Les deux groupes se sont entendus pour "la fusion de l'activité éolienne de Siemens, services éoliens inclus, avec la société Gamesa en vue de créer un nouveau leader mondial des turbines éoliennes", selon un communiqué commun. Le conglomérat industriel allemand détiendra 59% de la nouvelle entité et les actionnaires actuels de Gamesa 41%. Le groupe énergétique espagnol Iberdrola, aujourd'hui premier actionnaire de Gamesa, aura 8,1%.
De plus, les actionnaires de Gamesa recevront de Siemens 3,75 euros par action en numéraire, soit environ un milliard d'euros.
Le siège de la nouvelle entreprise sera en Espagne et Gamesa en aura le contrôle opérationnel. Seules les activités d'éolien offshore, point fort de Siemens, seront basées en Allemagne et au Danemark. L'opération devrait être bouclée début 2017.
Cette fusion "créera un géant mondial parmi les fabricants de turbines, dans l'offshore et l'onshore", avec un chiffre d'affaires cumulé de 9,3 milliards d'euros, a assuré le patron de Gamesa, Ignacio Martin, lors d'une conférence avec les analystes.
L'action de Gamesa s'envolait de 8,19% à 18,50 euros à la Bourse de Madrid à 15H25 (13H25 GMT) et Siemens prenait 1,54% à 92,29 euros à Francfort.
Siemens et Gamesa "ont des marchés, des produits et des technologies parfaitement complémentaires", mettent en avant les deux parties. L'allemand est davantage présent en Amérique du Nord et en Europe du Nord et leader dans l'éolien maritime (offshore) alors que l'espagnol est plus fort dans l'éolien terrestre (onshore) en Inde, en Chine et en Amérique latine, où la demande est en plein boom.
Après avoir connu des années difficiles liées à la crise économique en Espagne, des réductions drastiques des subventions pour la production d'énergies renouvelables et une perte nette en 2012, Gamesa s'est restructuré, doté d'une nouvelle direction et redressé. Il a dégagé en 2015 un bénéfice net de 170 millions d'euros.
"Gamesa a besoin d'un soutien financier pour se développer dans l'offshore" que lui apporte son nouveau partenaire, souligne Angel Perez, analyste chez Renta 4, qui juge cette fusion pertinente.
Concentration du secteur
Ce rapprochement était attendu depuis des mois. Gamesa avait confirmé fin janvier l'existence de discussions. Mais les négociations achoppaient sur l'avenir d'Adwen, la coentreprise créée en 2015 par Gamesa et le français Areva et regroupant leurs actifs dans l'éolien offshore.
L'Etat français et des élus locaux de Normandie craignaient que le rapprochement de Gamesa et de Siemens ne remette en cause les projets d'Adwen d'implanter de nouvelles usines dans cette région. Les capacités industrielles du conglomérat allemand pourraient en effet suffire à équiper des champs d'éoliennes en France sans se doter de sites de production supplémentaires.
Areva et Gamesa ont annoncé en parallèle un accord qui donne à Areva trois mois pour décider de vendre à l'espagnol sa part de 50% dans leur coentreprise, ou chercher un autre investisseur prêt à racheter la totalité d'Adwen.
Le secteur des énergies renouvelables est en pleine ébullition depuis quelques années et bénéficie d'un intérêt renouvelé depuis la conclusion de l'accord mondial sur le climat en décembre à Paris lors de la COP21.
Les fabricants de turbines éoliennes connaissent un mouvement de concentration important.
Longtemps dominée par les Européens, dont le danois Vestas, cette branche a vu ces dernières années la montée en puissance des constructeurs chinois, comme Goldwind, United Power et Ming Yang, qui profitent à plein du développement massif de l'éolien en Chine. Ce pays a accueilli près de la moitié des capacités installées dans le monde en 2015.
En 2015, le turbinier allemand Nordex et l'espagnol Acciona ont mis en commun leurs activités dans l'éolien.
L'américain General Electric a élargi son portefeuille aux turbines offshore en rachetant les activités énergie du groupe français Alstom l'an dernier. Il s'est dit intéressé par un rachat d'Adwen.
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