A l'image de Londres-2012, la France entend profiter de l'élan olympique pour étendre la pratique sportive vers des publics aujourd'hui moins concernés comme les femmes, les seniors, les handicapés.
Outil de santé, le sport pourrait également devenir un levier pour l'éducation. Le comité de candidature a déjà mis en pratique un programme dans des écoles du pays afin d'initier les enfants à des valeurs à la fois olympiques et civiques: respect, esprit d'équipe, amitié, etc...
La candidature française se présente également comme celle du développement durable avec les cautions du WWF et du prix Nobel de la Paix Mohamed Yunus, chantre de l'économie sociale et solidaire.
Enfin, avec Paris pour centre, les Jeux bénéficieraient essentiellement, en terme de richesse et d'emploi, à la Seine-saint-Denis, département le plus jeune et le plus pauvre de France métropolitaine, où seraient disputées la plupart des épreuves.
C'est dans ce département qui manque cruellement de logements que seraient par exemple construits les Villages, olympique et médias, reconvertis par la suite en 4700 appartements.
Au total, une étude publiée en juin 2016 chiffrait à 10,7 milliards d'euros et 250.000 emplois pérennes les retombées potentielles de JO en France.
Afin d'affirmer sa volonté d'assurer un héritage fort et durable, de "construire un projet de société de long terme", selon son co-président Tony Estanguet, Paris-2024 a prévu de créer en cas de succès un organisme chargé de gérer l'après - du jamais vu dans l'histoire des JO. "C'est un moyen de ne pas abandonner le projet à long terme en court de route, lorsque l'urgence sera de livrer les Jeux", poursuit l'autre patron de la candidature, Bernard Lapasset.
Los Angeles ou la référence à 1984
Inscrite dans la charte depuis 2004, la nécessité pour les villes olympiques de laisser un héritage positif est devenu un critère déterminant pour le CIO et les rivales de Paris ne sont pas en reste.
Grâce notamment aux infrastructures héritées des Jeux de 1984, LA 2024 ne prévoit la création d'aucun équipement pérenne. Même le Village, installé dans les résidences universitaires de UCLA, jouerait la carte du recyclage.
De même, le plan de modernisation des transports - point épineux du dossier en raison de l'étendue de la cité des Anges - a été lancé en 2009, hors projet olympique.
L'héritage de Jeux californiens serait donc lui aussi économique et sociétal. Comme celui de l'édition 1984 organisée par la ville. Leurs 93 millions de dollars de bénéfice auraient ainsi permis à trois millions de personnes de pratiquer une discipline olympique, de former 80.000 entraîneurs et de subventionner 2200 clubs et associations.
Aujourd'hui, L.A. mise sur les vertus environnementales d'un projet de Jeux "zéro déchet", au bilan positif en matière de production d'énergie grâce à l'utilisation du solaire.
Selon une étude universitaire, les JO-2024 pourraient en outre se traduire par un surplus d'activité estimé à 18,3 Mds de dollars et la création de 74.300 emplois.
Par ailleurs, et c'est sans doute là que réside le principal argument de la candidature, la victoire de L.A. ouvrirait, après de longues années de brouille, une nouvelle ère dans les relations du pays avec un CIO très américano-dépendant sur le plan économique, en terme de contrats médiatiques et de sponsoring. L'argument de la mise à disposition du CIO du savoir-faire local, des nouvelles technologies de la Silicon Valley au cinéma d'Hollywood, est le leitmotiv de la rhétorique américaine.
Reste à mesurer l'impact de la présidence de Donald Trump, qui s'était entretenu avant même sa prise de fonctions avec le président du CIO Thomas Bach pour lui faire part de "son soutien résolu" à la candidature de LA.
Budapest ou la possibilité de la modestie
A l'inverse de Paris et Los Angeles, Budapest ne possède pas la majorité des infrastructures nécessaires à l'accueil des JO. La Hongrie, qui met en avant une candidature "à taille humaine", souligne que son projet "s'inscrit dans un plan de développement à long terme" et ouvrirait la voie olympique à d'autres villes moyennes, dans l'esprit de l'Agenda 2020 du CIO.
La capitale hongroise prévoit 2,4 milliards d'euros pour les investissements spécifiques aux JO, sachant qu'une piscine et un stade sont déjà prévus pour les Mondiaux-2017 de natation et l'Euro-2020 de football. La ville devra investir, pour certains sports en salle, dans des équipements pérennes jugés nécessaires.
"Les JO ne pourront qu'accélérer le développement" de la ville et "en améliorer l'image, déjà excellente, d'un point de vue touristique", a souligné Istvan Tarlos, maire de Budapest, candidate à cinq reprises - y compris pour les premiers Jeux de l'ère moderne, en 1896.
La candidature s'inscrit aussi dans la volonté du Premier ministre conservateur Viktor Orban, initiateur de l'éducation physique quotidienne obligatoire à l'école, d'encourager la pratique du sport érigé en élément d'affirmation nationale.