Ce bâtiment de 100.000 m2 a été réalisé avec le promoteur américain Prologis sur un ancien site industriel de PSA à Moissy-Cramayel en région parisienne.
Il accueillera progressivement quelque 400 salariés auparavant répartis sur trois autres sites, également en Seine-et-Marne, pour livrer des produits non alimentaires aux magasins du groupe et à des particuliers.
Dans l'immobilier logistique, réputé très polluant, Monoprix n'est pas le seul à viser la neutralité carbone. La société de transports DHL avance par exemple un objectif similaire d'ici 2050 pour son nouveau site de Tremblay-en-France.
L'entrepôt de Monoprix sera le premier au monde à être certifié par l'ONG International Living Future Institute mais, selon un avis de l'Agence de la transition écologique (Ademe) datant d'avril, la neutralité carbone "ne peut être définie qu'à l'échelle de la planète ou d'un État".
"C'est une goutte d'eau, et on le sait, à l'échelle du défi environnemental mondial", a déclaré à l'AFP Jean-Paul Mochet, président de Franprix et Monoprix, filiales de Casino.
Pour obtenir cette certification, il a fallu construire de manière moins polluante, en réutilisant par exemple des matériaux issus de la démolition du précédent site. L'immense charpente est, elle, en bois, provenant de forêts en gestion durable.
D'après Monoprix et Prologis, la construction a émis 40.000 tonnes de CO2 de moins que pour un entrepôt classique.
La surface au sol est aussi moins importante grâce à un rangement tout en hauteur, approvisionné par des robots.
Les machines, semblables à de gros aspirateurs autonomes, ont chacune leur petit nom écrit à l'avant: "Baba", "Toxi", ou encore "Loga", se rechargent toutes seules en se branchant à un chargeur rapide et grâce à leurs mouvements en descente.
Transport encore polluant
Au-dessus des centaines de cartons remplis de fers à repasser ou de paniers en osier, le toit est aussi recouvert de 36.000 m2 de panneaux solaires, qui approvisionnent le site en électricité, et le chauffage se fait par géothermie.
"On consomme moins et ça devrait nous revenir moins cher à terme", assure Jean-Paul Mochet.
Le transport reste néanmoins polluant, car la plupart des camions de Monoprix fonctionnent encore au diesel. Une dimension non négligeable quand on sait que plus de 45 millions de colis doivent être envoyés depuis l'entrepôt.
D'ici 2024, l'entreprise vise 50% de véhicules au gaz naturel.
En dépit des efforts réalisés, il reste pour le promoteur environ 35.000 tonnes d'émissions de CO2 à compenser pour arriver à son objectif de "neutralité carbone" sur une période d'exploitation de 50 ans.
Il promet pour cela un grand programme de plantation d'arbres, une méthode contestée par certains défenseurs de l'environnement qui estiment qu'elle serait au mieux insuffisante, et au pire perturberait l'équilibre des sols.
Plus inattendu, Prologis s'est engagé à favoriser la biodiversité sur le site en créant un verger et en installant des ruches. Le miel sera d'ailleurs analysé tous les mois pour "évaluer la qualité de la biodiversité".
Au total, le site a coûté 60 millions d'euros à Prologis et 3 millions à Monoprix, et représente "un surcoût d'environ 15%" par rapport à un entrepôt classique, selon Sébastien Laizet, directeur général de Samada, la filiale logistique de Monoprix.
La chaîne de magasins l'exploitera pour au moins douze ans.
Prologis fait partie de la trentaine d'acteurs de l'immobilier logistique qui ont signé en août une charte d'engagement volontaire avec le gouvernement pour faire des entrepôts plus verts.
Présent lors de l'inauguration, le ministre délégué aux PME, Alain Griset, a assuré que la question du développement des entrepôts serait abordée lors des Assises du commerce, prévues en novembre.