Emmanuel Macron préside mercredi 17 avril à 16H00 à l'Elysée une réunion pour le "lancement de la reconstruction de Notre-Dame de Paris", aux côtés du Premier ministre Edouard Philippe et de plusieurs personnalités.
Pour organiser la reconstruction de la cathédrale, le gouvernement va présenter un projet de loi "Notre-Dame" prévoyant notamment des réductions d'impôt majorées, et lancer un concours international pour une nouvelle flèche, a annoncé mercredi Edouard Philippe.
"Dès la semaine prochaine nous présenterons en Conseil des ministres un projet de loi qui donne un cadre légal à la souscription nationale, que le président de la République a lancée", a-t-il précisé à l'issue d'un conseil des ministres consacré exclusivement à ce chantier après l'incendie qui a dévasté lundi la cathédrale qui est "un peu le clocher du monde".
Un "Monsieur reconstruction a été nommé", en la personne du général Jean-Louis Georgelin, ancien chef d'état-major des Armées.
Le projet de loi précisera "les garanties de transparence et de bonne gestion que nous apporterons dans la gestion des dons", a expliqué M. Philippe.
Il accordera aussi aux particuliers qui effectueront un don "une réduction de leur impôt sur le revenu de 75% jusqu'à 1.000 euros et de 66% au-delà". Les entreprises, elles, bénéficieront des réductions d'impôts habituelles pour le mécénat.
"Seuls les dons inférieurs à 1.000 euros bénéficieront d'un régime fiscal spécifique. Pour tout ce qui est au-delà de 1000 euros, c'est le régime de droit commun qui s'appliquera", a bien souligné le Premier ministre.
5 ans pour reconstruire Notre-Dame est-ce réaliste?
En cinq ans, on fait quoi?
"C'est tenable mais il faut faire un bon choix technologique", a expliqué l'architecte Jean-Michel Wilmotte mercredi sur France Inter. "Vu le choix du président de la République, il faut absolument utiliser des matériaux de synthèse."
"On peut très bien y arriver avec des multinationales qui vont construire ça à toute vitesse comme on fait une tour à La Défense avec du béton armé", renchérit sur RTL Benjamin Mouton, architecte en chef de Notre-Dame jusqu'en 2013.
"Une restauration entre dix et quinze ans me semble raisonnable", avait jugé pour sa part avant l'intervention présidentielle Frédéric Létoffé, co-président du Groupement des entreprises de restauration de monuments historiques (GMH). "Avant de restaurer, la mise en sécurité va demander énormément de travail."
L'architecte Pierluigi Pericolo, qui a participé à la rénovation de la cathédrale de Nantes, incendiée dans des proportions inférieures en 2015, estimait ainsi sur Franceinfo que cette phase de sécurisation durerait "entre deux et cinq ans".
Indépendamment du choix des matériaux retenus pour reconstruire, M. Létoffé rappelle lui qu'il y a des durées incompressibles, notamment le séchage qui peut "prendre des mois". D'autant qu'il faudra poser ensuite "un parapluie" pour protéger des intempéries.
Pas question non plus de mettre la charrue avant les boeufs, c'est-à-dire la charpente avant d'avoir assuré la solidité de la structure, prévient-il encore.
C'est plus long de reconstruire à l'identique?
"Reconstruire à l'identique, aujourd'hui c'est possible humainement et techniquement", rassure François Asselin, président de la CPME et spécialiste de la restauration de charpentes anciennes.
D'autant que les travaux du professeur d'art américain Andrew Tallon ont déjà permis de numériser grandement au laser les recoins de la cathédrale.
"On peut construire un stade en deux ans, mais si on veut utiliser un système traditionnel ça sera bien plus que cinq ans", prévient M. Wilmotte, qui préconise de remplacer le bois de la charpente et le plomb de la couverture par du métal et du titane. "Ca, ça ne brûle pas."
