Les deux enquêtes mensuelles publiées mercredi par l'Insee révèlent en effet un regain d'optimisme des acteurs économiques.
Côté consommateurs, le moral des ménages se rapproche à nouveau de sa moyenne de longue période en progressant de deux points par rapport à avril, avec des Français plus confiants sur leur situation financière future et moins enclins à épargner.
Et la part de ceux qui jugent que leur niveau de vie va s'améliorer au cours des 12 prochains mois revient au-dessus de la moyenne.
Le rebond est encore plus fort chez les chefs d'entreprise: le climat des affaires dépasse pour la première fois depuis février 2020 sa moyenne de long terme et même le niveau d'avant-crise.
Ce sursaut d'optimisme est dû avant tout à de meilleures perspectives pour les services, avec la réouverture de tous les commerces fermés depuis le 19 mai et un rebond "extrêmement vif" des opinions positives dans le secteur de l'hôtellerie-restauration, qui a particulièrement souffert de la crise sanitaire, précise l'Institut national des statistiques.
Les enquêtes suggèrent "une forte progression de l'activité économique, en lien avec l'allègement graduel des restrictions sanitaires en France et dans nombre de pays", note dans un tweet Julien Pouget, le chef du département de la conjoncture de l'Insee.
Elles confortent aussi la tendance déjà dessinée en fin de semaine dernière par le fort redressement de l'indice d'activité du secteur privé mesuré par le cabinet IHS Markit, dont l'échantillon est cependant plus restreint que celui de l'Insee.
Rattrapage ou plus ?
"L'économie française est dans une situation assez remarquable ce printemps, c'est assez bluffant", relève auprès de l'AFP Philippe Waechter, chef économiste chez Ostrum Asset Management. "C'est un peu équivalent à ce qu'on avait eu entre mai et juin l'année dernière, mais le confinement avait été beaucoup plus marqué."
"Ce mois-ci c'est très clair, on a une nette amélioration de la confiance de tous les secteurs et agents économiques", et "ça se voit à travers la zone euro", constate aussi Philippe Ledent, économiste de la banque ING.
Mais "cela ne veut pas dire à ce stade que le niveau d'activité global serait revenu à son niveau d'avant crise", met en garde M. Pouget, de l'Insee.
Dans sa dernière enquête publiée le 10 mai, la Banque de France avait ainsi pointé que le niveau d'activité au mois d'avril restait 6% inférieur à celui atteint juste avant l'épidémie de Covid-19.
"Ce qui draine surtout la confiance dans une direction positive pour le moment c'est vraiment l'espérance que les économies vont pouvoir rouvrir", un processus dans lequel "l'évolution de la vaccination joue un rôle très important", selon M. Ledent.
Depuis le début de l'année, la France, tout comme les autres économies européennes, "est un peu en retard dans ce processus de relance par rapport à la situation aux Etats-Unis" ou au Royaume-Uni.
Pour cet économiste, l'année 2021 est placée en Europe sous le signe du rattrapage et il faudra attendre 2022 pour savoir si le continent est sur une trajectoire de croissance durable, "là où les Etats-Unis vont probablement dépasser leur niveau d'avant-crise ce trimestre-ci" en raison d'une chute d'activité moins importante l'année dernière et d'une reprise plus précoce.
Philippe Waechter voit pour sa part dans la dynamique actuelle "quelque chose qui peut être plus durable et pas simplement un effet de rattrapage", notamment grâce à "des impulsions du reste du monde (...) aujourd'hui beaucoup plus fortes qu'elles ne l'étaient".
Il relève notamment que "le commerce international progresse à une vitesse très rapide, on est à quasiment +7% au mois de mars sur un an, ce qu'on avait pas vu depuis très longtemps".