Vinci, géant du BTP et des concessions, s'est montré solide au premier semestre, que ce soit dans les travaux ou l'exploitation d'autoroutes et d'aéroports, et promet de garder cette dynamique tout au long de l'année 2018, confirmant au passage son intérêt pour ADP.
"Ce semestre (...) est marqué par une croissance solide de l'activité et une forte hausse des résultats", s'est félicité, lors d'une conférence de presse Xavier Huillard, PDG de Vinci.
En conséquence, le groupe, dont le titre signait une hausse de près de 1,5% vendredi matin à la Bourse de Paris, confirme ses objectifs sur l'année: il compte signer une hausse de ses revenus et de ses bénéfices en 2018, sans donner de chiffre précis.
Entre janvier et juin, le bénéfice net de Vinci s'est établi à 1,3 milliard d'euros, en hausse de 26,2% par rapport à la même période de l'an dernier.
Son chiffre d'affaires a progressé de 6,7% à 19,8 milliards. Signe que le groupe a accéléré sa dynamique, il a même gagné 8,3% sur le seul deuxième trimestre.
Le groupe a vu progresser ses revenus semestriels dans ses deux grands pôles d'activité: le "contracting", qui regroupe ses activités de travaux, et les concessions, qui concernent l'exploitation d'autoroutes et d'aéroports.
Dans le premier domaine, nettement majoritaire dans les revenus du groupe, le chiffre d'affaires a gagné près de 7%.
Le "contracting" signe en particulier une forte hausse des revenus dans sa branche spécialisée dans les infrastructures énergétiques. Certes, ce bond s'explique en partie par de multiples acquisitions, mais l'activité reste en progression même sans en tenir compte.
Seule ombre au tableau, la branche construction voit ses recettes stagner et même décliner un peu à périmètre comparable, ce qui témoigne de performances contrastées selon les régions.
"La France va bien, même s'il y a des différences entre les régions", a expliqué M. Huillard, évoquant même un risque de "surchauffe" en Île-de-France.
En revanche, "en Grande-Bretagne nous réduisons de façon volontariste la voilure", autrement dit le groupe choisit d'y signer moins de contrats, tandis que "l'Afrique enregistre une baisse de son activité", a détaillé le PDG.
Surtout, la branche construction, qui comprend les travaux réalisés auprès du secteur pétrolier et gazier, continue à pâtir de "très bas niveaux d'investissement" dans cette industrie, a souligné M. Huillard.
Indicateur des perspectives du groupe, en particulier pour ce qui est du "contracting", le carnet de commandes progresse nettement, de 7% sur le semestre.
Attentisme sur Nantes
Dans les concessions, le groupe voit aussi ses revenus nettement avancer: ils prennent plus de 6%, grâce à un trafic en hausse dans les autoroutes (+2,3%) et, bien plus encore, dans les aéroports (+9,3%) même si ces derniers enregistrent un ralentissement par rapport au premier semestre 2017.
Le groupe a, au passage, confirmé son intérêt pour Aéroports de Paris (ADP), l'exploitant des aéroports de la capitale, dont l'Etat, majoritaire, compte se désengager.
"Nous nous battrons" face à une concurrence probablement rude, a promis M. Huillard, tout en relativisant cette promesse au regard de conditions de cession encore floues: se fera-t-elle en bloc ou fragmentée entre plusieurs acteurs?
Le PDG de Vinci, qui s'est abstenu de se prononcer sur une candidature unique de son groupe ou un partenariat avec d'autres acteurs, a dit ne pas être sûr que l'Etat ait arrêté "sa philosophie" sur la question.
Il a démenti au passage des rumeurs de presse selon lesquelles Vinci avait déjà engagé des négociations avec d'éventuels partenaires.
Le groupe a, par ailleurs, joué l'attentisme sur une autre actualité aéroportuaire majeure du début d'année: la résiliation par l'Etat de son contrat avec Vinci sur l'aéroport de Nantes, conséquence collatérale de l'abandon du projet Notre-Dame-des-Landes, et l'ouverture d'un nouvel appel d'offres.
"Pour l'instant, l'Etat a émis un souhait mais il n'a pas réellement résilié", a assuré M. Huillard. "Aucun calendrier particulier de cette éventuelle résiliation n'est arrêté avec l'Etat."