"Notre-Dame est un édifice emblématique aussi pour les métiers de charpentier, les compagnons. Il ne faut pas louper le rendez-vous", affirme M. Mouton.
La modernité a pourtant l'avantage d'être plus légère, d'autant que la charpente est invisible de l'intérieur. M. Wilmotte redoute cependant les difficultés d'accès au centre de la capitale et appelle à utiliser la Seine pour acheminer les matériaux.
A-t-on les moyens humains et matériels pour mener ce chantier?
La reconstruction de Notre-Dame risque d'être confrontée "à un manque de main d'oeuvre en tailleurs de pierre, charpentiers et couvreurs", a averti mardi le secrétaire général des Compagnons du devoir Jean-Claude Bellanger.
Selon lui, il faudra recruter en apprentissage 100 tailleurs de pierre, 150 charpentiers et 200 couvreurs. "Notre secteur souffre de manque de jeunes, d'engouement pour ces métiers (mais) on a la capacité de mobiliser du personnel qualifié", veut pourtant croire Frédéric Létoffé. "Et nous avons en France l'ensemble des matériaux à disposition, que ce soit le bois, la pierre, le zinc, le cuivre, le plomb."
L'assureur Groupama, propriétaire de forêts en Normandie, a même offert les 1.300 chênes centenaires nécessaires à une reconstruction à l'identique.
Quel montant est nécessaire pour la reconstruction?
L'ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon a tiré le premier en donnant une fourchette comprise entre "600 millions et un milliard d'euros". Mercredi midi, les promesses de dons, notamment grâce à l'effort du mécénat privé, atteignaient déjà plus de 800 millions d'euros.
"Cette fois, ce n'est pas l'argent qui va manquer", a résumé le Monsieur Patrimoine Stéphane Bern, alors que tant de chefs d'oeuvre en péril ont du mal à trouver des financements.
"On ne sait pas aujourd'hui estimer le coût", relativise toutefois le président du GMH.
Plus que de la collecte des fonds, le problème pourrait venir des contraintes du droit de la construction, de la réglementation, de procédures administratives habituellement longues, de questions d'assurances...
A l'issue d'un Conseil des ministres entièrement dédié à la reconstruction de Notre-Dame, le Premier ministre Edouard Philippe a d'ailleurs annoncé mercredi une série de mesures pour réaliser l'ambition présidentielle, avec notamment un concours international d'architectes pour reconstruire la flèche qui s'est effondrée, un soutien fiscal aux dons et un projet de loi pour une souscription nationale.
La course contre-la-montre a commencé car le défi présidentiel coïncide justement avec l'échéance des Jeux Olympiques de 2024.
Il faudra 10 à 15 ans pour restaurer Notre-Dame selon la fédération du bâtiment
Il faudra dix à quinze ans et des centaines de millions d'euros pour restaurer Notre-Dame de Paris après l'incendie qui l'a dévastée lundi soir, a estimé mardi la fédération du bâtiment spécialisée dans les monuments historiques.
"Une restauration entre dix et quinze ans me semble raisonnable", a avancé lors d'une conférence de presse Frédéric Létoffé, l'un des deux présidents du Groupement des entreprises de restauration de monuments historiques (GMH).
Cette organisation comprend quelque 200 entreprises dont Le Bras Frères, celle qui gérait le gros de la rénovation de la flèche d'où est parti le feu.
"Avant de restaurer, il va falloir mettre en sécurité le site et ça va demander énormément de travail", a souligné M. Létoffé, évoquant notamment la mise en place d'un parapluie destiné à protéger la cathédrale des intempéries, alors qu'elle a déjà reçu d'importantes quantités d'eau pour éteindre le feu.
Il a aussi souligné que le chantier nécessiterait "un étalement des tâches" entre les différents corps de métiers, la reconstruction de la charpente ne pouvant intervenir qu'à la fin.
Le président du GMH a toutefois admis que ce délai de dix à quinze ans était moindre que les trente jusqu'alors prévus pour la rénovation complète de la cathédrale.
