Saison XVIIIe
L'exposition Hubert Robert est la première d'une série consacrée au XVIIIe, "un siècle qui a vu l'art français admiré, collectionné dans le monde", a souligné le président du Louvre, Jean-Luc Martinez. "Nous avons lancé un appel à projets en interne", a-t-il ajouté, estimant que "ce sont les conservateurs qui doivent porter les expositions".
L'autre grand rendez-vous sera dédié à Edme Bouchardon (15 septembre - 5 décembre), considéré par ses contemporains comme "le plus grand sculpteur et le meilleur dessinateur de son siècle".
Le Louvre rendra aussi hommage au Musée des Monuments français, fondé par Alexandre Lenoir en 1795, et qui "a joué un rôle fondamental dans l'histoire de la redécouverte" du patrimoine français (7 avril - 4 juillet).
Aimable
Sociable, brillant, aimable, l'esprit vif, Hubert Robert avait le sens des relations. Ses qualités d'entregent lui ont permis de mener une brillante carrière commencée sous l'ancien régime et achevée après la Révolution comme conservateur du Muséum centrral des arts, ancêtre du Louvre. Cet "homme des Lumières" a connu la prison pendant l'épisode révolutionnaire dont il sortit indemne et témoigna avec une série d'oeuvres peintes pendant sa détention.
Rome
Hubert Robert va passer dix ans à Rome où il arrive en novembre 1754 dans la suite de son protecteur, le compte de Stainville. Grâce à lui, il est hébergé à l'Académie de France (Villa Médicis).
"Il lit le latin et le grec, il a un rapport très intime avec la culture classique", souligne Guillaume Faroult, commissaire de l'exposition (en collaboration avec la National Gallery of Art de Washington). Une magnifique collection de sanguines de monuments romains, conservées au musée de Valence, témoigne de ses remarquables qualités de dessinateur.
Robert reçoit l'enseignement d'un maître des caprices architecturaux à l'antique, Giovanni Paolo Pannini, dont il collectionna les oeuvres. Il est aussi très influencé par Piranèse.
Un autre pensionnaire de l'académie, Jean Honoré Fragonard, va le faire évoluer dans le traitement du paysage et des scènes de genre. Selon Guillaume Faroult, "sa manière de peindre est plus libérée", comme dans le magnifique "Jardin d'une villa italienne" (1764).
"Anticomanie" et mélancolie
A son retour à Paris, Hubert Robert est reçu à l'Académie royale avec "Le port de Ripetta'", assemblage de différents monuments antiques et condensé de ses apprentissages romains. Dans ses compositions "chaque détail est vrai mais leur combinaison est de son fait", explique Guillaume Faroult. "On pourrait lui appliquer l'expression italienne +si ce n'est pas vrai, c'est bien trouvé+. Hubert Robert n'est pas fiable, il est mieux".
Paris est alors en pleine mode de "l'anticomanie" : des fouilles sont menées, un trafic s'est instauré. Robert se tient à distance, relève Guillaume Faroult, "il montre comment l'archéologie se constitue en objet de fascination" ("L'Atelier du restaurateur").
Robert est souvent présenté comme un peintre des ruines, un thème dont il s'est fait une spécialité et dont le siècle se délectait. Dans des chefs d'oeuvre comme "L'obélisque brisé", il exprime l'inexorable cours du temps et la fragilité des civilisations, mais avec une "douce mélancolie" relevée par Diderot.
Art total
Hubert Robert fut aussi un des plus célèbres peintre de décors pour nombre d'hôtels particuliers et châteaux. L'exposition présente deux remarquables ensembles, notamment "Les Antiquités de la France" pour le chateau de Fontainebleau.
Il a aussi conçu de nombreux jardins. Sa réalisation la plus célèbre est sans conteste le parc du château de Méreville, dont il réalisa aussi les folies.
Robert dessina aussi le jardin anglais de Rambouillet et fut le concepteur de la laiterie chère à Marie-Antoinette. Il dessina même le mobilier, s'approchant ainsi de l'art total dont il rêvait.
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