Julien Denormandie, ingénieur d'En Marche et artisan de la loi logement
Elève appliqué de la macronie, Julien Denormandie, qui vient d'être promu ministre du Logement, est longtemps resté un mécanicien de l'ombre chargé de façonner En Marche!, avant d'être propulsé au gouvernement pour élaborer la loi logement.
"Ce n'est pas mon rôle", a-t-il souvent répondu lorsqu'il était invité à s'exprimer durant la campagne présidentielle.
Ce proche d'Emmanuel Macron a vécu son baptême du feu au secrétariat d'Etat auprès du ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard - qui quitte le gouvernement, remplacé par Jacqueline Gourault.
Hué en septembre 2017 au congrès des HLM aux ressources amputées, M. de Normandie s'est vu accusé en février de minorer le nombre de SDF.
Depuis, certains acteurs se sont apaisés. Début octobre, il a discouru dans une ambiance bien plus calme lors du congrès HLM de 2018 et s'est même fait brièvement applaudir. "Nous avons appris à nous connaître, (...) je crois à votre écoute", lui a dit sur scène Jean-Louis Dumont, président de l'Union sociale pour l'habitat (USH), confédération du secteur.
De fait, à 38 ans, M. Denormandie se revendique "toujours dans la concertation", car "pour transformer un pays, il faut emmener les gens" : "Ceux qui me connaissent savent aussi que je suis profondément déterminé. Je ne lâcherai rien".
Ceux qui l'entourent louent sa "gentillesse et sa douceur absolues", dixit un cadre du parti. "Il est trop mignon, il est du coup trop lisse et n'imprime pas", nuance un ministre, évoquant l'image "trop techno" de ce "gendre idéal".
"Il est aussi armé d'une franchise absolue. Personne ne peut dire qu'il a été mené en bateau, trompé par Julien Denormandie", témoigne un marcheur de la première heure. Un principe qui prévaut avec le chef de l'Etat, fort de leur "relation particulière" : "Je lui dis toujours ce que je pense", affirme le jeune ministre.
"Fan de forêt"
Dans le secteur du logement, on lui reconnaît généralement sa capacité d'écoute ainsi que la maîtrise de ses sujets, même si certains acteurs jugent plus difficile de se faire entendre depuis quelques mois.
M. Denormandie "écoute longuement" et est "extrêmement agréable de conversation", ironisait Marie-Christine Détraz, déléguée à l'habitat à l'agglomération de Lorient lors du dernier congrès HLM. Mais cela se traduit-il ensuite ? "Non", dit-elle franchement.
Grand, visage lisse, il s'agace qu'on le qualifie de "jeune énarque" - "ce que je ne suis absolument pas, ni dans les faits ni dans l'approche" - et tire sa méthode de sa formation d'ingénieur agronome.
Ce "fan de forêt", qui comme "première expérience professionnelle" a construit "un séchoir à bois" pour la scierie de son oncle et garde un hobby d'ostréiculture, n'aime rien tant que "partir du réel, du vivant, et essayer de trouver des solutions qui embrassent tout".
"Quand aujourd'hui vous plantez une forêt, vous entrez dans une démarche d'aménagement sur des décennies", appuie-t-il. "Cette approche-là, entre un quotidien et une vision, est pour moi essentielle".
Ancien du cabinet de Nicole Bricq (Commerce extérieur) et de Pierre Moscovici (Economie), il a été tenté de monter sa propre entreprise, dont un projet de start-up en 2014 avec Emmanuel Macron. Et s'il n'avait été rattrapé en juin 2017 pour intégrer le gouvernement, il aurait rejoint un incubateur d'Axa.
Mais il dit avoir pris en avril 2016 un risque entrepreunarial en quittant son poste de directeur adjoint de cabinet à Bercy, devançant de quatre mois la sortie d'Emmanuel Macron du gouvernement.
Issu d'une fratrie de cinq, fils d'un chirurgien investi dans le domaine du handicap, il est père de deux filles et deux garçons.
A l'Ecologie, Emmanuelle Wargon, une haut fonctionnaire passée chez Danone
Emmanuelle Wargon, 47 ans, nommée mardi secrétaire d'Etat à l'Ecologie, était depuis trois ans directrice des affaires publiques chez Danone, après vingt ans dans la haute fonction publique et l'expérience de nombreux ministères.
Cette énarque, fille unique de Lionel Stoléru, ancien ministre de Valéry Giscard d'Estaing et de François Mitterrand, devient secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy.
Elle remplace ainsi Sébastien Lecornu, qui au sein du ministère s'était vu confier plusieurs dossiers brûlants, de Fessenheim jusqu'à Bure, multipliant les déplacements sur le terrain. Ce dernier est nommé ministre chargé des collectivités territoriales.
Depuis septembre 2015, Emmanuelle Wargon était directrice générale responsabilité d'entreprise, affaires publiques et communication chez Danone, passant ainsi de la haute fonction publique au privé avant de rejoindre le gouvernement.
De quoi faire réagir mardi sur Twitter le secrétaire d'EELV David Cormand, pour qui "Avec #Macron, l'écologie, c'est jamais sans les lobbys".
"Venue de l'action publique, dans l'univers social, je prends désormais des responsabilités chez Danone", expliquait l'intéressée sur son profil LinkedIn à propos de son virage professionnel de 2015, évoquant "un engagement pour la santé, l'égalité des chances, qui prend des formes différentes au service d'un même idéal".
Diplômée d'HEC, de l'IEP de Paris et de l'ENA (même promotion que celle d'Edouard Philippe), cette haut fonctionnaire avait commencé sa carrière en 1997 comme auditrice à la Cour des comptes, avant de devenir en 2001-2002 conseillère technique auprès du ministre délégué à la Santé Bernard Kouchner (gouvernement Jospin).
En 2007-2010, elle est directrice de cabinet du Haut commissaire aux solidarités actives Martin Hirsch (gouvernement Fillon), où elle gère, entre autres, le dossier RSA.
Elle sera ensuite adjointe au DG de l'Afssaps (aujourd'hui ANSM), l'agence de sécurité des produits de santé, puis rejoindra le ministère des Affaires sociales.
Enfin cette mère de trois enfants mariée à un médecin urgentiste, deviendra en 2012 et pour trois ans déléguée générale à l'emploi et à la formation professionnelle au ministère du Travail, un poste clé, pilotant notamment la réforme de la formation professionnelle ou encore la gestion des crédits de la politique de l'emploi.