Dans un contexte de profondes mutations pour les syndicats patronaux, "une nouvelle composante va entrer dans l'UPA, les professions libérales", représentées par l'UNAPL, a déclaré mercredi à l'AFP le président de l'UPA, Jean-Pierre Crouzet, qui fera officiellement l'annonce jeudi lors du raout annuel de l'organisation patronale.
De fait, cette dernière va réformer ses statuts pour permettre cette évolution et changera de nom d'ici le 17 novembre.
Concrètement, l'UNAPL, qui doit entériner cette décision aussi le 17 novembre en assemblée générale, deviendra une confédération active de la nouvelle structure, au côté des trois confédérations fondatrices de l'UPA (Capeb - bâtiment, CNAMS - services et fabrication - et CGAD - alimentation et hôtellerie-restauration) et de la CNATP (travaux publics), confédération associée.
Les deux organisations ont déjà un passé commun, ayant signé en 2014 un protocole d'accord pour mener des actions ensemble.
Mais "on a besoin d'exprimer plus fortement ce que l'on représente dans notre pays, puisque bien souvent des lois sont prises qui ne correspondent pas à la majorité des entreprises et de leurs salariés", a expliqué M. Crouzet.
"Depuis des décennies, tout le monde nous adore, et pourtant, rien n'est fait pour nous", a-t-il déploré.
Il y a en France 1,3 million d'entreprises de l'artisanat et du commerce de proximité, dans les secteurs du bâtiment, des travaux publics, de la fabrication, des services, de l'alimentation et de l'hôtellerie-restauration, tandis que les professions libérales représentent un million d'entreprises et un million de salariés.
Au total, 98% des entreprises emploient moins de 50 salariés dans l'Hexagone.
Or, "aujourd'hui, on construit la norme sociale exclusivement sur le modèle des grandes entreprises, et on demande aux petites entreprises de s'adapter à cela", a expliqué de son côté à l'AFP Michel Chassang, président de l'UNAPL.
"Ca suffit, c'est devenu insupportable", a-t-il lancé, espérant ainsi pouvoir ainsi "peser plus dans le débat du dialogue social".
Représentativité patronale
Cette annonce intervient dans un contexte de profondes mutations déclenchées par la réforme de la représentativité patronale.
Les syndicats d'employeurs doivent déposer d'ici la fin de l'année des dossiers pour que puisse être mesurée leur audience, essentielle à partir de 2017 pour la répartition des sièges dans les instances paritaires et celle des fonds de financement du paritarisme.
Le ralliement des professions libérales aux artisans et commerçants est donc un enjeu de taille.
Pour l'UNAPL, qui avait exprimé l'an dernier sa légitimité à devenir une organisation patronale représentative au niveau interprofessionnel au même titre que le Medef, la CGPME et l'UPA, cette manoeuvre a aussi du sens.
"Nous ne pouvons pas accéder au niveau interprofessionnel, non pas parce qu'on est pas suffisamment nombreux, mais parce que nous ne sommes pas représentatifs dans l'industrie", a expliqué M. Chassang.
Pour pouvoir prétendre à la représentativité nationale interprofessionnelle, il faut en effet être représentatif dans l'industrie, le commerce, la construction et les services. Ce n'est pas le cas de l'UNAPL qui est donc privée de certaines négociations.
Par ailleurs, l'idée est aussi d'"essayer de réunifier les organisations patronales", selon M. Chassang. "Se regrouper irait peut-être dans une meilleure défense des entreprises françaises", a-t-il suggéré, n'excluant pas que d'autres organisations, à l'image de la CGPME, puissent à terme rejoindre ce mouvement.
L'UNAPL ne craint-elle pas que ses intérêts soient dilués dans cette nouvelle structure? Non, balaye M. Chassang: les décisions y seront prises "à l'unanimité".
Les libéraux sont "des professionnels avec qui nous partageons les mêmes objectifs", notamment en matière de fiscalité ou de droit du travail, a assuré pour sa part M. Crouzet.
Ce dernier présentera en outre jeudi ses 13 priorités pour le prochain quinquennat, regroupées autour de quatre axes: "donner un avenir à chaque jeune", "centrer les politiques sur les TPE-PME", "garantir une concurrence loyale" et "réformer le droit du travail".
"Ce que l'on veut, c'est peser dans le débat auprès des candidats à la présidentielle et aux législatives derrière pour véritablement qu'il y ait des engagements qui puissent être pris", a déclaré le représentant patronal.