Trains et transports en commun touchés
Au niveau national, le trafic ferroviaire est perturbé, avec trois TGV sur cinq et un TER sur deux en moyenne, selon la SNCF.
A Paris, un millier de manifestants a envahi les voies de la Gare de Lyon avant midi, perturbant un peu plus le trafic.
La RATP a réduit le trafic sur la plupart des lignes de métro tout en les gardant ouvertes quand les RER sont très perturbés avec 40% de suppression sur les lignes A et B.
A Rennes, des manifestants sur les voies SNCF ont arrêté la circulation sur la ligne Rennes/Saint-Brieuc, selon la préfecture. Le réseau de bus de la métropole est aussi affecté par le blocage de son dépôt principal, selon son gestionnaire.
A Lorient, des manifestants sont présents sur les voies de la gare, où brûlent des palettes et des poubelles, selon l'AFP.
Carburants manquants
Mardi à 8H30, 15,52% des stations-service de France sont en pénurie d'au moins un carburant (essence et/ou diesel) qu'elles proposaient au mercredi 1er mars, d'après des données publiques analysées par l'AFP. 6,89% des stations sont à sec.
Le département le plus touché est désormais la Mayenne (50% des stations en pénurie d'au moins un carburant). L'Ouest reste particulièrement affecté: en Loire-Atlantique (43%), en Île-et-Vilaine (45%), en Maine-et-Loire (près de 40%).
Les départements du Sud sont encore parmi les plus touchés en particulier la Haute-Garonne (41%) et les Bouches-du-Rhône (39%).
Enfin, les pénuries commencent à atteindre l'Ile-de-France, notamment le Val-de-Marne (44%), l'Essonne (37%) et les Yvelines (34%).
Ces pénuries résultent de la situation perturbée dans les raffineries.
Chez TotalEnergies, celle de Normandie est à l'arrêt. Les salariés ont voté la reconduction de la grève jusqu'à jeudi 13h, selon un délégué CGT.
A la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), les expéditions sont interrompues, selon la direction. Idem à la bioraffinerie de La Mede (Bouches-du-Rhône), où les expéditions demeurent bloquées. La raffinerie de Feyzin (Rhône) fonctionne quant à elle en débit réduit, selon la direction.
Chez Esso-ExxonMobil, la mise à l'arrêt de la raffinerie de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime) se poursuit, et les expéditions sont toujours bloquées mardi matin, selon la direction. Concernant la raffinerie de Fos-sur-Mer, elle continue à fonctionner de manière "ajustée", des expéditions ayant permis d'éviter un arrêt de la production pour cause de bacs pleins.
La raffinerie PetroIneos de Lavéra (Bouches-du-Rhône) est elle toujours à l'arrêt et ses expéditions bloquées, selon la CGT.
Baisse de production d'électricité
La direction d'EDF fait état de baisses de production opérées par les grévistes mardi matin, de l'ordre de 8.030 MW, soit l'équivalent de huit réacteurs nucléaires (sur les 56 que compte le pays).
Routes bloquées, ralenties
A Rennes, la circulation sur le périphérique a été perturbée par environ 400 personnes dès 7h00 du matin, entrainant 45 km de bouchon. La situation revenait à la normale vers 11H00, selon la préfecture.
A Nantes, la circulation était aussi extrêmement perturbée en raison d'actions de protestataires sur le périphérique, d'après Bison Futé.
A Caen, le périphérique a été coupé dans les deux sens par des manifestants.
Près de Chalons-sur-Saône, un barrage filtrant a provoqué des bouchons, selon les forces de l'ordre.
Centre logistique entravé
Dans le nord de Lille, une centaine de manifestants occupent deux gros rond-point desservant le centre régional de transport (CRT) de Lesquin, un centre logistique majeur, entraînant des perturbations jusque sur l'A1 reliant Paris à Lille, et l'A23 en direction de Valenciennes, a indiqué Rémy Quéant, secrétaire général FO Transport Lille.
Transport aérien
Les aéroports de Montpellier et de Quimper ont vu leur trafic interrompu mardi matin en raison de la grève de contrôleurs aériens, selon la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC). Montpellier-Méditerranée a rouvert à 9h00, tandis que Quimper-Pluguffan restera fermée jusqu'à 14h00, entrainant des retards.
