Concertation
Le haut-commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye commence mi-avril 2018 à consulter syndicats et patronat pour préparer le futur système de retraite universel par points, promis par Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle pour remplacer les 42 régimes existants (privés, spéciaux, des fonctionnaires etc.).
Quelques jours avant la fin de cette concertation, Emmanuel Macron confirme le 25 avril 2019 que l'âge légal de départ restera à 62 ans. Mais il évoque un allongement de la durée de cotisation et un "système de décote qui incite à travailler davantage", pour financer la réforme.
Le 18 juillet 2019, M. Delevoye présente ses préconisations, parmi lesquelles figure un "âge d'équilibre" de 64 ans permettant une retraite à taux plein.
Le 26 août, Emmanuel Macron indique sa préférence pour "un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l'âge".
Grève reconductible
La concertation reprend le 5 septembre, cette fois avec le Premier ministre Édouard Philippe.
Le 13 septembre, une grève à la RATP paralyse quasiment Paris et sa banlieue.
Le 5 décembre a lieu la première journée d'action nationale et interprofessionnelle, avec des manifestations à travers la France (806.000 manifestants selon l'Intérieur, 1,5 million selon la CGT). La grève est reconductible à la SNCF et à la RATP. Chez les enseignants, elle atteint des taux records depuis 2003 malgré des promesses gouvernementales de revalorisations salariales.
Age pivot
Le 11 décembre, Édouard Philippe annonce que le système universel s'appliquera à partir de la génération 1975. Mais chez certains fonctionnaires et agents de régimes spéciaux, les premières générations concernées seront celle de 1980, voire 1985.
Un dispositif de bonus-malus incitera à travailler plus longtemps, avec un "âge d'équilibre" atteignant 64 ans en 2027.
Cet âge pivot appliqué progressivement dès 2022 fait basculer la CFDT, favorable sur le principe au système universel, dans le camp des opposants. "La ligne rouge est franchie", selon son secrétaire général Laurent Berger.
Pas de trêve de Noël
Après des révélations sur des activités bénévoles non déclarées et d'autres rémunérées, le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye démissionne le 16 décembre. Il est remplacé par le député LREM du Nord Laurent Pietraszewski.
La journée nationale d'action du 17 décembre (la troisième), est organisée cette fois à l'appel de l'ensemble des syndicats. CGT, FO, CFE-CGC, Solidaires et FSU réclament le retrait du projet, CFDT, CFTC et Unsa l'abandon de l'âge pivot.
Les transports restent perturbés pendant les congés de fin d'année.
Au fil des jours, des concessions sont accordées à une dizaine de professions (policiers, pilotes de ligne, marins, danseurs de l'Opéra...).
Retrait sous conditions de l'âge pivot
Le 11 janvier, Édouard Philippe se déclare "disposé à retirer", sous conditions, l'âge pivot de 64 ans en 2027.
Le Premier ministre invite les partenaires sociaux à participer à une "conférence de financement" suggérée par Laurent Berger. Faute d'accord d'ici fin avril, le gouvernement agira par ordonnances.
CFDT, Unsa et CFTC répondent favorablement. CGT, FO et Solidaires appellent à de nouvelles actions pour le retrait du projet.
La mobilisation se poursuit dans les ports, raffineries, à la Banque de France, à l'Opéra de Paris ou chez les avocats.
La grève illimitée est suspendue à partir du 20 janvier à la RATP, après 46 jours. Le trafic revient également à la normale à la SNCF.
Conseil des ministres
Le 24, le projet de loi est présenté en conseil des ministres. Le Conseil d'Etat déplore dans un avis des "projections financières lacunaires" et un recours aux ordonnances qui "fait perdre la visibilité d'ensemble".
Les travaux de la conférence de financement sont lancés le 30 janvier. Une 9e journée nationale d'action est fixée au 6 février.