En France, malgré des avancées majeures en la matière, l’écart dans le monde du travail entre hommes et femmes persiste. L’écart salarial, malgré un arsenal législatif mis en place et renforcé dernièrement, est l’un des aspects les plus flagrants de la discrimination que vivent les Françaises. Mais d’autres formes de discrimination existent : certains secteurs restent essentiellement masculins et les femmes sont souvent mises à l’écart. Pour autant, certains métiers du BTP, de l’industrie et de la logistique tendent à s’ouvrir de plus en plus aux femmes, avec son lot d’histoires, qu’elles soient heureuses ou malheureuses.
MisterTemp’, solution d’intérim multicanale, a recueilli les témoignages de ces femmes qui évoluent dans des postes essentiellement occupés par des hommes. Pour ce faire, les directeurs des agences aquila RH, réseau d’agences d’intérim en franchise spécialisés dans le recrutement des profils CAP à Bac +2 ont contribué à recueillir ces témoignages : aquila RH Niort, aquila RH Nantes, aquila RH Pessac, aquila RH Grenoble et aquila RH Clermont Ferrand. Les témoignages brassent de nombreux secteurs d’activités : le BTP, la logistique, l’industrie lourde et l’entrepreneuriat.
Dans le BTP, les femmes s’imposent
L’un des secteurs les plus masculins s’ouvre timidement aux femmes. Si la part des femmes dans le bâtiment progresse, passant de 8,6% en 2000 à 11,9% en 2015, les inégalités hommes-femmes sont encore très importantes d’après la Fédération Française du Bâtiment (FFB). Qu’en est-il sur le terrain ? Les intérimaires d’aquila RH témoignent.
Soizic P., peintre en bâtiment, intérimaire chez aquila RH Niort
“ Avant de choisir la carrière de peintre en bâtiment, j’ai occupé un poste administratif au sein d’une coopérative agricole pendant 12 ans. J’ai suivi un cursus scolaire des plus classiques : après l’obtention de mon BAC ES, j’ai passé un DEUG en sociologie puis un BTS en comptabilité.
Mais au bout de 12 années à être derrière un bureau, j’ai souhaité changer de carrière. J’ai alors réalisé un bilan de compétence. Mon tempérament actif m’a orienté vers les métiers manuels et j’ai alors choisi cette nouvelle voie qui me correspondait : celle de devenir peintre. Déjà adolescente, j’adorais bricoler et travailler dans un milieu masculin ne me faisait pas peur. C’est alors via le GRETA que j’ai suivi la formation de CAP Peintre.
À l’annonce de ce nouveau changement de carrière, mon mari m’a soutenu à demi-mot. Ayant réalisé un stage dans ce métier, il craignait que ce soit difficile (il conservait un mauvais souvenir de la girafe ponceuse) mais face à mon obstination, il m’a soutenu, comme tout mon entourage par ailleurs. Mon fils est celui qui était le plus excité : il voulait tout le temps m’accompagner sur les chantiers et découvrir les métiers du BTP.
J’ai pu constater la féminisation du métier de peintre. Et le premier fait qui m’a étonné est le nombre de femmes présentes à la formation. Sur une classe de 6 élèves, il n’y avait qu’un seul homme. Je pense que s’il y en a de plus en plus, c’est tout simplement qu’il s’agit de l’un des métiers du BTP le plus accessible. Certaines tâches restent tout de même très physique comme la lourde girafe ponceuse mais ce n’est pas insurmontable.
Du côté relationnel, pour ma part, j’ai eu de la chance de travailler avec des équipes, des chefs d’équipe et des patrons bienveillants. Il arrive tout de même de recevoir quelques brimades de la part de ses collègues mais cela reste surtout dans l’esprit de la camaraderie. Il faut savoir répondre avec les mots justes. Toutefois, je nuance dans la mesure où certaines amies de la formation ont été confrontées à des collègues voire même des chefs d’équipe qui leur ont fait comprendre qu’elles n’avaient pas leur place sur un chantier. Pour autant, cela ne les a pas découragées et occupent toutes des postes de peintres et ne se laissent pas faire.
Je ne regrette pas d’avoir choisi ce nouveau métier qui répond parfaitement à mon envie de voir autre chose et de ne plus être enfermée derrière un bureau.”
Sokina I., électricienne industrielle / électromécanicienne, intérimaire à l’agence aquila RH Clermont Ferrand
“Rien ne me prédisposait dans cette voie. J’ai passé en 2004 un DE aide-soignante mais j’ai rapidement changé d’avis. Je me suis tournée vers les métiers manuels en travaillant pendant 10 ans dans le secteur des télécoms. Je n’avais pour bagage que ma minutie et ma logique. Puis, j’ai finis par me lasser de mon ancien poste que je trouvais répétitif. J’ai alors réalisé un bilan de compétence. Ce métier figurait dans la liste de mes possibilités. J’ai rencontré de nombreux professionnels du métier qui ont su réconforter la nouvelle voie que je voulais emprunter. J’ai donc passé un Certificat de Qualification Professionnelle Interbranche en 2015. Toute ma famille m’a également soutenu dans ce nouveau projet professionnel. Les quelques expériences professionnelles se sont relativement bien passées, à l’exception de certains anciens collègues qui m’ignoraient ni ne souhaitaient travailler avec moi. Je ne l’ai pas spécialement pris pour moi et je suis passé outre. Même si de plus en plus de femmes occupent des postes dans ce métier, elles restent rares sur les chantiers. Je n’ai jamais travaillé avec une autre femme, à l’exception de femmes occupant un poste à responsabilité. Pour être accepté à sa juste valeur dans son équipe et être pris au sérieux, il faut, à chaque fois, faire ses preuves et montrer nos compétences. Toutefois, je suis optimiste pour l’avenir. Je constate un changement dans les mentalités, que ce soit du côté des employeurs que des collègues qui embauchent et travaillent de plus en plus avec des femmes, tant que les compétences sont là.”