La villa Poiret sera vendue aux enchères le mercredi 6 janvier 2016 au tribunal de grande instance de Versailles, en trois lots, selon l'affiche l'annonçant consultée par l'AFP, confirmant une information du Figaro.
La villa, considérée comme l'une des trois oeuvres privées les plus significatives de Mallet-Stevens avec les villas Noailles et Cavrois, est l'une des premières représentations du Mouvement moderne en France. Elle ne fut jamais habitée par Paul Poiret, qui fit faillite avant même l'achèvement des travaux.
Il faudra attendre son rachat par la comédienne Elvire Popesco, dans le courant des années 1930, pour que la demeure soit achevée par un autre architecte, lequel l'adapta au style paquebot. La comédienne y vécut jusqu'en 1985.
La suite fut plus mouvementée pour la villa, rachetée par un industriel, plusieurs fois mise aux enchères, puis acquise en 2006 par ses actuels propriétaires, qui l'ont restaurée.
Ces propriétaires, aujourd'hui endettés, ont consenti à leur banque, Neuflize OBC, une hypothèque sur la demeure, a expliqué à l'AFP l'un des avocats de la banque, Me Jean-Pierre Tofani. Le couple n'ayant pu rembourser sa banque à l'échéance convenue ni trouver d'acquéreur à l'amiable pour la maison, "une procédure de saisie immobilière classique a dû être engagée", a expliqué l'avocat.
La villa avait été mise en vente pour près de 4 millions d'euros auprès d'une agence immobilière, sans succès. La banque vend donc la villa aux enchères publiques, devant la justice, pour récupérer son dû.
Les deux premiers lots, des terrains, sont vendus à un prix de départ de 10.000 euros chacun. Le troisième lot, qui comprend la villa, inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1984, son parc arboré et sa piscine, est vendu à un prix de départ de 1.200.000 euros.
Plantée sur une colline, la demeure blanche de 670 mètres carrés, plus un sous-sol "en cours d'aménagement" de 600 mètres carrés, est ceinte d'une vaste terrasse en planches avec vue sur la vallée de la Seine et, au loin, sur les tours de la Défense et Paris.
Elle comprend notamment "un grand volume à usage de salle de gymnastique", un "salon monumental", une "pièce à usage de salle de jeux", une autre "à usage de salle de cinéma".
Inhabitée, la villa est aujourd'hui à l'abandon, a constaté l'AFP: sa peinture se fissure, son terrain est en friche et ses immenses pièces sont presque vides.
Dans une lettre, rapportée par le Figaro, à la ministre de la Culture Fleur Pellerin, deux petites-filles de Poiret et l'un des descendants de Mallet-Stevens demandent à l'Etat d'intervenir. "Nous ne pouvons pas croire que vous laisserez aller à la déchéance la villa Poiret", écrivent-ils ainsi, "et nous espérons que vous saurez mettre fin à cette opération".
La villa rachetée par un promoteur (MAJ à 12:15)
La villa a été rachetée pour 2 millions d'euros par une société immobilière aux enchères judiciaires, mercredi à Versailles.
La propriété était divisée en trois lots, tous adjugés à la société G2AM :
deux terrains pour 25.000 et 14.000 euros, puis un ensemble comprenant la villa, inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1984, son parc arboré et sa piscine, pour 2 millions d'euros.
La demeure était vendue à un prix de départ de 1,2 million d'euros, les terrains à 10.000 euros chacun.
G2AM, qui construit notamment "des centres commerciaux", n'a "pas encore d'idée arrêtée" quant au devenir du site, a indiqué à l'issue de l'audience l'un de ses dirigeants, Gilbert Wahnich, à l'AFP.
La banque a récupéré une partie de son dû avec ces enchères. "Nous attendons le délai de surenchère de 10 jours ouvrables", pendant lequel d'autres acheteurs potentiels peuvent encore se manifester, a commenté le conseil.