résultat opérationnel courant des activités de 2,16 milliards d'euros", a précisé le groupe.