A New York, Broadway vent debout contre un projet de casino

Le dossier d'un montant de 5,4 milliards de dollars, complexe de jeux, hôtellerie et restauration de luxe, était porté par le géant des casinos et du divertissement Caesars Entertainments, associé notamment au rappeur et homme d'affaires Jay-Z avec sa société Roc Nation.

Composée de représentants de la ville et de l'État de New York chargés d'évaluer huit différents projets dans différents secteurs, la commission a rejeté celui-ci par quatre voix contre deux.

"La plupart des habitants du quartier que nous avons entendus s'y opposent. L'industrie des théâtres de Broadway s'y oppose catégoriquement, et elle a fait valoir avec force qu'un casino dans ce quartier porterait gravement atteinte au joyau" que représente le secteur, a commenté l'un des votants, Richard Gottfried.

Ses détracteurs dénonçaient un projet au gigantisme propre à dénaturer Times Square, célèbre dans le monde pour ses écrans publicitaires lumineux, ses comédies musicales et son ambiance festive, haut lieu du tourisme et des sorties dans Manhattan.

Ils craignaient surtout l'arrivée d'une clientèle de joueurs qui pourrait se détourner des commerces et théâtres locaux, alors que l'industrie du spectacle peine encore à se relever totalement de l'épidémie de Covid.

Jason Laks, président de la Broadway League, puissante association du secteur, a salué un vote qui défend "la magie du quartier"." Un casino peut aller n'importe où, mais Broadway ne vit qu'ici", a-t-il commenté.

Promesses tous azimuts

Les défenseurs du projet avaient beaucoup promis pour améliorer le quartier, notamment des financements pour renforcer sa sécurité ou des sanitaires publics.

Ils ont également beaucoup joué la carte communautaire afro-américaine, promettant de verser 15 millions de dollars à un musée consacré à la lutte pour les droits civiques et 10 millions de dollars pour soutenir les théâtres historiques de la communauté noire de New York.

Soutien du dossier, le pasteur Al Sharpton, figure éminente de la lutte pour l'égalité des droits des Afro-américains, a dit sa déception au New York Post.

"J'étais là pour Jay-Z. Nous n'avons jamais vu de propriété noire dans l'industrie du divertissement à Times Square. J'ai été déçu qu'ils ne brisent pas la barrière raciale", a-t-il déploré.

"Vous devrez vivre avec cette histoire pour toujours !", s'est emporté pour sa part au moment de l'énoncé du vote Marc Holliday, PDG de SL Green, l'une des plus grosses société immobilières de la ville associée au projet.

Les membres de la commission ont également rejeté mercredi un autre projet de casino à Manhattan, qui suscitait toutefois une polémique bien moindre.

Ils doivent encore examiner six dossiers dans New York et sa banlieue, toujours en lice pour obtenir jusqu'à trois licences délivrées par l'État. La compétition comprend notamment un ultime site à Manhattan, près du siège des Nations unies, deux autres dans le Queens, et un dans le Bronx.

Les lauréats devront verser au moins 500 millions de dollars pour obtenir une licence. Caesars Entertainment estimait que son projet rapporterait 7 milliards de dollars en impôts et redevances au cours de sa première décennie.