L'administration avait demandé aux compagnies aériennes d'annuler préventivement mardi et mercredi 20% de leurs vols à Paris-Orly, Marseille, Toulouse et Bordeaux.
Elle a réitéré sa demande pour environ 20% des vols jeudi (d'Orly, Marseille, Toulouse) et vendredi (d'Orly, Lyon, Marseille, Toulouse).
Au-delà des aéroports, les arrêts de travail des aiguilleurs du ciel touchent les Centres en route de la navigation aérienne (CRNA, gestion des avions qui transitent par l'espace aérien français), entrainant des répercussions sur l'ensemble du trafic européen.
Mardi matin, les aéronefs empruntant les zones gérées par les CRNA de Marseille et Reims subissent des délais pouvant être "élevés", soit supérieurs à 45 minutes, selon l'organisme paneuropéen de surveillance du trafic aérien Eurocontrol.
Déchets
A Paris, 7.300 tonnes de poubelles jonchent encore les rues, selon la mairie lundi soir.
A Marseille, même si les éboueurs ne sont toujours pas officiellement en grève, les déchets s'amoncellent dans plusieurs quartiers, notamment ceux cossus du Prado ou du Boulevard Périer.
Au Havre, environ 50 personnes poursuivaient mardi le blocage du centre dédié à l'épuration de l'eau et à la gestion des déchets, empêchant les employés de prendre leur poste ou de sortir les camions poubelles.
Enseignants, lycéens et étudiants
Selon le ministère de l'Education, 8,37% d'enseignants en grève dont 7,60% dans le primaire et 9,13% dans le secondaire (collèges et lycées). Le Snuipp-FSU, premier syndicat dans les écoles maternelles et élémentaires, avait estimé lundi que 30% des professeurs du primaire seraient en grève mardi.
Le ministère fait état de 53 incidents en France devant des établissements scolaires, dont 14 blocages, 27 blocages filtrants, sept tentatives de blocages et cinq autres formes de perturbations.
A Paris, des blocages, souvent filtrants, étaient installés devant plusieurs lycées, dont Montaigne (VIe arrondissement), Lavoisier (Ve), Monet (XIIIe) ou Turgot (IIIe). Et dans sa banlieue, deux collèges de Montreuil étaient touchés.
Au Havre, le lycée Claude Monet est bloqué par des lycéens, de même qu'à Rouen le lycée Jeanne d'Arc, selon la préfecture de Seine-Maritime.
A Lille, le campus scientifique est fermé "par mesure de sécurité", selon l'administration, "bloqué" selon la Fédération syndicale étudiante et Sud. Sciences Po Lille était fermé mardi.
A Lyon, le site de la Manufacture de Lyon 3 était bloqué pour la première fois depuis le début du mouvement.
Dans le Sud-Est, la faculté de Lettres à Nice est bloquée, selon la préfecture des Alpes-Maritimes.
Selon le rectorat Aix-Marseille, le lycée Mistral à Avignon ainsi que les lycées Thiers et Montgrand à Marseille sont bloqués.
Devant le lycée Thiers, le plus coté de Marseille, des conteneurs à poubelles entravaient les différentes entrées. Seuls les élèves de Terminales passant des épreuves du bac ou les élèves des classes préparatoires pouvaient entrer.
Députée visée
A Lille, le domicile de la députée Renaissance Violette Spillebout, ancienne directrice de cabinet de la maire PS Martine Aubry, a été brièvement muré, avant l'intervention de la police, par une dizaine de manifestants FSU, Sud, NPA et du collectif citoyen l'Offensive. Mme Aubry a qualifiée d'"inacceptable" cette opération.
Retraites: de retour dans la rue, les syndicats réclament en vain une "médiation"
Les opposants à la réforme des retraites étaient moins nombreux dans la rue mardi, pour une dixième journée d'action à l'appel des syndicats qui ont réclamé une "médiation" rejetée par le gouvernement mais soutenue par ses alliés du Modem.
Cinq jours après un sursaut terni par de nombreux débordements, la mobilisation semblait marquer le pas. Les premiers chiffres des autorités comme des syndicats attestaient d'une participation en repli, comme à Tarbes (5.000 à 15.000), Nice (3.700 à 25.000) ou Clermont-Ferrand (11.000 à 40.000).
