Le secteur de l'énergie va connaître de profondes mutations aux enjeux multiples : maîtrise des consommations collectives et individuelles, baisse des émissions de CO2, mix énergétique, développement des éco-énergies, voitures électriques, Smart Cities,… L'Open Data jouera un rôle majeur dans ces évolutions. Pourtant, les acteurs français de l'énergie sont encore peu nombreux à se lancer… même si 88% d'entre eux sont convaincus qu'il s'agit d'une véritable opportunité.
C'est ce que révèle le 1er Baromètre de l'Open Data, réalisé par AGRION et le cabinet Wavestone, auprès de 660 acteurs du secteur de l'énergie, entreprise ou collectivité territoriale.
L'Open Data : un sujet qui fait consensus aussi bien dans les entreprises…
Près de 88% des décideurs d'entreprises du secteur de l'énergie considèrent l'Open Data comme une opportunité pour leur écosystème. Les raisons évoquées dans leurs réponses détaillées sont multiples : innovation, nouvelles offres de services, transparence, meilleure connaissance des besoins, … Certains avancent également que l'Open Data est la clef d'entrée à d'autres technologies comme les énergies alternatives, l'Internet des Objets, le Big Data, la « maison intelligente » ou les Smart Cities. Mais le terme le plus souvent cité est évidemment « efficacité » pour une gestion optimisée de la production énergétique, de la consommation et de la gestion des réseaux de distribution. Les sceptiques, eux, se partagent en deux groupes quasiment égaux : ceux qui voient l'Open Data comme un risque (6%) et ceux qui le considèrent comme une contrainte réglementaire (6%).
… que dans les collectivités territoriales
Dans les collectivités territoriales, l'Open Data au service de l'énergie ne fait même plus débat : elles le considèrent même quasi-unanimement (96%) comme une opportunité. Seule une toute petite poignée de répondants (4%) considère l'Open Data comme une contrainte réglementaire tandis qu'aucune… ne le considère comme un risque. Parmi les réponses détaillées en faveur de l'Open Data, les termes qui reviennent le plus souvent sont : transparence, innovation, optimisation des ressources énergétiques, développement économique et nouveaux services.
De nombreux bénéfices attendus pour l'entreprise…
…mais quelques appréhensions demeurent sur les risques
Le risque le plus cité est celui du surcoût généré par cette nouvelle gestion des données de l'entreprise. Les 3/4 des répondants estiment que c'est un risque fort à court terme et même à long terme (pour 25%). Dans le futur, le danger le plus craint est celui de l'apparition d'acteurs concurrents qui récolteraient des données de l'entreprise pour la court-circuiter. Les décideurs interrogés sont près de 80% à imaginer ce scénario catastrophe sur le long-terme et 10% uniquement sur le court-terme. La cyber-sécurité est également une préoccupation pour une moitié d'entreprises, que ce soit à brève ou longue échéance. Quel est le risque le moins évoqué ? Celui de la mise en cause de la qualité des données diffusées qui n'est pas vu comme une réelle menace par plus d'1/3 des répondants.
Un facteur d'innovation pour les entreprises et de transformation pour les collectivités
L'Open Data est avant tout bénéfique à l'innovation. En effet, parmi les 61% d'entreprises du secteur ayant mis en œuvre une stratégie d'ouverture des données ou l'envisageant, c'est ce bénéfice qui arrive en tête (pur 74% des répondants). Non loin derrière, la recherche de la construction d'un écosystème autour de l'entreprise est également mise en avant (64%). Pour 46% des répondants, au-delà des bénéfices business attendus, l'Open Data est avant tout une obligation réglementaire dans certains métiers qu'il est difficile d'ignorer.
Si les collectivités sont plus avancées en matière d'Open Data que les entreprises du secteur, les raisons invoquées sont quasiment les mêmes. Pour 76% des répondants, c'est la stimulation de l'innovation se place en tête. Arrivent ensuite le respect du cadre réglementaire (48%) et la recherche de partenariats avec des acteurs externes (45%). Ceux qui ont mis en avant d'autres motivations évoquent la nécessité de mettre l‘Open Data au service de « l'information et du dialogue citoyen », du « développement économique » et du « développement de nouveaux services en relai des missions de service public ».
En matière d'ouverture des données, les collectivités gardent une longueur d'avance
77% des 288 décideurs ayant répondu à cette question affirment que leurs entreprises respectives ont, ou auront bientôt, une stratégie d'ouverture des données. Parmi les différents secteurs économiques, celui de l'énergie est probablement l'un de ceux les plus sensibilisés à l'Open Data. Toutefois, cette prise de conscience collective doit être tempérée par une faible mise en œuvre de l'ouverture des données.