Il explique ce raccourcissement par "l'élan mondial que l'on a et l'argent qui arrive", les promesses de dons atteignant pour l'heure au moins 825 millions d'euros, alors que le chantier initial devait s'étaler dans le temps pour des raisons de financement.
L'organisation reste prudente sur l'estimation du coût du chantier à venir, de même que sa fédération de tutelle, la Fédération française du bâtiment (FFB).
"Il faut laisser faire les études et les estimations (...) mais on peut parler de plusieurs centaines de millions d'euros", a jugé Jacques Chanut, président de la FFB.
"Les compétences existent dans notre pays dans tous ces corps de métiers.
Les filières d'approvisionnement pierre bois aussi", a déclaré de son côté à l'AFP François Asselin, président de la CPME et chef d'une entreprise familiale spécialisée dans la restauration de charpentes anciennes.
"Si on a la volonté de reconstruire à l'identique la cathédrale Notre-Dame et qu'on veut être fiers de ce que nos ancêtres ont pu nous léguer, aujourd'hui humainement et techniquement c'est possible", a-t-il estimé.
La question du financement
Alors que pour la plupart des grands chantiers, la question du financement est une préoccupation majeure, cela ne sera à priori pas le cas ici.
Les promesses de dons pour reconstruire Notre-Dame de Paris dépassaient mercredi à la mi-journée 825 millions d'euros.
A qui donner ?
Quatre organismes (Fondation Notre Dame, Fondation du Patrimoine, Fondation de France ainsi que le Centre des musées nationaux) sont chargés de collecter les dons pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris, a annoncé mercredi matin le Premier ministre Edouard Philippe.
Dans des messages sur les réseaux sociaux, le chef du gouvernement a lancé le site internet (www.gouvernement.fr/rebatirnotredame) appelant "à la générosité de tous", en France et à l'étranger, et dirigeant vers les quatre organismes chargés de la collecte.
Ces quatre acteurs "s'engagent avec l'État pour permettre à chacun de contribuer de manière transparente et sécurisée", est-il expliqué sur le site.
Le modèle en 3D le plus précis de Notre-Dame sur des disques durs américains
Sur le campus de Vassar College au nord de New York, une semaine avant l'incendie de Notre-Dame de Paris, une équipe universitaire s'est réunie pour planifier un ambitieux projet: répertorier un gigantesque volume de données de modélisation en 3D de la cathédrale - les plus précises du monde.
Ces précieuses données sont l'oeuvre d'un homme, décédé en novembre dernier, un professeur d'art américain francophile et francophone, amoureux de l'architecture médiévale et passionné par les cathédrales gothiques, Andrew Tallon.
Sa technique n'était pas nouvelle, mais son usage l'était. En 2011 et 2012, financé par une fondation, Andrew Tallon a utilisé un appareil à laser pour mesurer très précisément l'intérieur et l'extérieur de la cathédrale. Il a placé son appareil dans une cinquantaine d'endroits, afin de mesurer les distances entre chaque mur et pilier, recoin, statue ou autre forme - et enregistrer l'ensemble des imperfections intrinsèques à tout monument usé par les siècles.
Le résultat est un "nuage" de plus d'un milliard de points, qui ont été colorés dans un second temps. Les images de synthèse finales reconstruisent à l'écran la cathédrale dans ses moindres détails, y compris ses infimes défauts, avec une précision de l'ordre de cinq millimètres.
Ces images ont par exemple confirmé à quel point le côté ouest de la cathédrale était "un bazar complet...", avait dit Andrew Tallon à National Geographic en 2015, en montrant le mauvais alignement des piliers.
Andrew Tallon voulait "entrer dans la tête des constructeurs", a expliqué mardi à l'AFP Lindsay Cook, son ancienne étudiante, qui après un doctorat à Columbia est revenue enseigner à Vassar l'an dernier, et est l'une des universitaires à exploiter aujourd'hui les archives numériques.
