
Jugeant que "notre modèle social se finance trop par le travail", le président a déclaré souhaiter l'ouverture "dans les prochaines semaines" d'un "chantier" sur le sujet, lors d'un entretien où il était confronté à la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.
"Je demande au gouvernement de l'ouvrir avec l'ensemble des forces syndicales et patronales", a-t-il dit, estimant qu'il faut "aller chercher de l'argent en dehors du seul travail" notamment par le biais de la "consommation".
Le président a aussi souhaité l'organisation d'une "négociation" sur "la qualité du travail et l'évolution des formes de travail", alors que "de plus en plus de jeunes (...) ne veulent pas être salariés" et "de plus en plus de seniors" veulent "travailler différemment", selon lui.
Emmanuel Macron en revanche a répondu "non" à la demande de Sophie Binet d'organiser un référendum sur l'abrogation de la réforme des retraites qui avait donné lieu à une très large mobilisation dans les rues en 2023 avant d'être mise en œuvre sans vote du Parlement, par l'article 49.3 de la Constitution, par l'ex-Première ministre Elisabeth Borne.
Le Premier ministre François Bayrou a invité en début d'année les partenaires sociaux à rediscuter de cette réforme qui fait passer de 62 à 64 ans l'âge légal de départ en retraite, en leur promettant de soumettre au vote du Parlement un éventuel accord.
"Il faut aller au bout de cette discussion", a estimé M. Macron. "Si vous étiez préoccupé par le sort de ces femmes et de ces hommes, vous seriez resté autour de la table pour les défendre", a-t-il lancé à la responsable syndicale.
La CGT a claqué la porte de ce "conclave" le 19 mars, après le refus répété de François Bayrou de revenir aux 62 ans. Les discussions se poursuivent depuis avec des cinq des huit partenaires sociaux après les départs également des artisans et commerçants de l'U2P et de Force ouvrière et sont censées aboutir d'ici fin mai.
"On ressort de cet échange sans aucune annonce, pour améliorer" les salaires, les conditions de travail, les retraites ou les indemnités des "travailleurs et travailleuses", a déploré la numéro un de la CGT en conclusion de ce débat sur TF1.
"Pourquoi faire 2h20 d'émission si c'est seulement pour faire la com' de son bilan ?", s'est-elle étonnée auprès de l'AFP après cet échange. "On a un président qui s'est transformé en professeur Macron, comme si on était ses élèves... Mais les travailleurs, ce n'est pas qu'ils n'ont pas compris sa politique, c'est qu'ils voient sur le terrain que leurs conditions de travail se dégradent".
"J'attendais une inflexion, à commencer par la réforme des retraites, cela aurait permis de sortir par le haut.... Mais il a fermé toutes les portes", a déploré Mme Binet.
Le gouvernement n'a pas d'annonce à faire, dit la porte-parole
Le gouvernement n'a pas d'annonce à faire sur la tenue "d'une conférence sociale" sur le financement du modèle social, demandée mardi soir par Emmanuel Macron, mais juge l'idée "intéressante" selon sa porte-parole Sophie Primas.
"Je n'ai pas d'annonce à vous faire sur un nouveau conclave, mais je trouve que cette idée proposée par le président de la République est tout à fait intéressante", a déclaré mercredi Mme Primas sur Sud Radio, semblant dire ainsi que cette annonce présidentielle n'avait pas fait l'objet d'échanges préalables avec le gouvernement.
Là encore, "la discussion n'a pas eu lieu encore avec le Premier ministre et le gouvernement (...) Mais je trouve que la question est intéressante, elle doit être posée", a indiqué Mme Primais.
Pour la porte-parole du gouvernement, cette question du financement de notre modèle social pourrait être l'objet du référendum voulu par François Bayrou sur les finances publiques.
"Le président de la République ne l'a pas enterré, à condition qu'il y ait une question précise", a-t-elle jugé.
Emmanuel Macron a cependant fait remarquer que la fiscalité était du ressort du Parlement et n'entrait pas dans le champ des sujets autorisés à référendum par l'article 11 de la Constitution.