Cette mesure, décidée à huit mois de l'élection présidentielle, "prendra la forme d'une réduction d'impôt sur le revenu de 20% au bénéfice des classes moyennes", a dévoilé dans un entretien à l'AFP le ministre de l'Economie et des Finances Michel Sapin.
Elle s'inscrit dans un mouvement engagé en 2014, qui a déjà conduit le gouvernement à abaisser à trois reprises le montant de cet impôt emblématique, afin "de rendre aux Français une partie des efforts qui leur avaient été demandés" en 2012 et 2013, a-t-il ajouté. La baisse atteint désormais 6 milliards d'euros.
Selon Bercy, cette nouvelle baisse (qui s'appliquera sur les impôts payés l'an prochain sur les revenus 2016) concernera, à taux plein, les couples gagnant jusqu'à 3.400 euros de salaire net et les personnes seules gagnant jusqu'à 1.700 euros. Ces limites seront majorées pour les familles, par exemple jusqu'à 4.800 euros pour un couple avec trois enfants.
Pour un couple avec deux enfants gagnant 4.100 euros, cela représente 360 euros de baisse. Pour un célibataire au salaire de 1.700 euros net, ce sera 190 euros.
Crédit d'impôt pour les services à domicile
François Hollande avait évoqué ce geste fiscal pour la première fois le 17 mai. Il faudra pour cela "avoir une perspective de croissance de 1,7%" en 2017, avait-il précisé, évoquant ensuite une enveloppe maximum de deux milliards d'euros.
Mais la croissance française a connu un coup d'arrêt inattendu au printemps (0%), après +0,7% au premier trimestre. Et les perspectives pour 2017 se sont assombries, avec la multiplication des attaques terroristes et les incertitudes liées au Brexit, poussant l'exécutif à réduire la voilure.
Selon Michel Sapin, des mesures fiscales complémentaires seront néanmoins mises en oeuvre, dont un crédit d'impôt pour les services à domicile, qui bénéficiera à partir de 2017 à tous les ménages, "quels que soient leurs revenus".
Cette mesure, appliquée aux impôts payés en 2018, "bénéficiera à 1,3 million de ménages" et "représentera une aide supplémentaire d'un milliard d'euros", selon Bercy. Jusqu'alors, seuls les actifs et les retraités imposables avaient droit à ces réductions d'impôts.
Côté entreprises, M. Sapin a confirmé que le taux d'impôt sur les sociétés serait ramené de 33,3% à 28% -- soit le taux moyen en Europe -- pour les petites et moyennes entreprises en 2017 et 2018, puis "pour toutes les entreprises" d'ici à 2020.
La CGPME a accueilli cette mesure avec circonspection, estimant qu'elle ne pouvait "être prise pour argent comptant" au vu des échéances électorales prochaines.
Le taux du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) sera par ailleurs porté de 6% à 7% pour les salaires l'an prochain, et le compte entrepreneur investisseur, visant à alléger la taxation du capital productif pour favoriser l'investissement, sera mis en place.
Un enjeu crucial
Pour l'exécutif, soucieux de mettre en avant son "sérieux budgétaire", mais aussi de faire oublier les hausses d'impôts et le fameux "ras-le-bol fiscal" du début du quinquennat, l'enjeu est crucial.
Selon l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la pression fiscale sur les contribuables s'est accrue de 35 milliards d'euros sur l'ensemble du quinquennat, au détriment du pouvoir d'achat des Français, inférieur de 350 euros en 2016 à son niveau de 2010.
"On a commencé par matraquer fiscalement les entreprises et les ménages, les classes moyennes en particulier, et puis à l'approche des élections, voilà, les bonnes nouvelles se succèdent", a ironisé Alain Juppé, candidat LR à la présidentielle
Philippe Vigier, président du groupe UDI à l'Assemblée nationale, a lui dénoncé "une tentative désespérée d'effacer un quinquennat de matraquage fiscal avec quelques mesures électoralistes de dernière minute".
"La situation budgétaire était très mauvaise en 2012, dans un contexte de crise européenne. Nous avons fait le choix qui s'imposait", se défend pour sa part M. Sapin.
Malgré ces gestes fiscaux, le déficit public sera bel et bien ramené à 2,7% du produit intérieur brut (PIB) en 2017, comme la France s'y est engagée, assure le ministre.