Les permis et mises en chantier de logements ont renoué avec une tendance positive et le climat de confiance dans l'industrie du bâtiment a retrouvé quelques couleurs. Quant aux travaux publics, les enquêtes d'opinion, tout comme les facturations, sont désormais mieux orientées. Toutefois, si ces tendances sont nettement plus favorables, elles se sont amorcées à partir de niveaux historiquement bas et ne sont pas encore généralisées à tous les segments d'activité (routes par exemple). Enfin, l'amélioration concerne aussi les perspectives (carnets de commandes, marchés conclus, permis de construire...), ce qui nécessite un certain délai avant qu'elles ne se traduisent dans la consommation de matériaux. Cela n'en reste pas moins un signal très encourageant pour les mois à venir…
Juillet et août en progression...
Après un mois de juillet plutôt bien orienté, le mois d'août est venu confirmer la tendance haussière dans les granulats et le BPE. Ainsi, après un volume de production en hausse de + 2,2 % par rapport à juin et de + 0,8 % sur un an, les granulats ont affiché une progression de + 10 % en termes de livraisons entre juillet et août et de + 9,5 % par rapport à août 2015 (données cvscjo).
Sur les trois derniers mois connus, le rythme d'activité est ainsi redevenu haussier en août, à + 3,7 % par rapport aux trois mois précédents (mars-avril-mai) mais aussi au regard des trois mêmes mois de 2015 (+ 2,3 %). Cette amélioration permet quasiment de stabiliser les volumes produits sur les huit premiers mois de 2016 au niveau de ceux de l'an passé (- 0,3 %). Du côté du BPE, l'embellie est plus nette puisque le mois d'août marque le troisième mois consécutif de redressement des livraisons. En effet, après une hausse de + 3,1 % entre juin et juillet (+ 5,6 % entre juillet 2015 et juillet 2016), la production de BPE a de nouveau augmenté en août, de + 1,4 % par rapport à juillet et de + 5,1 % sur un an (données cvs-cjo). Comme pour les granulats, l'évolution trimestrielle repasse en positif, à + 2,1 % par rapport aux trois mois de mars-avril-mai et à + 3,8 % comparé à juin-juillet-août de 2015. En cumul sur huit mois, l'activité du BPE affiche désormais une progression de + 1,3 % sur un an.
Encore provisoire pour les mois de juillet-août, l'indicateur Matériaux semble décrire lui aussi ce mouvement de raffermissement. Il traduit en tout cas le freinage perçu au deuxième trimestre, l'activité ayant connu un repli de - 2,2 % sur un an, après la hausse de + 1,1 % enregistrée au premier trimestre. En cumul sur huit mois, l'indicateur tend ainsi à se stabiliser à son niveau des huit mois de 2015.
Le bâtiment au beau fixe, les TP se stabilisent...
Toutes les enquêtes parues cet été sur la conjoncture du bâtiment confirment la poursuite de l'amélioration amorcée depuis quelques mois. Ainsi, les promoteurs interrogés en juillet affichaient des perspectives de mises en chantier en nette progression en raison d'une demande de logements qu'ils jugent très dynamique, rejoignant des niveaux de soldes d'opinions inconnus depuis fin 2010. La vigueur de la commercialisation des logements neufs corrobore ce sentiment.
Après un bon premier trimestre, et dans un contexte de taux d'intérêt historiquement bas, la croissance des ventes s'est accélérée au deuxième trimestre, portée par tous les segments du marché : les ménages investisseurs d'une part avec le soutien du dispositif Pinel mais aussi les propriétaires occupants grâce au PTZ renforcé et à la TVA à taux réduit pour l'accession dans les QPV*.
Ainsi au deuxième trimestre, 33 100 logements ont été vendus, soit 18,7 % de plus qu'il y a un an. En réponse à la demande, l'offre s'est sensiblement raffermie, de + 24,2 % sur un an, atteignant un niveau inobservé depuis 2007 (à 35 900 unités au deuxième trimestre). De fait, les stocks de logements ont cessé de baisser et se stabilisent (- 0,5 % sur un an). Mais les encours de logements achevés ou en cours d'achèvement (hors projet) continuent de se réduire : seulement 38 000 maisons et appartements étaient disponibles sur le marché à fin juin 2016, ce qui ne représente qu'un peu plus d'un trimestre de ventes. Du côté de l'artisanat du bâtiment, le climat conjoncturel s'est également amélioré tandis qu'il s'est stabilisé dans l'industrie du bâtiment en général. Toutefois, en septembre, les entrepreneurs étaient plus optimistes sur leur activité des prochains mois. Quant aux données de la construction, elles poursuivent une dynamique enclenchée depuis plusieurs mois. À fin août, en cumul sur douze mois, on comptait ainsi 417 800 logements autorisés (soit + 11,4 % par rapport au cumul des douze mois antérieurs) et 363 500 mises en chantier (+ 7,7 %). Quant aux locaux d'activité, les surfaces commencées progressaient de + 3,8 % et les autorisations de + 7 %, ce qui est très encourageant pour les mois à venir.
L'éclaircie conjoncturelle s'est aussi confirmée dans les travaux publics cet été. Principalement soutenues par la demande du secteur privé, les facturations se sont redressées en juillet, de + 4,8 % sur un an (données à prix courants, cvs-cjo) pour s'inscrire en hausse de + 3 % en cumul sur sept mois. Quant aux prises de commandes, elles s'accéléraient de + 8,7 % sur un an (soit + 12,8 % en cumul de janvier à juillet). Bien que ces progressions partent d'un niveau très bas, elles suggèrent la poursuite d'une amélioration que les professionnels attendent d'ailleurs pour le troisième trimestre. Dans les travaux routiers, l'inflexion est plus modeste et plus tardive mais semble s'être amorcée cet été. Pour l'heure, l'activité demeure en repli de - 3 % en cumul sur les sept premiers mois de 2016.
Estimations 2016, perspectives 2017
L'amélioration de l'activité constatée cet été, conjuguée à la confirmation d'une meilleure orientation des indicateurs et des enquêtes, conduit à revoir à la hausse la prévision initiale de 2016. Ainsi, les livraisons de BPE progresseraient de 3% (contre + 1 %) et la production de granulats se solderait par une légère hausse de 1% (contre - 1 %). Le raffermissement des carnets de commandes dans le bâtiment et les travaux publics suggère une poursuite de cette tendance en 2017. Dans ce contexte, où par ailleurs les différents facteurs de soutien de la filière continueraient de porter leurs fruits (Pinel, PTZ, faibles taux d'intérêt, Plan de relance autoroutier…), l'activité des granulats pourrait croître de 2 %, celle du BPE de 3 %.