"Casil Europe confirme la cession de sa participation de 49,99% dans le capital de l'aéroport Toulouse-Blagnac à Eiffage", a annoncé lundi le groupe chinois dans un communiqué, quelques semaines après l'approbation de l'opération par l'autorité de la Concurrence.
Casil détenait près de la moitié de l'aéroport, le troisième de France, depuis sa privatisation en 2015. A l'époque, il avait acheté cette part pour 308 millions d'euros.
Or, Eiffage, numéro trois français du BTP, a précisé de son côté lundi qu'il s'agissait pour lui d'une "acquisition de près de 500 millions d'euros", soit donc une plus-value de près de 200 millions pour le groupe chinois.
Celui-ci avait annoncé l'an dernier son départ de l'aéroport, dit ATB, après la décision de l'Etat de conserver une part minoritaire - quelque 10% - sur laquelle le chinois détenait une option. Le reste du capital - environ 40% - est contrôlé par les collectivités locales.
La décision de Casil avait relancé des polémiques politiques autour du choix de privatiser l'aéroport, d'autant que l'actuel gouvernement a engagé le processus de privatisation d'Aéroports de Paris (ADP), exploitant de Roissy et Orly.
En ce qui concerne Toulouse, les responsables des collectivités locales ont longtemps accusé Casil de chercher uniquement à maximiser ses dividendes au détriment des réserves financières de l'aéroport.
Eiffage promet du "long terme"
A l'automne, les actionnaires locaux avaient encore évoqué une "gestion strictement mercantile et à court terme" de la part du groupe chinois.
Par la suite, ils s'étaient félicités de la cession prévue à Eiffage, estimant qu'elle permettrait de "mettre en place une nouvelle politique en matière de gouvernance, de distribution de dividendes et d'investissements, dans des perspectives de long terme".
De son côté, Casil a régulièrement mis en avant ses travaux de développement du site, qui accueille près de 10 millions de passagers annuels, soulignant y avoir investi 84 millions d'euros alors que son contrat n'en imposait qu'une soixantaine.
"Nous sommes persuadés qu'Eiffage saura conjuguer sa compétence dans la gestion d'infrastructures de transport et sa connaissance de l'environnement économique local pour ouvrir un nouveau chapitre de l'histoire d'ATB, dans la continuité du fort développement que nous avons initié depuis 2015", a déclaré lundi Mike Poon, président de la branche européenne de Casil, cité dans le communiqué du groupe.
Pour Eiffage, cette acquisition s'inscrit dans une stratégie de développement dans les aéroports, proche de celle déjà menée depuis des années par son concurrent Vinci.
Vinci se développe notamment à l'international avec des acquisitions massives comme celle de l'aéroport londonien de Gatwick pour quelque trois milliards d'euros. De son côté, Eiffage s'est pour l'heure concentré sur des aéroports régionaux en France.
Le groupe, qui a explicitement exclu de racheter ADP, a notamment déjà pris le contrôle de l'aéroport de Lille-Lesquin.
A Toulouse, Eiffage "entend se positionner en partenaire de long terme de ses co-actionnaires au service du développement de l'aéroport", a-t-il promis.