Alain Gautier et Loïck Peyron, ses amis de longue date, étaient présents jusqu’au moment de larguer les amarres glissant çà et là un conseil à celui qu’ils aimeraient voir revenir en vainqueur dans huit à neuf mois et qu’ils ont accompagné pour préparer ce Tour du Monde. « Avec Alain et Loick, nous avons surtout parlé route dans le sud car c’est ce qui est marquant dans une vie de marin. J’y suis allé plusieurs fois mais jamais en solitaire alors qu’Alain et Loick ont une belle expérience du sud en solitaire. Ce matin, ils m’ont donné des petits conseils du type « fais attention à toi », « ne te laisse pas déborder par les petits bobos ». Nous avons parlé réglage de voiles également, j’ai pas mal travaillé la question avec Loick en amont. On a quelques petits secrets à nous… On verra si ça paye dans le sud avec ce type de bateau » expliquait Philippe aux curieux qui cherchaient à connaitre la tenue de ses échanges avec ces deux grands marins.
Comme à chaque départ de tour du monde en solitaire, l’émotion était sensible sur le ponton avec les amis mais surtout avec la famille. Et c’est au moment du dernier échange via facetime, avec l’une de ses filles et son petit-fils Félix, depuis l’Australie, que les yeux du skipper se sont embués de larmes. Car si cette aventure est celle d’un solitaire, elle est aussi celle de tous ceux que Philippe laisse à terre et avec lesquels il sera privé d’échanges pendant toute la durée de sa circumnavigation. « Il y a une foule énorme ici, j’ai plein d’amis qui sont là. J’ai plein de derniers conseils, de petits mots sympas. Ca fait chaud au cœur. Je suis ému. C’est toujours sympa de voir cette force ici tout autour. Beaucoup de gens partagent ce voyage avec moi » a lancé Philippe avant de quitter à 10h15 le célèbre ponton seul à bord de son monocoque numéro 85.
A 12h précises, le coup de canon a résonné dans la Baie des Sables d’Olonne, laissant s’échapper doucement les 17 concurrents dans un vent de 4 à 6 nœuds. Comme Philippe l’avait anticipé hier, le départ s’est fait pour lui aux réglages fins. Et c’est bien son Rustler 36 qui s’est installé en premier dans le sillage de Suhaili et Joshua, bateaux historiques de la première édition ouvrant la voie de la flotte, 50 ans après. Un très beau départ pour celui qui a choisi cette éloge de la lenteur : « Je suis dans ce que j’aime faire ». Tourner lentement autour du monde donc à condition quand même de compter parmi les premiers à revenir autour du 15 février prochain… « Bien sûr cet événement est particulier mais pour moi, c’est avant tout une course. Et je serais très heureux d’être le premier bateau à revenir aux Sables d’Olonne ». Tout est dit… Reste à écrire l’histoire page après page.
Interview de Philippe Péché avant de larguer les amarres :
« C’est un jour très particulier. 50 ans après, se mettre dans les traces de Sir Robin Knox-Johnston, c’est exceptionnellement émouvant. Je suis concentré, j’essaye de préparer mon bateau comme d’habitude, de reprendre un peu mes automatismes de régatier et de me mettre dans la course. Je suis dans ce que j’aime faire. Il y a une foule énorme ici, j’ai plein d’amis qui sont là. J’ai plein de petits derniers conseils, des petits mots sympas. Ca fait chaud au cœur. Je suis ému car c’est toujours sympa de voir cette force ici tout autour. Beaucoup de gens partagent ce voyage avec moi. On n’a pas beaucoup de vent pour le départ. On fera avec ce que l’on a même si ça ne sera pas très photogénique. L’anticyclone qui est au milieu du Golfe de Gascogne n’arrête pas d’aller d’un côté ou de l’autre et du coup, on risque d’être un peu collé pour les prochains jours. Je vais quand même essayer d’aller un peu dans l’ouest, essayer de passer de l’autre côté. Le premier objectif est d’aller attraper l’alizé. C’est le premier qui sera dans l’alizé qui s’en sortira le mieux. Comme souvent en course, ça partira par devant. Il faut réussir à attraper le bon train. Les premiers jours seront très importants, il y a du monde sur l’eau, il va falloir être très focus. »
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