"Le mouvement ne s'essouffle pas", a cependant affirmé depuis la cité auvergnate le leader de la CGT, Philippe Martinez, jugeant "la détermination toujours aussi importante" pour exiger le retrait de la réforme et de sa mesure-phare: le report de l'âge légal de 62 à 64 ans.
Alors que les violences lors des manifestations de la semaine dernière, puis autour de la bassine de Saint-Soline (Deux-Sèvres) durant le weekend, sont encore dans toutes les têtes, le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, a proposé mardi sur France Inter "une voie de sortie" par le biais d'une "médiation" pour trouver "un compromis social".
Solution aussitôt écartée par le gouvernement: "On n'a pas forcément besoin de médiation pour se parler", a déclaré son porte-parole, Olivier Véran.
Une réponse "insupportable" pour M. Berger, qui a répliqué depuis la tête du cortège parisien: "Ca va commencer à suffire, les fins de non recevoir".
Le premier syndicaliste de France a toutefois reçu l'appui inattendu des députés MoDem, membres de la majorité présidentielle. "C'est bien d'avoir une ou deux personnes pour essayer de retrouver le dialogue et avoir un certain recul", a déclaré leur chef de file Jean-Paul Mattei.
"Sortir par le haut"
La situation reste pour l'heure dans l'impasse, en attendant la décision du Conseil constitutionnel, qui doit se prononcer sur le projet de loi d'ici trois semaines.
"Si le gouvernement veut sortir par le haut, il faut qu'il suspende la réforme. Plus il attend plus ça va être compliqué", a estimé le secrétaire général de Force ouvrière, Frédéric Souillot, promettant à l'unisson des autres responsables syndicaux la poursuite des grèves et des mobilisations.
Sur le terrain, l'opposition à la réforme reste vive. Des barrages routiers matinaux ont été signalés à Rennes, Caen et Lille, entre autres. La circulation des trains est également perturbée, avec trois TGV sur cinq et un TER sur deux en moyenne selon la SNCF. La Tour Eiffel était aussi fermée.
A Paris, des manifestants ont envahi en fin de matinée les voies de la Gare de Lyon, entrainant des retards. Même scène à Lorient, avec à la clé l'interruption du trafic entre Auray et Quimper.
La situation ne s'améliorait pas sur le front des carburants, avec encore plus de 15% des stations-service à court d'essence ou de diesel. Des pénuries toujours plus marquées dans l'Ouest et le Sud, et qui s'étendaient aussi en Ile-de-France.
En revanche, les enseignants étaient moins mobilisés, avec seulement 8% d'enseignants grévistes selon le ministère de l'Education nationale.
"Apaisement" contre "pourrissement"
Les autorités scrutent plutôt l'agitation de la jeunesse, dont les renseignements ont prédit "une présence nettement plus importante" dans les cortèges. Des dizaines de blocages d'universités, de lycées et même de collèges ont été recensés, d'Avignon au Havre, de Lille à Bordeaux.
La police table au total sur 650.000 à 900.000 manifestants dans près de 200 villes, dont 70.000 à 100.000 à Paris.
Redoutant des "risques très importants de troubles à l'ordre public", le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a prévu un "dispositif de sécurité inédit": 13.000 policiers et gendarmes, dont 5.500 dans la capitale, où "plus de 1.000 éléments radicaux" sont attendus.
Après les heurts lors des dernières manifestations, puis les affrontements de Sainte-Soline, beaucoup s'inquiètent du "chaos" ambiant.
A l'Elysée, où Emmanuel Macron a reçu lundi les cadres de la majorité et du gouvernement, le chef de l'Etat a pourtant dit vouloir "continuer à tendre la main aux forces syndicales" sur d'autres sujets, selon un participant.
La Première ministre, Elisabeth Borne, insiste sur sa volonté de "mettre de l'apaisement".
Mais la gauche, par la voix de plusieurs de ses ténors, dont le leader du PCF Fabien Roussel, a au contraire accusé mardi Emmanuel Macron de "jouer le pourrissement" du mouvement social.