"Nous devrons en 2016, puis en 2017, poursuivre la réduction de notre déficit comme nous nous y sommes engagés", a assuré lors de ses voeux à la presse le ministre des Finances Michel Sapin, y voyant là une "question de crédibilité".
"Nous l'avons démontré en 2015: c'est parce que nous avons une politique budgétaire sérieuse que nous sommes capables de faire face à des dépenses nouvelles", a ajouté le ministre.
Il a profité des voeux pour annoncer un déficit du budget de l'Etat moins important que prévu l'année dernière, à 70,5 milliards d'euros, soit 4 milliards de mieux que l'objectif initial et 15 milliards de moins qu'en 2014.
"C'est le niveau le plus bas depuis 2008", année de la crise financière, s'est-t-il félicité.
Si l'amélioration est sensible, le budget de l'Etat reste toutefois dans le rouge, à la différence de l'Allemagne, qui a annoncé cette semaine avoir dégagé en 2015 un excédent budgétaire de 12,1 milliards d'euros.
Le déficit budgétaire n'est par ailleurs qu'une des composantes du déficit public, qui intègre les comptes de l'assurance maladie et des collectivités locales, souvent plus dispendieuses. Ce chiffre ne sera connu qu'en avril.
"La France doit veiller à ne pas s'écarter de sa trajectoire de maîtrise" du déficit, avait mis en garde mardi le président de la Cour des Comptes Didier Migaud, inquiet d'un possible dérapage des dépenses liées aux nouvelles mesures annoncées par l'exécutif.
L'impôt prélevé par les employeurs ?
François Hollande a en effet promis début janvier un plan pour l'emploi, après le "pacte de sécurité" annoncé après les attentats, pour lutter contre le chômage. Selon plusieurs médias, ce plan pourrait coûter deux milliards d'euros.
Ce chiffre "n'est pas loin de la vérité", a concédé jeudi matin Michel Sapin, interrogé sur Europe 1. Selon lui, cette dépense nouvelle sera toutefois "compensée par des économies supplémentaires", et n'entraînera pas "de hausse de la fiscalité".
Paris s'est engagé à ramener le déficit public de 3,7% du produit intérieur brut en 2015 à 3,3% cette année, avant de repasser en 2017 sous la barre symbolique des 3% du PIB, fixée par le "pacte de stabilité" européen.
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a exclu jeudi que la France puisse bénéficier d'un délai supplémentaire pour respecter ses engagements, rappelant qu'elle avait déjà "bénéficié deux fois d'un délai de deux ans".
En 2015, "des efforts sans précédents de maîtrise des dépenses ont été faits, sans renoncer à nos priorités (...) Nous en ferons de même en 2016", a promis le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert, en détaillant les principaux objectifs de Bercy pour 2016.
Parmi eux: la rationalisation du parc immobilier de l'Etat, la lutte contre l'optimisation et la fraude fiscale, mais aussi la généralisation de la télédéclaration (c'est-à-dire la déclaration d'impôt sur internet), première étape du prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu.
"Ce sont deux chantiers qui vont rythmer l'année", a prévenu M. Eckert, rappelant que des questions clés devaient être tranchées dans les tout prochains mois, concernant notamment "le collecteur" chargé d'effectuer le prélèvement sur le salaire.
Interrogé sur ce point, Michel Sapin s'est déclaré favorable à un prélèvement par les employeurs, voire les caisses de retraite ou d'assurance-chômage, comme dans les pays où cette pratique est déjà la norme, plutôt qu'un intermédiaire comme les banques.
"Il faut éviter quelque chose de compliqué. Nous ferons le plus simple possible en dialogue avec les entreprises", a-t-il assuré, insistant sur le besoin de "payer des impôts en fonction des revenus du moment et non pas des impôts l'année d'après".
Les Français s'acquittent actuellement de leurs impôts sur les revenus de l'année précédente, alors qu'environ 30% d'entre eux voient leurs revenus baisser d'une année sur l'autre. Avec la retenue à la source, l'impôt sera collecté lors du versement du revenu. Ce qui implique, pour passer d'un système à l'autre, une année de transition.
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