Pour les principales organisations professionnelles du secteur, des évolutions bienvenues mais qui demandent à être confirmées dans les textes
L'USH, la FPI, le Pôle Habitat FFB, la FFB, la Fédération SCOP BTP, la CAPEB, l'UNSFA et l'UNTEC se félicitent des ajustements présentés par le gouvernement ce jeudi 18 février sur les projets de texte de la future RE2020.
Les signataires saluent les avancées, fruit des nombreux échanges de la filière avec l'administration et les cabinets d'Emmanuelle Wargon et de Barbara Pompili. Les ajustements sont de plusieurs ordres.
Les premiers concernent les modalités de mise en œuvre, dont le décalage de l'entrée en vigueur au 1er janvier 2022, la modification des échéances suivantes à 2025, 2028 et 2031, et la consolidation d'une clause de revoyure récurrente, tous de nature à faciliter une mise en œuvre progressive et adaptée.
Les signataires saluent également la volonté affichée de ne pas exclure la filière du gaz vert et certaines solutions industrielles, qui devront, par l'innovation, trouver leur place.
Enfin, des volets absents des projets de texte initiaux ont fait l'objet d'un arbitrage positif, comme la mise en place d'un observatoire national qui permettra un véritable retour d'expérience.
Néanmoins, les organisations signataires regrettent l'absence de l'évaluation des impacts pour l'occupant, et des bénéfices complémentaires qui auraient pu être intégrés à la réglementation.
Dans cette logique, les organisations signataires souhaitent que dès à présent une analyse soit menée pour évaluer les surcoûts de construction imposés par la nouvelle réglementation et que la méthode d'ACV soit assise sur une méthode normalisée, l'ACV dynamique dite simplifiée pour être intégrée dans la réglementation, devra s'appuyer sur une procédure de normalisation à l'échelle européenne.
L'évolution de l'ACV, comme l'ensemble des seuils retenus ce jour, sera soumise à une clause de revoyure. Au surplus, ils souhaitent que des garanties soient apportées sur la mise en adéquation des seuils de prise en compte de l'impact carbone tant des infrastructures et que des parkings en sous-sol.
Les organisations se félicitent de l'annonce par la ministre d'une prochaine présentation des textes règlementaires ainsi modifiés au CSCEE. Plusieurs ajustements complémentaires restent toutefois en suspens et demandent des réponses pragmatiques, pour adapter les marches à franchir et de cheminer vers une RE2020 véritablement ambitieuse, abordable et durable. Elles feraient de la RE2020 un facteur de préservation du pouvoir d'achat des ménages et des emplois dans le bâtiment, et un vecteur d'innovation du secteur de la construction et de ses filières.
Les organisations signataires : USH / FPI / Pôle Habitat FFB / FFB / SCOP BTP / CAPEB / UNSFA / UNTEC
Les filières industrielles des matériaux de construction "sous le choc"
Après avoir alerté les pouvoirs publics et souligné les incohérences relatives à l’introduction dans la Réglementation Environnementale des Bâtiments (RE2020) d’un nouveau mode de calcul du poids carbone, dit « Analyse du Cycle de Vie (ACV) dynamique simplifiée », les industriels s’interrogent sur l’obstination du gouvernement à faire passer en force cette comptabilisation contestée du carbone.
Alors que le 26 janvier dernier, les différents acteurs de la filière construction réunis au sein du Conseil Supérieur de la Construction et de l’Efficacité Énergétique (CSCEE) s’étaient tous exprimés pour un retour à une méthodologie d’ACV normée, la Ministre a choisi de maintenir son projet et pris une décision qui constitue une véritable dérive de la Loi.
Avec le passage d’une approche normée à une approche dynamique simplifiée, l’avantage artificiellement donné pour favoriser les produits biosourcés est tel que le seul levier valable pour réduire l’empreinte carbone des bâtiments de demain sera donc une utilisation massive de ces produits, avec une logique de surconsommation de bois, au détriment d’une réflexion de fond relative à la conception des bâtiments, aux modes constructifs ou au mix matériau. Les résultats rendront inutiles tout effort de décarbonation des autres filières puisque le bois, avec son empreinte carbone devenue brusquement négative, permet à lui seul d’atteindre les seuils fixés par la réglementation.
Cette décision qui constitue donc un véritable frein aux engagements pris et aux nombreux projets d’investissements déjà en cours pour décarboner les secteurs industriels, représente également un risque de délocalisation, fragilise de nombreuses entreprises et en particulier des PME, et s’inscrit en totale contradiction avec le plan de relance du gouvernement.
L’incompréhension de ces industriels est d’autant plus grande que cette décision politique contredit les règles faisant consensus en Europe, créant des distorsions de concurrence entre produits, en s’affranchissant des méthodes communément établies de comptabilité des émissions…
Selon eux, favoriser les constructions « bas carbone » ce n’est pas recourir massivement au bois et aux matériaux biosourcés ! La décarbonation c’est l’affaire de toutes les filières qui se sont engagées dans cette voie, c’est la mixité des solutions, c’est compter sur l’intelligence collective pour favoriser des solutions durables, locales, en s’appuyant sur les compétences des centaines de milliers de compagnons qui travaillent dans les territoires.
Les organisations signataires : A3M / SCMF / Aluminium France / SNFA / FFTB / UNICEM / UPB / FILMM