Eboueurs : à Paris l'amoncellement continue
Avec quelque 7.000 tonnes de déchets qui s'amoncellent dans les rues de Paris, les éboueurs et agents de propreté de la Ville de Paris ont voté mardi soir la poursuite de la grève "au moins jusqu'au 20 mars". Le ministre de l'Intérieur a demandé à la mairie de réquisitionner des éboueurs. Des éboueurs du Var sont notamment intervenus pour ramasser des ordures à Paris.
Autour de Paris, les usines d'incinération d'Ivry-sur-Seine et d'Issy-les-Moulineaux sont bloquées par la grève. Celle de Saint-Ouen est en maintenance.
Coupures d'électricité au Fort de Brégançon, ultimatum chez les gaziers
Le secteur de l'électricité et du gaz reste mobilisé compte tenu de l'enjeu crucial pour les salariés qui, outre le recul de l'âge légal, refusent la suppression de leur régime spécial de retraite.
Dans le sud, des coupures de courant ont eu lieu tôt mercredi. Le Fort de Brégançon, résidence officielle de la présidence de la République, a été touché, selon Jean-Louis Arcamone, président de la CFE-CGC Energie Côte d'Azur.
En Corse, 1.900 clients ont subi des coupures à Ajaccio et un millier à Bastia, selon le secrétaire général de la CGT-Energie en Corse, essentiellement "dans les quartiers privilégiés, sur la route des Sanguinaires à Ajaccio et dans le haut de Bastia".
Dans les centrales nucléaires, mercredi matin, un barrage filtrant perturbait l'accès de Blayais en Gironde, une centaine d'agents sur le piquet de grève ayant voté le maintien du barrage 24 heures sur 24 "sans limite de temps", selon John Gazziero, délégué syndical CGT, interrogé par l'AFP.
A celle de Saint-Laurent des Eaux (Loir-et-Cher), une AG de 300 salariés a installé un piquet de grève pour ralentir les entrées, ce qui ralentit aussi le programme de maintenance de la visite décennale en cours, a indiqué à l'AFP Amélie Henri, secrétaire nationale CFE-Energie chez EDF.
Les baisses de production d'électricité en France s'élevaient mercredi matin à 10.710 MW, l'équivalent de 10 réacteurs nucléaires, selon la direction d'EDF.
Côté gaz, les salariés de quatre terminaux méthaniers français et de 11 sites de stockage de gaz de Storengy, filiale d'Engie, ont reconduit leur grève jusqu'au début de la semaine prochaine.
Mercredi, la CGT Energie a lancé un "ultimatum" à Storengy, pour qu'elle baisse la pression sur l'ensemble du réseau de gaz de GRT "symboliquement à 49,3 bar", en référence à la possible utilisation par le gouvernement de l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter la réforme si aucun accord n'est trouvé sur le texte entre les parlementaires de la commission mixte paritaire.
Si l'abaissement de pression "n'est pas fait proprement depuis la salle de contrôle" par la direction, "ce sera réalisé par les grévistes, mais on préfèrerait que ce soit fait proprement", a affirmé Frédéric Ben, responsable du gaz à la CGT Energie.
Les raffineries marquent le pas
Plusieurs raffineries sont toujours en grève mercredi matin: "dans celles de Donges, La Mède et Fos, le mouvement est reconduit avec arrêt des expéditions", a indiqué à l'AFP Eric Sellini, coordonnateur CGT pour le secteur.
"Sur celle de Normandie, les salariés sont toujours en grève mais il y a des expéditions".
La raffinerie de Petroineos à Lavera, a aussi été obligée d'expédier un peu plus de produits que prévu, pour ne pas devoir arrêter la raffinerie, "cela peut donner l'impression qu'on a arrêté la grève, mais c'est loin d'être le cas", a indiqué à l'AFP Sébastien Varagnol, délégué CGT de la centrale.
M. Sellini n'a toutefois communiqué qu'un seul taux de grévistes, de 100% au dépôt de Flandres. TotalEnergies a compté 42% d'opérateurs du premier quart en grève mercredi, contre 36% la veille.
Dans le secteur de la chimie, deux sites de Solvay sont en grève reconductible, notamment à Tavaud dans le Jura, et trois sites d'Arkema, a affirmé Emmanuel Lépine, secrétaire général de la Chimie CGT à l'AFP.
Situation contrastée dans les transports
A la SNCF, le trafic reste perturbé et la circulation sera mercredi similaire à celle de lundi et mardi, avec notamment 3 TGV Inoui et Ouigo sur 5, 1 Intercités sur 3, aucun train de nuit et 2 TER sur 5 en moyenne nationale et des difficultés en Ile-de-France. Le 7 mars, 80% des TGV avaient été annulés.
La RATP prévoit un trafic légèrement perturbé dans le métro parisien et très perturbé dans le RER, globalement meilleur que lors des premiers jours de grèves.
Dans les airs, 20% des vols ont été supprimés à Paris-Orly en raison d'une grève des contrôleurs aériens. Les annulations sont moins nombreuses que la semaine dernière, mais les vols à Bordeaux-Mérignac et les rotations à Lille-Lesquin subissaient des retards de quelque 45 minutes mercredi matin, et de 15 à 30 minutes en moyenne à Roissy et Orly.
Dans le transport routier, des blocages sont aussi mis en place dans le pays. Des routiers ont complètement bloqué mercredi tous les accès à l'autoroute A26, dans le nord, entre Calais et Thérouanne.