"Il cherchait dans les scans laser les ruptures dans la construction, les endroits où les choses n'étaient pas tout à fait droites ou d'aplomb, où on pouvait deviner la main de l'architecte ou des maçons", poursuit la professeure d'art, également francophile. Elle admet volontiers qu'elle est tombée dans le gothique grâce à son ancien professeur.
De ces mesures sont nées des images publiées dans un livre en 2013 et montrées dans une exposition à Notre-Dame en 2014. Mais le gros de ce téraoctet de données reste non exploité, sous la forme de 1 et de 0 dans quelques disques durs.
Précision inégalée
Notre-Dame pourra sans doute être reconstruite sans ces données, mais la modélisation par laser apporte une chose aux photographies et aux dessins en possession des architectes de France: de la précision.
C'est particulièrement utile pour les éléments en hauteur comme la toiture et la flèche, plus difficiles à mesurer physiquement. La flèche du XIXe siècle s'est effondrée dans l'incendie, la toiture est largement sinistrée.
La modélisation pourra aider les restaurateurs à recréer à l'identique la partie de la voûte qui s'est effondrée à l'intérieur. "Si les autorités voulaient l'utiliser, bien sûr nous partagerions tout avec eux", dit Lindsay Cook.
Les données sont pour l'instant sur des disques durs externes à Vassar, avec des copies à Columbia, où des universitaires collaboraient avec Andrew Tallon, dans le cadre du projet "Mapping Gothic".
Si les architectes des Monuments historiques demandaient les disques, il faudrait les livrer en personne, car les données sont trop volumineuses pour être transmises par internet.
"Ce serait un bel hommage", dit à l'AFP le doyen de Vassar, Jon Chenette.
Dans d'autres disques durs, les historiens trouveront aussi, s'ils le souhaitent un jour, un autre héritage d'Andrew Tallon: des modélisations laser des cathédrales de Beauvais, de Chartres, de Canterbury ou encore de la basilique de Saint-Denis.
Manque d'artisans qualifiés et débat sur la reconstruction
La reconstruction de Notre-Dame de Paris risque d'être confrontée "à un manque de main d'oeuvre en France en tailleurs de pierre, charpentiers et couvreurs", des métiers "peu valorisés", a averti mardi le secrétaire général des Compagnons du devoir Jean-Claude Bellanger.
"Pour le chantier de reconstruction, il faudrait que dès septembre nous recrutions en apprentissage 100 tailleurs de pierre, 150 charpentiers et 200 couvreurs", a estimé M. Bellanger, interrogé par l'AFP à l'issue d'une rencontre avec la ministre du Travail Muriel Pénicaud pour préparer le Conseil des ministres consacré mercredi à la reconstruction de la cathédrale.
La difficulté, "c'est que ces métiers manuels sont peu valorisés et attirent peu. On a les entreprises qui ont les compétences pour la reconstruction mais on a un manque cruel de jeunes sur ces métiers", a ajouté le responsable de ces centres d'apprentissage.
"Les Compagnons du devoir forment chaque année environ 1.000 charpentiers, 700 couvreurs et 450 tailleurs de pierre", a-t-il précisé.
"Sur les tailleurs de pierre, nous ne sommes que deux CFA (centres de formation d'apprentis) dans l'Île-de-France et le seul dans le Grand Ouest", a souligné M. Bellanger.
Sans afflux d'apprentis vers ces métiers, la priorité donnée à Notre-Dame "risque de se faire au détriment d'autres chantiers", a-t-il déploré.
"Il faudrait que ces métiers retrouvent la reconnaissance d'excellence qu'ils avaient au XIIIe siècle lorsqu'on a construit la cathédrale", a-t-il plaidé.
M. Bellanger voudrait s'appuyer sur "le prestige du chantier de la reconstruction pour améliorer l'image de ces métiers manuels".
