Par son énergie et son audace contemporaine, la décoration rend un hommage sans clichés à l'élégance indémodable des brasseries parisiennes, ces icônes de la gastronomie française ouvertes du matin au soir sur la vie de la capitale. Loin de se complaire dans la nostalgie, cette nouvelle Rotonde revitalise un art de vivre unique et ouvre un nouveau chapitre dans l'histoire très riche de la restauration parisienne.
Le XVIe arrondissement, nouvelle hype parisienne
Depuis le début des années 2000, à l'image de Brooklyn ou de Shoreditch, l'Est parisien a connu un spectaculaire renouveau. A l'exact opposé, souffrant d'une réputation élitiste, le XVIe arrondissement semblait promis à un long sommeil. Les choses commencent à changer.
Sous l'impulsion d'entrepreneurs engagés et visionnaires, des adresses dans l'air du temps voient désormais le jour et revitalisent les places et les rues majestueuses du plus grand arrondissement de Paris de plus en plus mixte socialement. Rien d'étonnant quand on connaît les atouts de ce fleuron de l'ouest parisien, immense quartier bordé par la Seine et le bois de Boulogne et très bien connecté au centre de Paris, riche d'une architecture de premier ordre mêlant des villas privées (Montmorency, Boileau, Molitor…) des joyaux modernistes signés Mallet-Stevens ou Le Corbusier et de somptueux alignements haussmanniens.
Sa position stratégique, à proximité des monuments les plus iconiques de la capitale comme le Trocadéro, la Fondation Louis-Vuitton, Roland-Garros, les Serres d'Auteuil, la piscine Molitor, le Parc des Princes… en fait un quartier prisé des touristes qui aiment découvrir, à l'aplomb des grands ensembles, une vie de quartier riche et pleine de surprises.
La renaissance de La Rotonde, célèbre brasserie familiale de La Muette, vient aujourd'hui confirmer la révolution de son art de vivre et lui ouvre les portes d'un avenir doré.
Roman & Williams, l'art de vivre en spectacle
Soucieux de marquer un véritable tournant dans le paysage feutré des brasseries de l'Ouest parisien, les propriétaires de La Rotonde depuis 30 ans, la famille Bénézet, a décidé d'en confier la rénovation au cabinet new-yorkais Roman & Williams, dirigé par Stephen Alesch et Robin Standefer, qui signent leur premier projet en France. Célébré pour plusieurs réalisations devenues iconiques comme The Grill et la Boom Boom Room du Standard Hotel de New York ou encore The Breslin, restaurant du très cool ACE Hotel, ce duo formé à la décoration sur les plateaux de cinéma est passé maître dans l'art de mettre en scène de nouveaux espaces de convivialité.
Choisis pour leur amour sincère et leur connaissance encyclopédique de l'art de vivre Parisien et de l'esthétique traditionnelle des brasseries, Roman & Williams a réussi le coup de force magistral de raviver l'histoire centenaire de La Rotonde tout en signant un décor d'une grande modernité qui rend hommage au savoir-faire et à l'artisanat français. Fidèles à leurs principes, ils ont conçu un monde intérieur très structuré, mêlant bois massif et inclusions de laiton, dégageant une impression de puissance tranquille à l'image de leurs célèbres adresses américaines. Dès l'entrée, les murs couverts de noyer et les plafonds en bois dévoilent une atmosphère discrètement solide mais riche de textures. Le vestibule met l'accent sur le laiton et des vitres flottantes encastrées dans de solides boiseries. Dans le restaurant, ces panneaux très élégants définissent des espaces sans conférer de sentiment d'enfermement.
Tout en nuances, ils définissent trois espaces distincts renforcés par la subtilité d'éclairages extrêmement scénographiques comme le rythme des lampes de tables en laiton qui ponctuent l'espace de la brasserie. Le spectacle est total et se joue à tous les niveaux et toutes les dimensions, du sol au plafond, à l'horizontale autant qu'à la verticale, des tables au comptoir du bar en passant par les appliques et les paravents de noyer.
Dans la grande salle, se déployant sous deux lustres Années 30, des panneaux en noyer et verre soulignés de laiton évoquent le faste des voitures de trains mythiques comme l'Orient Express et dessinent un espace aux accents intimistes, mêlant tables classiques et box entourés de banquettes habillées de velours safran.
Au fond de la salle, face à l'entrée, le bar déploie une majestueuse structure en éventail semblant jaillir du comptoir jusqu'au plafond telle une gigantesque fleur de bois et de laiton. Symbolisant le carrefour où La Rotonde occupe une place prépondérante, ce bar couvert de miroirs corail multiplie les jeux de réflexion et préside un espace de restauration mixte en gradins dans une atmosphère mêlant marbre et tons safran propice aux apéritifs décontractés.
Pour que la brasserie, fidèle à ses principes de service continu, soit parfaitement connectée à la vitalité de la rue parisienne, une large terrasse glisse vers la Chaussée de La Muette, dont une partie est découverte pour l'été et l'autre, meublée de banquettes comme à l'intérieur du restaurant reste protégée par une véranda pour fonctionner toute l'année.
Un travail de décoration qui rend un hommage au savoir-faire de l'industrie et de l'artisanat français aussi bien qu'à l'environnement prestigieux de La Rotonde, le calme végétal du Bois de Boulogne ou les chefs d'oeuvres impressionnistes du musée Marmottan.
La brasserie ou l'exigence de chaque instant
Par le travail effectué sur la façade, La Rotonde retrouve sa place centrale au coeur de ce carrefour majeur de l'Ouest parisien. Tout en lui redonnant son lustre et sa prestance, ce nouveau décor imaginé par Roman & Williams sied à merveille à la règle fondamentale des brasseries parisiennes : le service continu, du petit-déjeuner au dîner, sept jours sur sept. Une particularité de l'art de vivre citadin chère aux Parisiens qui n'avait pourtant cessé de péricliter, faute de qualité dans la restauration et le service. A La Rotonde, c'est donc aussi dans l'assiette que se joue la révolution.
Aux commandes, Sébastien Carabeux, jeune chef confirmé, formé à l'école d'Alain Ducasse et passé par de belles références parisiennes comme Rech, Spoon ou Goumard Prunier. Amoureux des produits et intransigeant sur leur qualité, ce parisien pur souche s'empare avec panache des classiques de la brasserie pour concevoir une carte faisant, au gré des saisons et des arrivages, la part belle aux indémodables comme le tartare et les côtes de boeuf (sélectionnées dans la ferme Aveyronnaise du propriétaire et celles de ses amis), le ris de veau, l'aile de raie, les Saint-Jacques fraîches achetées en coquilles, les sauces et les jus maison ou encore, pour le plus grand bonheur des enfants, les frites maison préparées chaque matin. A noter, la belle place accordée aux plats en cocotte à partager, comme le gigot du dimanche ou la blanquette de veau, qui perpétuent la réputation familiale et chaleureuse de La Rotonde.
Une attention de chaque instant portée à la fraicheur des produits qui a fait la force du renouveau de la bistronomie dans l'Est parisien et qui renaît aujourd'hui dans le XVIe arrondissement de Paris après en avoir presque disparu. Comme toute grande institution qui se respecte, La Rotonde a refusé le confort de l'habitude et prouve par sa renaissance éclatante que l'Ouest parisien n'a pas dit son dernier mot. A bon entendeur.