Qu'est-ce que le béton ?
C'est un alliage entre une base de fragments de roches, les "granulats" - sables ou gravier -, et une poudre minérale, le ciment, qui agglomère l'ensemble. En ajoutant de l'eau, on crée une pâte qui se solidifie en séchant. Les constructeurs le fabriquent dans des bétonnières ou l'achètent tout fait.
Quels sont ses avantages ?
"Le béton est un matériau de construction capable de répondre aux multiples contraintes et exigences", résume Infociments, une plateforme regroupant les organisations du secteur français du ciment.
Elle cite quatre avantages. Le béton peut être moulé à froid, donc être facilement manipulable. En variant sa composition, on peut lui donner d'innombrables aspects. Il dure longtemps. Enfin, c'est l'un des matériaux les plus économiques du marché.
Le béton est donc omniprésent. C'est "la ressource la plus employée dans le monde après l'eau", assure l'Association mondiale du ciment et du béton (GCCA), qui regroupe des géants comme le franco-suisse LafargeHolcim et le mexicain Cemex. Selon plusieurs études consultées par l'AFP, la production mondiale de ciment - dont le béton est le principal débouché - dépasse quatre milliards de tonnes par an.
Quelles sont ses faiblesses ?
Alors qu'il résiste très bien à la compression, le béton supporte mal d'être étiré, comme c'est par exemple le cas des haubans d'un pont.
C'est pour y remédier qu'a été inventé le béton armé au XIXe siècle. Il consiste à introduire une armature en métal, bien plus résistante à la traction, au sein du béton.
Par la suite, une variante du béton armé, le béton "précontraint", est devenue omniprésente après son invention par l'ingénieur français Eugène Freyssinet dans les années 20.
"Dans le béton armé, les armatures sont passives: ce sont des aciers simplement coulés dans le béton", explique à l'AFP le professeur Yves Malier, spécialiste du béton, qui a contribué à révolutionner ce matériau dans les années 1980.
"Dans le béton précontraint, on met en plus des câbles que l'on tend et qui vont exercer une charge de compression sur l'ouvrage pour le rendre plus résistant", ajoute-t-il.
"Tous les ponts en béton ayant plus de 35 mètres de portée et construits depuis la guerre dans le monde entier sont en béton précontraint", conclut M. Malier.
Combien de temps dure le béton ?
A court terme, le béton peut être victime d'une mauvaise exécution. Il est notamment sensible aux grandes chaleurs: l'eau s'évapore vite, ce qui favorise l'apparition de fissures. Si l'exécutant ne restreint pas le bétonnage aux heures les moins chaudes, il peut introduire des composants chimiques pour ralentir le séchage.
A long terme, c'est la partie métallique du béton armé ou précontraint qui est à risque. Avec le temps, l'enrobage en béton laisse passer l'humidité, qui finit par faire rouiller l'armature interne.
"Le plus souvent, la corrosion des armatures commence à se manifester - par des traces de rouille, des fissures le long des armatures, des éclatements locaux du béton, ou encore des armatures corrodées apparentes - lorsque les ouvrages atteignent un âge compris entre 30 et 50 ans", explique un document de l'Association française de génie civil (AFGC).
Le secteur du béton évolue-t-il ?
Le matériau a connu une révolution technique au début des années 1980, avec l'invention de bétons "hautes performances" (BHP). Ils sont bien moins poreux et plus résistants.
"On a multiplié par deux ou par trois la résistance", explique M. Malier.
"Ca s'est traduit rapidement par des réalisations: la première, ça a été le pont de l'Île de Ré en 1983."
A titre de comparaison, la résistance des bétons de l'après-guerre tournait autour de 35 mégapascals, alors qu'un BHP peut monter à 110. Elaborée à partir de 1995, une nouvelle génération, le béton fibré à ultra-hautes performances (BFUP) monte même jusqu'à 250. Mais son emploi reste encore rare.