La société affiche sur ces trois premiers mois une perte nette de 134 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires de 12 milliards d'euros.
Ce résultat net, stable sur un an, a pâti du caractère saisonnier de certaines activités (routes), mais aussi du renchérissement du coût de l'endettement, en lien avec l'acquisition auprès d'Engie du groupe de services techniques Equans.
"Comme chaque année, les résultats du groupe au premier trimestre ne sont pas représentatifs de ceux de l'année, du fait principalement de la saisonnalité des activités de Colas, et dans une moindre mesure de celles d'Equans", insiste Bouygues.
Avec l'intégration d'Equans, son chiffre d'affaires a crû sur un an de 46%, à 12 milliards d'euros. A périmètre et change constants, c'est +4%, nourri par la performance commerciale mais aussi l'inflation.
Equans (4,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires) dispose d'un carnet de commandes de 26,7 milliards.
Le chiffre d'affaires des activités de construction a atteint 5,2 milliards d'euros, en hausse de 5% sur un an, avec un carnet de commandes de 29,4 milliards offrant "une bonne visibilité sur l'activité future".
Le trimestre a été marqué par la signature des contrats du métro d'Abidjan (environ 770 millions d'euros), de Toulouse, pour des hôpitaux au Royaume-Uni et au Maroc. Même tendance pour Colas, notamment aux Etats-Unis et dans les activités ferroviaires à l'international.
En revanche, Bouygues Immobilier subit l'atonie du marché immobilier en France, sur fond d'inflation et de hausse des taux d'intérêt. Son carnet de commandes est en repli de 20% par rapport au premier trimestre 2022.
"L'immobilier d'entreprise était déjà dans un mode attentiste depuis le Covid: les entreprises ne savent pas encore où se placera le curseur du télétravail", a dit le directeur financier de Bouygues, Pascal Grangé, à quelques journalistes.
Sur le résidentiel, les banques ont resserré leur politique de crédits, et "l'incertitude ralentit les investissements", ajoute le dirigeant, qui se veut pourtant optimiste car sur le long terme "il y aura un besoin croissant de logements", assure-t-il.
En Pologne, l'autre marché du groupe dans l'immobilier, le bilan en revanche est "très bon", avec une demande liée notamment aux flux migratoires venus d'Ukraine, selon M. Grangé.
La chaîne TF1 affiche un revenu de 480 millions d'euros, soit -14%, et un bénéfice net à -17,6% à 28,1 millions d'euros, affecté par la baisse des recettes publicitaires.
Quant à Bouygues Télécom, il progresse de 8%, à 1,9 milliard, avec une hausse de la clientèle dans le fixe comme le mobile.
Globalement, le groupe confirme ses perspectives annuelles. "Dans un environnement instable marqué par l'inflation, la hausse des taux d'intérêt et la volatilité des devises", il attend pour 2023 un chiffre d'affaires proche de celui de 2022, et une augmentation du résultat opérationnel courant de ses activités.
Pour le groupe, l'inflation, liée aussi "à un déséquilibre conjoncturel entre l'offre et la demande", devrait en partie se réguler avec le temps. Son directeur financier cite l'exemple du bitume, dont le prix "a culminé en juin, avant de se replier un petit peu depuis".
Et pour le reste, Bouygues applique face à la montée des prix "une politique de limitation des risques", dit-il, notamment avec des "contrats protecteurs" auprès des clients ou des fournisseurs.