« Les énergies renouvelables sont au cœur des débats de la COP22. Entre 2005 et 2015, dans le monde, 2 300 Mds USD ont été investis dans les énergies renouvelables. Celles-ci sont à l’origine de 35% de la production électrique européenne, contre 13% aux États-Unis », abonde Marc Livinec, conseiller sectoriel chez Euler Hermes.
Les énergies éoliennes et solaires tirent l’investissement dans le renouvelable
Malgré la faiblesse durable du prix du pétrole, les investissements mondiaux dans les renouvelables ont augmenté de +10% en moyenne annuelle sur 2014-2017, et ont atteint un niveau historique de 286 Mds USD en 2015. Cette tendance globale cache toutefois des évolutions différentes selon les types d’énergie renouvelables.
En 2015, les investissements se sont concentrés sur les énergies éoliennes et solaires, s’élevant respectivement à 110 Mds USD (+80% par rapport à 2007) et 161 Mds USD (+313%). Et pour Marc Livinec, les perspectives futures sont encourageantes. « Les investisseurs sont toujours attirés par l’éolien (270 Mds USD prévus en 2016-2017) et le solaire (380 Mds USD), car ces deux énergies renouvelables présentent véritable un potentiel de croissance, l’abondance de vent et de soleil sur terre étant sans limite. »
En revanche, les investissements dans les autres types d’énergies renouvelables, comme les biocarburants, la biomasse ou l’hydraulique, sont à la peine. Entre 2008 et 2015, ils ont reculé de -15% en moyenne annuelle, et représentent moins de 6% des investissements annuels dans le renouvelable sur la période. « Les biocarburants se remettent difficilement de l’éclatement de la bulle du marché en 2008, qui les a ramenés à leur niveau d’investissement de la décennie précédente, quand les cours des matières premières agricoles étaient à un niveau record. Pour l’hydraulique, il ne reste que peu de sites dans le monde où de nouveaux barrages peuvent être construits. De plus, l’approvisionnement en eau est un enjeu majeur, et peut être une source de conflits entre pays », explique Marc Livinec.
L’orage est passé pour la rentabilité du secteur éolien, mais persiste dans l’industrie solaire
En moyenne annuelle sur la période 2005-2015, le taux de marge opérationnelle de l’éolien ne parvient pas à dépasser la barre des 5%. Si sur le long terme, l’industrie éolienne enregistre une rentabilité modérée, elle montre qu’elle est capable de résister à des vents contraires, après la période difficile de 2011-2013. « Les entreprises du secteur de l’éolien ont généré une marge opérationnelle de –1% en moyenne annuelle entre 2011 et 2013. Mais grâce à un processus de désendettement accéléré depuis 2014, le taux de marge de l’éolien est estimé à 5% pour l’année 2016 », complète Marc Livinec.
L’industrie de l’énergie solaire a généré, entre 2011 et 2014, des pertes bien plus lourdes. En 2013, le secteur solaire a vu son ratio d’endettement moyen grimper en flèche, et atteindre un niveau historique de 140%, notamment à cause de la plongée dans le rouge de son taux de marge nette en 2012 à -28%. « La succession de restructurations au sein de l’industrie solaire occidentale n’a rien arrangé », développe Marc Livinec. « Le secteur n’est sorti de l’ornière que depuis 2014, affichant un taux de marge à peine supérieur à 2%. Cependant, le retour aux niveaux de rentabilité constatés lors de la dernière décennie (20% et plus) se voit compromis par le maintien d’un ratio d’endettement toujours très élevé, attendu à 85% en 2016. »
Perspectives : les pays développés n’ont pas le monopole du développement des énergies renouvelables
Sur la période 2014-2017, les pays développés auront vu leurs investissements dans les renouvelables augmenter de +3% par an en moyenne. Chez les pays en développement, les investissements dans les énergies propres ont cru 6 fois plus vite sur la même période (+18%), avec la région Asie comme figure de proue.
« En 2014, l’Asie a rattrapé le niveau des investissements dans les énergies renouvelables des pays développés. Le développement de l’énergie verte en Asie va s’accélérer sur le moyen terme, avec à la clé, une croissance des investissements dans les énergies renouvelables au niveau mondial », conclut Marc Livinec.