Le maire d'Ozoir-la-Ferrière, Jean-François Oneto, élu du parti Les Républicains, et l'ancien maire de Bussy-Saint-Georges, Hugues Rondeau (1998-2014), ont été placés en garde à vue mercredi à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), a appris l'AFP de sources proches de l'enquête.
Hugues Rondeau, contre lequel "aucune charge n'a été retenue" selon son avocat Alexis Guedj, a été relâché en fin d'après-midi, tandis que M. Oneto se trouvait toujours dans les locaux de l'IGPN mercredi soir.
Leurs ennuis trouvent leur origine dans l'affaire Gardère, du nom de ce préfet proche de la droite, ancien grand flic passé par le cabinet de l'ex-ministre de l'Intérieur Claude Guéant. Alain Gardère a été mis en examen il y a un an dans une enquête sur son train de vie et ses pratiques comme directeur du Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps), dont il a été suspendu. Invitations, cadeaux, Alain Gardère se voit reprocher d'avoir reçu de nombreuses faveurs dans le cadre de ses activités, en échange de ses coups de pouce au sein du Cnaps.
Les investigations ont mis en lumière ses liens avec un promoteur immobilier, Antonio de Sousa, patron de la société France Pierre, mis en examen en avril pour abus de biens sociaux et trafic d'influence, et écroué avant d'être remis en liberté quelques mois plus tard.
A partir de là, les enquêteurs ont mis le doigt sur de nouveaux soupçons de services rendus et de retours d'ascenseurs entre des acteurs du monde du bâtiment et des élus locaux.
Un terrain en Corse
Ainsi, dans une audition dont l'AFP a eu connaissance, un chef de chantier, salarié d'un important sous-traitant de France Pierre, a évoqué "ces architectes proches des mairies", qui "facilitaient à Antonio de Sousa l'acquisition de terrains, au départ non constructibles, qui après, devenaient constructibles".
Armindo Dias, le patron de ce sous-traitant, Lamas, a de son côté affirmé en garde à vue que la somme d'environ 500.000 euros était passée des comptes de sa société vers l'étude d'un notaire, d'où l'argent serait reparti pour payer un terrain acheté par le maire d'Ozoir en Corse, a expliqué à l'AFP une source proche de l'enquête.
Pour cette opération, Armindo Dias, qui est aussi mis en examen, a directement mis en cause Antonio de Sousa, dont l'une des sociétés intervient à Ozoir-la-Ferrière.
"C'est complètement faux, bidon! Je n'ai aucune maison à Lumio, c'est de la diffamation !", avait déclaré M. Oneto sur le site de La République de Seine-et-Marne, en juillet, après de premières révélations de Mediapart.
"Il est malade", avait abondé M. de Sousa devant les policiers, à l'adresse d'Armindo Dias.
Mais ce dernier, dont l'avocat n'a pas souhaité répondre à l'AFP, a multiplié les révélations que les enquêteurs devront étayer. Ainsi, a-t-il évoqué des fausses factures payées à une société de Philippe Lohmuller, l'ancien directeur de cabinet de l'ex-maire de Bussy-Saint-Georges, pour "alimenter une caisse" occulte à la mairie.
M. Lohmuller a été présenté aux juges d'instruction mercredi et mis en examen, après avoir été interrogé en garde à vue depuis lundi.
Armindo Dias a aussi évoqué des travaux effectués gratuitement dans la maison du maire de Saint-Thibault-des-Vignes (Seine-et-Marne), Sinclair Vouriot, pour un montant compris entre 100.000 et 200.000 euros.
Cet élu a lui aussi été entendu en garde à vue au début du mois de janvier, selon une source proche de l'enquête. Sollicité mercredi par l'AFP, il n'a pas donné suite.