Q: Partagez-vous le cri d'alarme du maire de Marseille face au mal-logement?
R: "On a un climat de tension sur le logement et le logement social qui est paroxystique à Marseille. On a une situation difficile pour tous les ménages qui voudraient accéder au logement, y compris pour des salariés qui travaillent. La situation de mal-logement est chronique dans un parc social à la fois déséquilibré géographiquement, dégradé en termes de qualité et largement insuffisant par rapport à la demande. On voit une augmentation très substantielle du nombre de personnes prises en charge par l'Etat à l'hôtel. On était sur 300 à 400 personnes mises à l'abri par jour avant la crise sanitaire, on a largement dépassé en 2020 les 2.300 à 2.500 et aujourd'hui on est à 2.000 personnes par jour mais en ayant d'extrêmes difficultés pour organiser un parcours résidentiel qui permettrait de passer de l'hôtel vers une résidence sociale et de la résidence sociale vers le logement.
La situation est dégradée dans la ville mais aussi dans tout le département des Bouches-du-Rhône et en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Elle tend à s'aggraver puisqu'à l'échelle de la région, on avait atteint 12.000 logements sociaux par an construits ou agréés en 2019, or le chiffre est tombé à 7.000 en 2020 et vraisemblablement il ne se relèvera pas de façon significative en 2021. L'objectif fixé pour la région par la ministre est de 12.000 logements sociaux par an."
Q: Pourquoi une telle baisse ?
R: "Il y a un effet Covid mais qui ne peut pas expliquer cette diminution. Nous sommes dans une région qui est moins favorable au logement social que d'autres en France. Il y a aussi des éléments bloquants comme le coût du foncier ou les contraintes liées aux risques naturels. Et puis, on constate au niveau national une forme d'hésitation d'un certain nombre de maires, parce que les modèles auxquels aspirent nos concitoyens ne sont plus des modèles qui prévoient un développement urbain, l'arrivée de nouveaux habitants. Il y a une réticence pour le logement social mais aussi pour la construction neuve, parce que c'est une extension des zones urbanisées."
Q: Faut-il faire plus et plus vite? La Métropole n'a pas encore de Programme local d'habitat, l'outil clé pour définir une stratégie logement.
R: "Il faut que le travail collectif entre tous les acteurs, mairie, Métropole, Etat, bailleurs sociaux etc... s'intensifie. Il faut tout mettre en oeuvre pour accélérer la mise en oeuvre d'un Programme local de l'habitat, il faut relancer de façon très forte la construction de logements et de logements sociaux et veiller à un rééquilibrage dans l'implantation de ces derniers. Si on ne travaille pas sur l'offre de logements, on sera confronté durant des semaines, des mois, des années à un phénomène qui ne fera que s'aggraver et qui sera de plus en plus difficile à régler."