Le groupe belge Umicore est accusé d'avoir "mis en place entre 1999 et 2007 une politique commerciale contraignant ses distributeurs-revendeurs, parmi lesquels certaines grandes enseignes (Point P, Asturienne, Larivière), à s'approvisionner exclusivement auprès de lui", selon la décision rendue publique jeudi.
La sanction a été infligée à Umicore France et Umicore SA/NV, précise l'Autorité, pour une politique commerciale qui a duré en réalité jusqu'en 2014.
Mais les représailles sur les distributeurs n'ont pu être attestées que jusqu'en décembre 2007, a précisé Emmanuel Combes, vice-président de l'Autorité de la concurrence, lors d'une conférence de presse.
"Cette politique de verrouillage a permis pendant 9 ans à Umicore de limiter l'accès de ses concurrents au marché de la distribution de zinc et a ainsi contribué à figer la concurrence", précise la décision.
Le groupe belge, qui réalise un chiffre d'affaires mondial de 9,7 milliards d'euros, détient 50 à 70% de parts de marché en France sur deux types de produits: les produits de couverture (toits de bâtiments) et les produits d'évacuation des eaux pluviales (gouttières, tuyaux de descente...).
Le marché concerné par ces pratiques anti-concurrentielles est de "125 millions d'euros par an" sur ces deux produits vendus par Umicore, "ce qui représente environ un milliard d'euros sur 9 ans", a précisé l'Autorité.
Umicore commercialise ses produits de marque VM Zinc au travers d'un réseau de distributeurs sélectionnés et indépendants: les centres VM Zinc, qu'il liait par des accords d'exclusivité. Il en existait 288 en 2012, et parmi eux, les deux principaux distributeurs sont Asturienne et Larivière.
L'Autorité a établi que le groupe belge avait "bloqué les importations de produits VM Zinc par les distributeurs".
Ces pratiques "ont eu pour concurrence de marginaliser les concurrents" tels que l'Allemand Rheinzink, qui a été "privé d'une distribution de premier réseau, le spécialiste VM Zinc, d'où une stagnation de leur part de marché" aux alentours de 20%, a indiqué M. Combes.
Cela s'est traduit par un "écart de prix substantiel pour le client", de l'ordre de 5 à 15%.
Umicore conteste la décision de l'Autorité de la Concurrence française et se pourvoira en appel
Umicore a pris connaissance de la décision de l'Autorité de la Concurrence française portant sur ses activités de commercialisation de produits de couverture et de produits d'évacuation des eaux pluviales en zinc ainsi que de la sanction dont le montant s'élève à 69.243.000 euros. Un recours en justice sera introduit contre cette décision.
L'Autorité de la Concurrence française reproche à Umicore Building Products France d'avoir imposé une exclusivité d'approvisionnement à certains distributeurs français entre 1999 et 2007 et d'avoir, de la sorte, abusé d'une prétendue position dominante. Umicore conteste catégoriquement avoir imposé ou cherché à imposer une quelconque exclusivité d'approvisionnement et dispose de nombreux éléments étayant sa position. L'étude approfondie du dossier démontre, notamment, que les distributeurs repris dans la notification de griefs disposaient d'un approvisionnement large et varié dont une part importante était issue de concurrents d'Umicore Building Products France.
Par ailleurs, les éléments sur lesquels l'Autorité s'appuie pour établir qu'Umicore Building Products France aurait ou aurait eu une position dominante ne reflètent en rien la réalité du marché des matériaux de couverture, dans lequel le zinc se bat chaque jour pour trouver sa place parmi une multitude de produits substituables. La position de l'Autorité française est d'autant plus infondée qu'elle est en contradiction avec celle de la Commission Européenne et de l'Autorité de la concurrence allemande qui ont, à plusieurs reprises dans des décisions antérieures, estimé que les produits en zinc ne constituent qu'un sous-segment du marché des matériaux de couverture et ne doivent pas être considérés de façon isolée. Selon ces décisions antérieures, Umicore Building Products France ne dispose en aucun cas d'une position dominante.
« Face à cette décision infondée, nous sommes déterminés à nous battre pour protéger notre marque et continuer à apporter à nos clients des produits et services de qualité. » a déclaré Marc Grynberg, CEO d'Umicore.
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