Le secteur, avec 1,5 gigawatt raccordé l'an dernier, proche du record de 2017, atteint 15,8 GW de puissance installée, couvrant 6% de la consommation française d'électricité, souligne le bilan annuel de la profession, publié mardi.
Près de 8.000 éoliennes terrestres, réparties sur 1.380 parcs, jalonnent désormais le territoire, en particulier les Hauts-de-France et le Grand Est (50% du total à eux deux). Quant aux parcs en mer, toujours pas un début de chantier mais le dernier appel d'offres attendu, celui de Dunkerque, a finalement été attribué en juin.
Des six autres, dont les appels d'offres avaient été lancés entre 2011 et 2013, Saint-Nazaire sera le premier à voir le jour, début 2022, après l'adoption de la décision finale d'investissement.
De contestations en justice en soubresauts réglementaires, sept ans en moyenne sont aujourd'hui nécessaires avant de pouvoir inaugurer un parc terrestre et 10 pour un parc marin.
L'Hexagone est le 4e pays éolien européen mais loin du leader allemand (59,3 GW). En dépit d'une chute des coûts, appelant moins de soutien public, la dernière décennie montre une activité en pics et en creux, une page que la profession veut tourner.
Car l'enjeu est de passer à 2 GW terrestres supplémentaires par an, pour atteindre l'objectif de 34 GW cumulés fixé pour 2028 par la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), la feuille de route énergétique de la France.
Les promesses du flottant
"2018-19 a été une année charnière", se félicite Pauline Le Bertre, déléguée générale de France Energie Eolienne, qui rassemble les professionnels de la filière. "Le travail sur la PPE, le +grand débat+, les marches pour le climat, les élections européennes, une prise de consciente grandissante des questions environnementales... l'éolien, et l'énergie en général, se sont retrouvés au coeur du débat".
"Maintenant il faut accélérer, et on a besoin de mesures pour cela", dit-elle.
Si deux tiers des projets font encore l'objet de recours, plusieurs réformes ont ces dernières années renforcé leur solidité juridique, et fluidifié les procédures administratives. Mais "on a un cadre législatif stable qui se fait attendre", souligne Olivier Perot, du groupe Senvion, et président de FEE.
Les professionnels attendent en particulier que le gouvernement, qui a promis de relever le rythme des appels d'offres pour l'éolien en mer à 1 gigawatt par an "d'ici à 2024", précise son calendrier.
A terre, ils réclament un raccourcissement des délais d'instruction, et espèrent avancer dans les discussions avec l'aviation civile et l'armée sur la question des éoliennes de grande hauteur.
Autres chantiers, l'harmonisation territoriale du déploiement et l'avenir des réseaux de raccordement.
"Pour l'éolien terrestre, on est sur un bon chemin. Mais pour l'offshore, on est très en retard", résume Pauline Le Bertre.
Or l'enjeu industriel est fort, notamment pour le flottant où la France veut faire valoir un avantage technologique.
A côté de l'éolien posé (mât fixé sur le plancher marin), le flottant est nécessaire plus au large ou quand les fonds descendent abruptement comme en Méditerranée.
Il fait à ce stade l'objet de démonstrations industrielles dans le monde, et la France compte plusieurs entreprises en pointe, telle Ideol et son site pilote au large du Croisic. Trois fermes pilotes sont aussi annoncées en Méditerranée.
En attendant, le secteur insiste sur l'impact économique de l'activité pour les régions.
"Premier employeur du secteur des renouvelables en France", l'éolien est un vecteur d'emplois "non délocalisables et pérennes", insiste le rapport, qui en recense plus de 18.000 directs et indirects (+6% en 2018 par rapport à l'année précédente). Et avec les six premiers parcs marins, ce sera 8.000 supplémentaires, promet-on.