De fait, seul 1/4 des entreprises du secteur ont déjà enclenché des projets dans ce sens. Autre chiffre significatif : 52% des entreprises croient au potentiel de l'Open Data… mais n'ont encore rien entrepris de concret dans le domaine. Un retard qui s'explique peut-être par deux facteurs : premièrement, dans le domaine de l'énergie, les champs d'application de l'Open Data sont très divers, et deuxièmement, il existe à ce jour encore trop peu de retours d'expériences significatifs. Globalement, dans le monde de l'énergie, l'Open Data est encore dans une phase d'observation. Chez les 16% d'entreprises n'ayant encore rien engagé en la matière mais qui prévoient de s'y mettre un jour, 2018 est l'année de démarrage du chantier majoritairement citée.
Sur le terrain de l'Open Data, les administrations et les collectivités territoriales ont sans surprise une longueur d'avance sur les entreprises. Fortement encouragées à ouvrir les données publiques, et de plus en plus contraintes à le faire, elles multiplient donc les expérimentations dans le domaine : 43% des collectivités ont déjà mis en œuvre l'ouverture de données, 31% la préparent et 9% l'ont planifiée. À noter que ces projets ne sont pas systématiquement liés à l'énergie, mais peuvent intervenir dans le domaine des transports, de l'urbanisme ou de la démographie.
Les moyens mis en place pour lancer le chantier de l’Open Data
L'ouverture des données de l'entreprise, est bien sûr une volonté stratégique. Mais elle représente aussi de multiples moyens techniques à mettre en place pour permettre une diffusion des données à l'extérieur de façon efficace et en toute sécurité. Les décideurs des entreprises ayant entamé un programme d'Open Data ont été prolixes sur cette question.
De leurs côtés, les collectivités semblent plus économes que les entreprises du secteur de l'énergie. En tête, des moyens mis en œuvre arrive évidement le portail web ou la plateforme de diffusion de données (56%). En deuxième et troisième position, à égalité (41%), se retrouvent des chartes d'utilisation des données et des participations à des évènements extérieurs : des moyens nécessitant des investissements limités. En fin de peloton figurent des moyens qui eux nécessitent des budgets plus importants comme les Data Labs (22%), les services de réponse aux utilisateurs externes (22%), les outils d'anonymisation de données personnelles (12%), et enfin, les équipes de Data Scientists (12%). À signaler : si beaucoup de collectivités souffrent de limitations budgétaires pour mener à bien leurs projets Open Data, elles peuvent néanmoins profiter de synergies publiques (utilisation du portail gouvernemental data.gouv.fr, mutualisation de la démarche avec d'autres collectivités territoriales).
« Il est temps de penser l'Open Data comme une stratégie d'entreprise plutôt qu'une obligation, comme une activité pérenne plutôt qu'un programme, comme une façon de travailler plutôt qu'une chose à faire » déclarent Emilie Molino et Antoine Marcou, tous deux managers chez Wavestone.
« Réseau d'échange et de réflexion sur les sujets stratégiques des secteurs de l'énergie et du développement durable, l'objectif d'AGRION pour ce baromètre a été d'avoir une vision claire des enjeux de l'Open Data dans le secteur de l'énergie et des leviers activables à travers des bonnes pratiques en interne mais aussi dans la relation avec un écosystème externe » ajoute Cristina Oltean, responsable du pôle Energie et Smart Cities chez AGRION.
Méthodologie
Ce Baromètre est issu d'un questionnaire en ligne réalisé auprès de 660 acteurs du secteur de l'énergie en poste en entreprise ou en collectivité territoriale, entre juillet et août 2016.
Le panel des entreprises de l'énergie rassemble 450 répondants travaillant principalement dans les directions commerce (près de 18%), innovation (16%) et stratégie (13%). 33% sont responsables, près de 36% directeurs et directeurs généraux, et 18 % opérationnels dans des entreprises telles que : EDF, ENGIE, RTE, REGAZ Bordeaux, Enedis, Direct Energie, GrDF, Butagaz, Dalkia, Veolia, Dalkia, Areva, Enercoop, Total etc.
Le panel des collectivités est constitué des 113 professionnels travaillant dans les directions innovation (près de 17%), stratégie (11%) et informatique (40%). Près de 29% occupent des postes opérationnels, 30% sont des responsables et 26% des directeurs.