L'usine Poclain Hydraulics de Verberie, qui fabrique également des pompes et des valves, a ouvert ses portes aux élèves de terminale spécialité usinage du lycée professionnel Robert Desnos de Crépy-en-Valois (Oise) à l'occasion de la Semaine de l'industrie.
Aujourd'hui, l'opérateur est "polyvalent" et "travaille sur deux, trois, quatre machines", un impératif pour maintenir de la productivité, souligne Jérôme Gagneux, responsable ressources humaines du site.
Il "est en charge de sa production, de ses changements d'outils. Il ne conçoit pas le programme, par contre il appelle le programme lorsqu'il vient à changer de série ou de type de pièce. Il doit faire son auto-maintenance, ses contrôles techniques, ses mesures", explique le dirigeant.
Travail en autonomie donc, doublé de nombreux échanges avec leurs homologues à l'étranger, relève-t-il.
"Nos techniciens méthode en France échangent beaucoup avec leurs homologues tchèques, indiens et américains et leur langue commune de travail, c'est l'anglais", détaille M. Gagneux, qui rappelle que 80% de la production est exportée.
Objectif de cette semaine de l'industrie, "montrer que l'industrie est en pleine révolution" et "montrer qu'en France, on est encore capable d'avoir ce type d'industrie et d'être compétitif", dit Loïc Sainte-Beuve, directeur de l'usine.
"Dans nos métiers et dans notre bassin d'emploi, le recrutement est difficile, donc une des façons d'attirer les jeunes talents, c'est d'ouvrir l'industrie à toutes ces écoles".
"L'usinage en lui-même ne fait pas rêver. On a du mal à les recruter" et s'agissant des ingénieurs, "c'est plutôt la région qui attire moins", note-t-il.
L'avenir pour nous
Les lycéens, dont le quotidien est l'apprentissage technique, ne sont pas dépaysés par l'univers de l'atelier, mais le changement d'échelle les interpelle.
"C'est impressionnant de voir la taille des machines", confie l'un d'entre eux, Romain, qui pointe aussi "l'organisation".
L'un de ses camarades, Anthony retient pour sa part "la taille de l'entreprise, le nombre de salariés". "Ça montre l'avenir pour nous. On va peut-être travailler dans une société comme ça", indique-t-il. "Au lycée, on fait des pièces à l'unité, là c'est en série", ajoute-t-il.
La question de l'avenir après le bac professionnel est bien présente chez les lycéens de terminale, constate Julien Lemaire, conseiller principal d'éducation au lycée Robert Desnos.
"Après le bac, ils ont peur de se retrouver au chômage. Ils voudraient poursuivre des études" ou "développer de nouvelles compétences" après l'usinage, constate-t-il. L'un des enjeux de ces visites d'entreprises est de leur donner des éléments de réponse.
L'usine Poclain Hydraulics de Verberie, ouverte en 1968, emploie 230 personnes. Elle a obtenu le label Vitrine de l'Industrie du Futur, qui distingue des sites industriels engagés dans la transformation numérique et le déploiement des nouvelles technologies.
L'univers numérique est désormais largement intégré à la fabrication: les opérateurs disposent d'écrans tactiles qui les informent sur la production en cours (fiches d'instruction, relevés de cotes, avertissements).
Imprimante 3D pour des prototypes de pièces, caméras de supervision, maintenance assistée sur smartphone: l'usine a mis en place toute une série d'outils numériques. "On travaille pour 2025", dit le directeur.
"L'usine 4.0 c'est la simplification et la vitesse d'exécution", résume Loïc Sainte-Beuve.
Plusieurs anciens élèves du lycée Robert Desnos sont entrés chez Poclain Hydraulics, et certains sont aujourd'hui à des postes de responsabilité, comme superviseur, ajoute Jérôme Gagneux.