Premier du genre à Bruxelles, il occupera un vaste et lumineux bâtiment Art déco qui abrite depuis le milieu des années 1930 un garage Citröen, siège de la marque aux chevrons en Belgique.
"Je peux vous annoncer la création en 2020 d'un nouveau pôle culturel sur 30.000 mètres carrés autour de l'art moderne et contemporain et de l'architecture, moderne et contemporaine", a déclaré jeudi le chef du gouvernement régional bruxellois, Rudi Vervoort, lors d'une conférence de presse conjointe avec le président du Centre Pompidou, Serge Lasvignes.
Le nom du futur musée n'a pas encore été choisi, ont expliqué les deux responsables, avant de signer un protocole d'accord destiné à préciser dans les prochaines années les grandes lignes du projet.
"Citroën et Pompidou sont deux marques qui, culturellement, vont très bien ensemble", a souligné M. Lasvignes, interrogé sur le nom du musée.
Il a aussi expliqué n'avoir pas hésité à associer son institution au projet des autorités bruxelloises, en relevant la proximité des deux capitales et le dynamisme de la scène culturelle bruxelloise.
Le Centre Pompidou mettra une partie de ses collections, riches de 120.000 oeuvres, dont seuls 10% sont montrés au public, à la disposition du futur musée bruxellois.
Il "contribuera en outre à la vie" de l'institution en l'aidant à "constituer une collection" propre et à obtenir des prêts de grands musées internationaux, a expliqué le patron de Beaubourg.
Ecrin Art déco
Le nouvel espace aura également pour mission de développer la scène artistique locale, avec l'aide de collectionneurs et d'autres institutions, a précisé Rudi Vervoort.
Le centre Pompidou, situé à Beaubourg, dans le coeur de Paris, a ouvert ses portes le 31 janvier 1977 avec pour mission de décloisonner les disciplines et s'ouvrir au monde et à la création.
Avec son architecture controversée et reconnaissable entre toutes en raison de la présence d'énormes tuyaux en façade, "Beaubourg" est devenu en 40 ans l'un des musées les plus fréquentés au monde, avec plus de trois millions de visiteurs en 2015.
La région bruxelloise, qui ne dispose pas de musée d'art moderne emblématique comme le MoMa de New York ou le Guggenheim de Bilbao, avait racheté pour 20,5 millions d'euros le bâtiment, construit uniquement avec du fer et du verre, du constructeur automobile français à Bruxelles.
Cet immeuble de quatre étages, bel exemple de l'architecture industrielle des années 1930, est situé à proximité du canal de Bruxelles dans un quartier du nord-ouest de la capitale belge en phase de réhabilitation.
Les autorités régionales l'avaient acquis avec la "volonté de transformer ce site", proche de la commune bruxelloise de Molenbeek, "pour en faire un levier de redéploiement du territoire du canal, notamment en y installant un Musée d'Art moderne et contemporain".
Ce projet devrait "créer des emplois pour les Bruxellois", a promis Rudi Vervoort, avançant que la culture est un moyen pour "lutter contre les forces de l'obscurantisme, à Paris comme à Bruxelles", deux cités frappées par de sanglants attentats jihadistes.
L'idée de départ était de présenter dans ce nouvel espace des oeuvres d'art moderne et contemporain des collections des Musées royaux de Belgique à Bruxelles, mais le projet n'a pas reçu l'aval du gouvernement fédéral.
"La porte n'est pas fermée" pour une collaboration avec les musées fédéraux, a cependant nuancé le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort.
Le Centre Pompidou avait ouvert en 2010 un petit frère à Metz, dans le nord-est de la France, qui avait attiré 800.000 visiteurs lors de sa première année d'ouverture mais dont la fréquentation a chuté à 320.000 personnes en 2015. Il a aussi créé un "pop-up" temporaire à Malaga (sud de l'Espagne).
A Bruxelles, "l'approche est différente, c'est une formule spécifique" de collaboration, a insisté Serge Lasvignes.
Le siège bruxellois du constructeur automobile, filiale du groupe PSA, devrait quant à lui être relocalisé à proximité.