Devant "l'évolution des marchés du pétrole, du gaz et de l'électricité", le géant des hydrocarbures se félicite du "bilan très solide" qu'il affichera fin 2022, s'estimant "en position à la fois d'accélérer sa stratégie de transformation et d'offrir une politique attractive de retour à l'actionnaire".
C'est pourquoi le conseil d'administration, "souhaitant partager avec ses actionnaires les résultats de la compagnie dans ce contexte de prix hauts", va "verser un acompte sur dividende exceptionnel de 1 euro par action en décembre 2022", sur 2,62 milliards d'actions, a-t-elle précisé dans un communiqué.
Ses clients bénéficieront aussi de la manne. Ceux "qui réduiront leur consommation d'électricité cet hiver", toucheront une prime de 30 à 120 euros "en fonction du pourcentage de leurs efforts", a-t-elle annoncé parallèlement. Versé en avril sous forme de réduction de facture, ce "bonus conso" s'adressera aux foyers clients depuis novembre 2021 au moins et disposant d'un compteur Linky, "soit plus de 3 millions de foyers", a-t-elle précisé.
"Total est une entreprise plus rentable que par le passé, résultat de la discipline et de contrôle des coûts", s'est félicité mercredi son PDG Patrick Pouyanné, lors d'une conférence sur la stratégique de l'entreprise.
Grogne sociale
Celle-ci prévoit que ses flux de trésorerie augmenteront "de 4 milliards de dollars à horizon de 5 ans, dans des hypothèses modérées de prix de l'énergie" soit 50 dollars/baril pour le pétrole. Et pour chaque dizaine de dollars supplémentaire que prendrait le baril, TotalEnergies compte bénéficier "de plus de 3 milliards de dollars supplémentaires".
"35 à 40%" de ces flux de trésorerie aux actionnaires, le reste allant à sa stratégie de transformation, "avec des investissements nets en hausse de 14 à 18 milliards de dollars par an sur 2022-2025".
L'annonce de cet acompte sur dividende exceptionnel intervient alors que le débat fait rage en France autour d'une éventuelle taxe spéciale sur les "superprofits" des entreprises qui ont grassement bénéficié de l'inflation ou de la hausse des prix de l'énergie consécutive à la guerre en Ukraine.
Une mission parlementaire "flash", qui doit rendre ses conclusions autour du 5 ou 6 octobre, planche sur la question et a entendu la semaine dernière M. Pouyanné.
Au deuxième trimestre 2022, TotalEnergies a engrangé d'énormes bénéfices: le groupe français a plus que doublé son bénéfice net, à 5,7 milliards de dollars, contre 2,2 milliards lors du même trimestre en 2021.
Les annonces de mercredi interviennent toutefois alors que le climat social est électrique au sein de l'entreprise: depuis mardi, TotalEnergies fait face à une grève pour le pouvoir d'achat au sein de ses raffineries françaises, devant même mettre à l'arrêt celle de Normandie, la plus importante de France.
Les salariés, répondant à un appel de la CGT, réclament une revalorisation salariale à hauteur de 10% pour l'année 2022, le "dégel des embauches" en France et "un plan massif d'investissements" dans l'Hexagone, des revendications déjà à l'origine de mouvements le 24 juin et le 28 juillet derniers.
Renforcer les renouvelables
Une partie des employés touchent des salaires "extrêmement faibles et il y a besoin de les revaloriser à hauteur de ce que le groupe dégage comme bénéfices", a souligné auprès de l'AFP Benjamin Tange, responsable syndical.
Lors de la conférence donnée mercredi, M. Pouyanné a promis de "ne pas oublier" ses employés lors du partage de l'excédent de trésorerie, même s'il "n'y aura pas d'annonce aujourd'hui" car les discussions suivent leur cours, selon lui.
Avec son "bilan solide", le géant des hydrocarbures a par ailleurs pris la décision de renforcer ses investissements dans les énergies renouvelables: ceux dans le solaire et l'éolien "dépasseront 4 milliards de dollars dès 2022", au lieu de 3 milliards de dollars en 2021.
Mardi, Patrick Pouyanné avait déjà annoncé que son groupe allait investir 1 milliard d'euros pour améliorer la performance énergétique de ses entreprises, au moment où un effort de sobriété est demandé au monde économique et aux consommateurs.
L'entreprise dit viser à terme la neutralité carbone au milieu du siècle et s'est engagée à réduire de plus de 30% par rapport à 2015 les émissions dégagées par ses produits pétroliers.