L’étude met en évidence les aspirations des Français quant à l’habitat et comment celles-ci se différencient au sein de la population, mais également les modes et imaginaires d’habiter différents dans lesquels les Français peuvent se projeter.
Une forte aspiration à aller vivre ailleurs pour changer de cadre de vie
Les conceptions de l'habitat et des manières d'habiter évoluent au gré des mutations sociétales nombreuses liées au vieillissement de la population, aux mutations de la famille, à la révolution des temps libres, au brouillage croissant des mondes domestiques et professionnels, aux nouvelles formes de travail et d'organisation du travail, à la révolution numérique, à l'attention croissante à l'environnement et à la santé, etc. En parallèle s'observe la croissance d'une aspiration à vivre et habiter mieux et autrement, dans le sillage d'une recherche de naturalité, d'authenticité et de modes de vie plus sains mais aussi d'un haut niveau de services de/à proximité de l'habitat.
Explorer la diversité des aspirations à l'habiter mieux
Mais ces évolutions sociétales et ces aspirations nouvelles ne sont pas également réparties et ressenties dans la population selon que l'on habite dans les grandes métropoles ou dans les communes rurales, selon le statut du logement occupé (maison/appartement, propriétaire/locataire), la taille du logement et son insertion dans les usages numériques. De fait, en quoi consistent véritablement les aspirations nouvelles liées à l'habitat ? Comment les individus se projettent ou non dans des imaginaires différents relatifs à l'habiter mieux/autrement ? Dans quels modes d'habiter nouveaux ces aspirations se cristallisent-elles ? C'est à ces questions (et à bien d'autres) que l'Observatoire de l'habitat s'est attaché à répondre. L'Observatoire est un dispositif d'enquête auprès de 4000 personnes représentatives de la population française qui vise à mesurer les aspirations, attentes et besoins qui dessinent de nouveaux usages dans le cadre de l'habitat, à définir les imaginaires et les conditions de l'habiter mieux/autrement et à déceler les clés qui conditionnent la pertinence des nouvelles offres de services.
Des attentes fortes de naturalité, d'autonomie et de services de proximité
Il ressort que les Français démontrent un intérêt important aux enjeux écologiques et sociétaux qui pèsent sur l'habitat et font preuve de dispositions potentiellement élevées à changer une partie de leurs habitudes en adoptant notamment des comportements écoresponsables (recyclage, compostage, énergies renouvelables, durabilité des matériaux, isolation). Il existe également une appétence très importante à l'égard de l'autonomie énergétique et alimentaire dans l'habitat, pour des motifs économiques et/ou environnementaux. La recherche de cadres de vie alternatifs entre en résonance avec celle de modes de vie et de manières d'habiter différents du modèle de l'habitat concentré propre aux Avec le soutien degrandes métropoles dont témoignent l'engouement pour le village et l'habitat pavillonnaire.
Cependant, les jeunes se révèlent nettement plus attirés par la ville dense et connectée que leurs aînés : 47% des 18-24 ans souhaiteraient y vivre contre 8% des plus de 55 ans. Car paradoxalement, cet imaginaire positif des cadres de vie alternatifs proches de la nature et auréolés d'authenticité se développe en parallèle d'aspirations à voir se développer certains services (santé, commerces, mobilité) à proximité du lieu d'habitation.
Différentes conceptions relatives à l'habiter mieux : entre satisfaction et recherches d'alternatives
Néanmoins, outre le caractère consensuel des aspirations à la naturalité et à l'autonomie qui tendent à se cristalliser autour de l'habiter « vert », cette recherche de cadres de vie alternatifs et d'habiter mieux n'est pas univoque. La typologie des aspirations liées à l'habitat couplée aux projections dans des utopies d'habiter alternatives montrent que la France est divisée en plusieurs catégories. Un Français sur deux, conservateur ou réfractaire, davantage satisfait de son logement, ne conçoit pas de raisons de changer ses modes d'habiter ou s'oppose à toute transformation. L'autre moitié des Français se décompose en 3 groupes qui aspirent à des formes différentes d'habiter mieux axées sur l'autosuffisance et l'indépendance pour les autosuffisants, les usages partagés et collaboratifs (services mutualisés entre habitants) pour les collaboratifs, et les usages avancés en termes de dispositifs technologiques et de configurations flexibles du logement pour les innovants.
Quelques chiffres clé
- Une satisfaction à l'égard de son logement, partagée par une majorité de Français... mais assombrie par des nuisances importantes. 72% des Français sont satisfaits de leur logement mais 75% déclarent y subir au moins une forme de nuisance, en particulier celles liées aux mauvaises performances énergétiques / isolation thermique ainsi qu'à la mauvaise qualité acoustique (très forte sensibilité au bruit). L'insatisfaction acoustique est davantage ressentie par les personnes résidant dans des logements collectifs (45% contre 17% des individus vivant en habitat individuel). Ces dernières sont également légèrement plus enclines à se plaindre des mauvaises performances énergétiques/thermiques (37% contre 27%).
- Une aspiration toujours très forte à la propriété. 77% des Français estiment préférable d'être propriétaire de son logement.
- Une forte envie d'aller vivre ailleurs. 6 Français sur 10 aspirent à aller vivre ailleurs dont 26% « beaucoup ». Cette part grimpe à 72% chez les habitants de l'agglomération parisienne (contre 50% seulement des personnes vivant dans des communes rurales). Si 32% des Français qui aimeraient aller vivre ailleurs le feraient pour changer de logement, en lien avec une insatisfaction importante à l'égard de leur habitation, quasiment la moitié souhaitent déménager dans le but de trouver un cadre de vie alternatif (climat, nature, rythme de vie, ville, insécurité).
- Une recherche de cadres de vie alternatifs…tout en bénéficiant des services de la métropole. 82% des Français aimeraient vivre dans un village, 70% en habitat pavillonnaire … et seulement 20% dans une ville dense. Pour autant, respectivement 71% et 70% des Français se disent intéressés par la présence de services de santé et de commerces à proximité de leur lieu d'habitation…
- Une aspiration très importante à la naturalité et à l'autonomie dans l'habitat. 90% des Français se déclarent prêts à réduire leur consommation énergétique si la dégradation de la situation environnementale l'imposait, 73% souhaitent devenir autonomes en matière énergétique et 65% aimeraient tendre vers l'autonomie alimentaire dans le cadre d'une production à l'échelle de leur habitat.
- Des aspirations plus clivantes qui touchent aux manières d'habiter. 84% des Français se disent prêts à mutualiser/échanger au moins un type de service avec leurs voisins … mais seulement 1/3 souhaiteraient pouvoir disposer d'équipements/services mutualisés dans le cadre de leur habitat. 42% des Français souhaiteraient pouvoir reconfigurer la taille des pièces de leur logement (via des parois coulissantes ou des murs amovibles), quand 10% aimeraient habiter en co-living, un mode d'habiter qui attire plus particulièrement les jeunes et les habitants des zones denses.
- 5 grands positionnements et conceptions relatifs à l'habiter mieux : 35% des Français conservateurs ne se projettent pas dans des formes d'habiter alternatives, 16% de Français réfractaires rejettent tous les modes d'habiter alternatifs, 18% des Français aspirent à l'habiter autosuffisant, 18% optent pour l'habiter collaboratif et 13% se projettent dans l'habiter innovant.