L'opérateur historique du gaz en France a annoncé jeudi une perte nette semestrielle de 800 millions d'euros, due en grande partie à des provisions de plus de 4 milliards d'euros pour la prolongation de deux de ses centrales nucléaires en Belgique jusqu'en 2036.
Les modalités de cette prolongation ont été arrêtées dans un accord conclu en juin avec le gouvernement belge, après un long bras de fer. Il prévoit que le coût du traitement des déchets produits par tout le parc nucléaire belge soit plafonné, comme le souhaitait Engie. L'addition s'élève à 15 milliards d'euros pour Engie et s'y ajoutera le coût du démantèlement de ses sept centrales dans le pays (8 milliards).
Cet accord "nous apporte de la clarté de la visibilité en éliminant les incertitudes, en particulier celles qui concernent l'évolution des provisions liées au traitement des déchets nucléaires", a expliqué la directrice générale du groupe, Catherine MacGregor, lors une conférence avec des journalistes.
En excluant cette activité nucléaire, le groupe Engie, en pleine diversification, a multiplié les performances dans la plupart de ses métiers, engrangeant un chiffre d'affaires de 47 milliards d'euros, en hausse de 8,9% par rapport au même semestre en 2022.
Le résultat d'exploitation (Ebit) montre une progression plus forte encore, de 32,3% sur un an, à 6,9 milliards d'euros.
Sans les éléments exceptionnels, le bénéfice net récurrent d'Engie ce semestre est de 4 milliards d'euros, après 5,2 milliards sur l'ensemble del'année 2022. Mme MacGregor a salué "une très bonne performance financière", dopée notamment par les énergies renouvelables.
Priorité stratégique du groupe, ces activités ont vu leur résultat d'exploitation augmenter de 43% sous l'effet d'une hausse des volumes et de prix favorables pour l'énergie hydroélectrique des barrages.
Second semestre faible
Côté projets, le groupe continue d'accélérer dans les renouvelables avec 6,6 gigawatts (GW) de projets en construction à la fin juin, représentant un total de 68 projets. "On est donc encore très confiant dans notre capacité à atteindre notre objectif annuel d'ajout de 4 GW de capacités renouvelables en moyenne", jusqu'en 2025, avant 6 GW sur 2026-2030, a déclaré Mme MacGregor.
Engie, premier opérateur d'énergie éolienne et solaire en France et quatrième européen, s'est notamment renforcé en Afrique du Sud, en rachetant les activités de BTE Renewables, ce qui doublera ses capacités de productions renouvelables dans ce pays au courant instable, qui mise sur solaire et éolien.
Le plus gros contributeur à la marge d'Engie reste sa division GEMS (Global Energy Management & Sales) dédiée aux entreprises et grands consommateurs d'énergie (gaz, électricité...). Engie leur fournit l'énergie et les aide à gérer leurs risques d'approvisionnement. Dans ce domaine, le groupe continue de profiter des contrats conclus en pleine euphorie des prix, au cœur de la crise énergétique en 2022 et des revenus tirés de la gestion des risques pour ses clients.
Au vu de ces performances semestrielles (hors nucléaire), le groupe a confirmé ses objectifs annuels pour 2023, soit un bénéfice récurrent net entre 4,7 et 5,3 milliards d'euros (contre 3,4 à 4 milliards précédemment), comme annoncé le 30 juin.
Et puisque l'essentiel a déjà été fait au premier semestre, un ralentissement des performances d'Engie dans les prochains mois est à prévoir.
La direction l'a admis jeudi en affirmant que "les prévisions montrent un deuxième semestre qui est évidemment beaucoup plus faible", selon Pierre-François Riolacci, directeur général adjoint finances.
"On s'attend à un recul au deuxième semestre par rapport à l'année dernière", a-t-il ajouté. Ce recul est principalement attendu sur la division GEMS, dans un contexte de "normalisation du marché", avec moins de volatilité, mais aussi dans les renouvelables, en raison de la baisse des prix.