"Si le jeune de 16 ans, qui vient chez nous pour un parcours de six ans permettant d'arriver à une licence professionnelle, avait comme perspective de travailler sur le chantier de Notre-Dame, ce serait très valorisant", a-t-il jugé.
Mêmes inquiétudes du coté des architectes. Le manque d'artisans qualifiés et le débat sur les modalités de la reconstruction de Notre-Dame de Paris devraient être les principaux écueils de ce chantier colossal, estime un architecte ayant participé à la restauration du château de Windsor.
"Trouver suffisamment d'artisans capables de travailler la pierre, le bois, le plomb, le verre (...) est un défi pour le secteur dans toute l'Europe", déclare à l'AFP Francis Maude, directeur du cabinet d'architectes Donald Insall Associates, basé à Londres.
"D'autres très grands projets sont confrontés aux mêmes difficultés, comme le Palais de Westminster, sur lequel nous travaillons ici à Londres", souligne-t-il.
Cette pénurie "pourrait être l'élément clé qui déterminera le rythme et peut-être certaines des décisions qui seront prises au cours du processus de restauration" de Notre-Dame, ajoute l'architecte, dont le cabinet avait été sollicité pour travailler sur la restauration du château de Windsor (ouest de Londres).
Datant du XIe siècle, la résidence favorite de la reine Elizabeth II avait été dévastée par un incendie en 1992, avant de retrouver une nouvelle jeunesse, moyennant une facture de 36,5 millions de livres et deux ans de travaux, achevés en 1997.
Les pièces les plus belles avaient pu retrouver leur état d'origine, d'autres avaient été modernisées.
Pour M. Maude, la question du respect de l'architecture originale de Notre-Dame pourrait susciter de "sérieuses discussions" lors de sa reconstruction.
"Il y en aura qui penseront que la seule façon de restaurer Notre-Dame, c'est de la rendre exactement comme elle était avant", développe-t-il.
Mais la restauration pourrait aussi s'inspirer des travaux menés après la Première Guerre mondiale sur la cathédrale de Reims, qui avait reçu un toit en acier résistant au feu.
"Renouveau"
Notre-Dame a d'ailleurs elle-même évolué au cours de son histoire, souligne M. Maude, citant les travaux de l'architecte français Eugène Viollet-Le-Duc au XIXe siècle.
Des parties soigneusement sélectionnées de la cathédrale parisienne pourraient ainsi être modernisées, afin de la rendre plus sûre.
Mais il faudra probablement attendre plusieurs mois avant que le nettoyage de Notre-Dame soit terminé, et qu'une évaluation soit faite pour déterminer ce qui peut être fait.
"Il y a une difficulté en particulier qui me vient à l'esprit: le fait que la cathédrale soit en grande partie construite en calcaire", poursuit M. Maude.
Exposé à des températures de plus de huit cents degrés centigrades, le calcaire "se décompose par réaction chimique (...) et il est alors assez difficile de l'utiliser à nouveau".
"J'imagine qu'il y aura une grande partie de la surface historique de la maçonnerie perdue, mais il y aura peut-être de la pierre enfouie plus profondément dans les murs qui peut être recouverte".
L'intérieur relativement dépouillé de la cathédrale devrait en revanche jouer en sa faveur, comparativement au château de Windsor, où des siècles de réaménagement ont conduit à un réseau complexe d'espaces vides derrière les murs, souligne M. Maude.
L'architecte ne cache pas qu'il serait "ravi d'être invité" à contribuer aux travaux de restauration qui, selon lui, pourraient donner de nouvelles perspectives à la prestigieuse cathédrale.
L'incendie sera "peut-être un symbole de renouveau" pour Notre-Dame, dit-il, en évoquant la possibilité que la restauration puisse traduire l'expression "d'un tempérament artistique de notre époque".
