"Je veux être très clair, je pense profondément que le modèle social en France est le bon modèle", a déclaré Julien Denormandie, secrétaire d'Etat à la Cohésion des Territoires, en clôture du 79e congrès annuel du monde HLM à Marseille.
"Le logement social représente un acquis, tout simplement une chance pour la France", a-t-il insisté, sur la ligne de propos tenus quelques heures plus tôt en conférence de presse.
C'est la deuxième fois que M. Denormandie clôt un congrès HLM. Un an plus tôt, il s'était fait chahuter à Strasbourg au moment où le gouvernement venait d'annoncer une profonde réforme du secteur.
L'exécutif lui demande de contribuer à environ 1,5 milliard d'économies publiques annuelles de 2018 à 2020, via notamment une réduction organisée des loyers, dans le but affiché de réformer son modèle. Corollaire à cet objectif, il impose une réorganisation en regroupant les plus petits organismes.
Jeudi, M. Denormandie - qui remplaçait son ministre de tutelle, Jacques Mézard, empêché par des raisons familiales - a discouru dans le calme et a été applaudi. Dans la matinée, il avait déjà effectué dans une ambiance courtoise un tour auprès des principales fédérations du secteur.
Si l'atmosphère s'est apaisée, le monde HLM n'a pas renoncé à ses revendications au moment où sa confédération, l'Union sociale pour l'habitat (USH), évoque une baisse d'au moins 5% des nouveaux logements sociaux prévus cette année.
Présent sur scène avant M. Denormandie, Jean-Louis Dumont, président de l'USH, qui a par ailleurs annoncé que le prochain congrès se tiendrait en septembre 2019 à Paris, a redemandé au gouvernement de réduire la facture pour 2020.
"La situation actuelle est grave", a-t-il dit. "Etes-vous prêt à rouvrir très rapidement les discussions pour trouver une alternative crédible et acceptable (...) à la trajectoire budgétaire prévue ?"
Un "diagnostic sans concession" promis
Sur ce plan, M. Denormandie a reconnu les "efforts considérables" demandés au secteur, admettant que 2020 serait un "casse-tête", et s'est engagé pour le gouvernement à rediscuter fin 2018 ou début 2019 des réductions de loyers, comme cela était prévu par un protocole d'accord entre l'Etat et le monde HLM.
Ce sera l'occasion d'un "diagnostic sans concession des mécanismes qui ont fonctionné ou n'ont pas fonctionné", a promis le secrétaire d'Etat.
Il a aussi annoncé que serait limitée la hausse de la contribution des bailleurs sociaux à la Caisse de garantie du logement locatif (CGLLS), l'un des éléments plus mineurs des économies qui leur sont demandées.
Pour le reste, le secrétaire d'Etat n'a pas fait d'annonces majeures: il a plutôt énuméré des mesures de la loi logement, actuellement dans sa dernière ligne droite législative, notamment destinées à simplifier la construction de HLM.
Pour le secteur, ce n'est pas une surprise si M. Denormandie n'a pas multiplié les nouveautés: avant le congrès, plusieurs acteurs, interrogés à l'AFP, avaient dit ne pas s'attendre à de grandes annonces.
En revanche, l'exécutif a agacé l'USH en profitant de sa présence à Marseille pour annoncer sa grande nouvelle de la semaine sur le logement: le lancement d'un plan de soutien aux copropriétés.
L'Etat va engager 2,5 milliards d'euros au cours des dix prochaines anées afin de soutenir, voir aider à reconstruires les copropriétés en difficulté. Ce n'est pas sur les lieux du congrès, mais à l'Hôtel de Préfecture des Bouches-du-Rhône, que M. Denormandie a présenté ce plan mercredi après-midi.
Au ministère, on explique que l'annonce "faisait sens" à Marseille, où se trouvent de nombreuses copropriétés dégradées. Par ailleurs, elle implique un acteur du monde HLM, l'organisation Procivis, qui s'engage à 240 millions d'euros de prêts.
Néanmoins, "on a été un peu étonnés: c'est une opération sur les logements privés", a regretté M. Dumont auprès de l'AFP. "On leur avait dit: est-ce que c'est vraiment le bon moment ?"
"On a fait savoir qu'on ne voyait pas du tout l'intérêt de mener cette opération pendant le congrès", a-t-il insisté tout en saluant plus généralement la personnalité d'un secrétaire d'Etat "très attentif".