Les statues du toit échappent au sinistre, le coq de la flèche retrouvé
Les douze apôtres et quatre évangélistes monumentaux qui ornaient le toit de Notre-Dame ont échappé au sinistre de justesse, arrivés la semaine dernière près de Périgueux pour y être restaurés, et le coq, que l'on pensait détruit, a été retrouvé dans les décombres.
"Malheureusement le coq a fondu", déplorait mardi matin Patrick Palem, ex-pdg mais toujours conseil de la Socra, l'entreprise de Marsac-sur-l'Isle (Dordogne) chargée de restaurer les 16 statues de cuivre repoussé vert-de-gris datant du XIXe siècle, qui avaient été hélitreuillées jeudi dernier alors qu'elles entouraient la flèche.
Le coq de la flèche devait être décroché en juin pour rejoindre à son tour les ateliers de la Socra (Restauration et conservation d'oeuvres d'art et monuments historiques).
Ce coq, également en cuivre repoussé, abritait selon l'Eglise des reliques de sainte Geneviève et saint Denis, ainsi qu'un fragment de la couronne d'épines du Christ, censées protéger les Parisiens.
"C'est une bonne nouvelle. Tout ce que l'on peut retrouver, récupérer, est une bonne nouvelle, tout ce qu'on va trouver va nous aider dans la reconstruction", s'est réjoui mardi soir M. Palem auprès de l'AFP.
"Il faudra voir l'état (du coq), il doit être explosé, très altéré", a-t-il pressenti. "J'imagine qu'il y aura, qu'il y a peut-être des discussions en cours pour savoir si on le conserve en l'état, symboliquement, en considérant qu'il a été témoin de qui s'est passé, pour en reconstruire un à l'identique qu'on mettrait en haut de la flèche, ou bien si l'on décide de le restaurer et le redorer pour le remettre sur la flèche".
La restauration des seize statues elle, "est pour l'instant arrêtée et repoussée, ce n'est plus la priorité", a souligne M. Palem, spécialiste depuis 40 ans de la restauration du patrimoine et désormais conseiller de la Socra qu'il a vendue en octobre.
Pour l'instant, les douze apôtres sont dans un entrepôt, alignés sur des palettes de bois, leur tête posée à leurs pieds car les statues ont été "décapitées" pour pouvoir être hélitreuillées.
"La statue, explique M. Palem devant l'un des apôtres, a été réalisée par un atelier qui s'appelle Monduit et qui avait aussi crée la Statue de la Liberté à New York. C'est du cuivre repoussé qui est fixé à une armature en acier avec une colonne vertébrale, comme nous. C'est-à-dire qu'il y a une colonne vertébrale en acier et une peau en cuivre".
Les quatre évangélistes, eux, sont encore dans leurs caisses de bois.
Le chantier de la restauration des statues était estimé pour la Socra à "quelque 400.000 euros", selon M. Palem. "Mais la priorité, c'est un chantier à plus grande échelle, la reconstruction et la rénovation de Notre-Dame qui pourrait prendre entre 15 et 20 ans probablement pour un coût de plusieurs centaines de millions d'euros", a-t-il estimé.
L'extraction des seize statues de la flèche de Notre-Dame avait donné lieu jeudi à une opération spectaculaire d'hélitreuillage dans le ciel de Paris.
Ces oeuvres avaient ensuite été acheminées par camion jusqu'aux ateliers de la Socra et elles devaient retrouver définitivement leur place en 2022.
Elles avaient été installées lors de la reconstruction de la flèche de la cathédrale, menée en 1859-1860 par l'architecte Eugène Viollet-le-Duc, qui s'est lui-même fait représenter sous les traits de Saint Thomas. La flèche d'origine avait été construite en 1250, puis démontée dans les années 1786-1792.
Pour Patrick Palem, "quelle que soit la qualité de la reconstruction et de la rénovation de Notre-Dame, ce ne sera plus jamais la même. Notre-Dame, a-t-il dit, très ému, c'est un éléphant, dont on pensait que rien ne pourrait jamais le mettre à terre."