L'économie française pourrait ainsi observer une "très légère hausse" de son PIB au quatrième trimestre et non une stagnation comme initialement prévu, a indiqué mercredi la Banque de France dans son enquête mensuelle de conjoncture.
Cette prévision, non chiffrée, est "entourée d'une très forte incertitude notamment à cause du contexte international", a déclaré Olivier Garnier, directeur général des Statistiques, études et international, lors d'une présentation.
"A ce stade (...) on penche plutôt du côté d'un petit aléa positif par rapport à notre prévision initiale de zéro croissance au quatrième trimestre", a-t-il ajouté.
Fin octobre, l'Insee avait annoncé de son côté tabler sur une croissance nulle au quatrième trimestre, après une faible progression du PIB (+0,2%) pendant l'été, que plusieurs économistes présentaient comme l'ultime sursaut de l'économie française.
La prévision de l'Institut national de la statistique pour l'ensemble de 2022 (+2,6%) rejoint toutefois celle de la Banque de France.
Le gouvernement compte lui sur une croissance annuelle de 2,7% et met en exergue le faible écart entre ces différentes prévisions, compte tenu des incertitudes.
Les trois "R"
Si la Banque de France ne mentionne pas explicitement la guerre en Ukraine, elle note cependant que le contexte international et notamment la situation géopolitique font peser de nombreuses incertitudes sur la croissance, tout comme l'impact de la météo sur les approvisionnements en énergie.
Sur le long terme, elle anticipe un cycle économique qui se résume en trois "R" : résilience, ralentissement et reprise en 2024.
L'enquête mensuelle de conjoncture menée auprès des entreprises montre que ces dernières restent relativement confiantes et que la phase de résilience se prolonge.
Dans le détail, l'activité dans les services marchands et l'industrie a progressé en octobre et stagné dans le bâtiment. Les entreprises s'attendent à une tendance similaire en novembre.
En utilisant des données d'autres secteurs, la Banque de France estime que le PIB d'octobre sera en léger repli par rapport à septembre, notamment en raison d'une baisse dans l'énergie, le commerce et les transports, mais elle anticipe une reprise en novembre.
L'enquête de l'institution, qui a interrogé environ 8.500 entreprises entre fin octobre et début novembre, signale deux points d'amélioration, les difficultés d'approvisionnement et le rythme de la hausse des prix, qui restent tous deux à des niveaux élevés mais n'augmentent pas.
Les carnets de commande des entreprises restent "bien garnis", mais les difficultés de recrutement, si elles "n'augmentent plus", restent elles aussi importantes.
L'angoisse de l'énergie
La Banque de France alerte sur les difficultés de trésorerie, notamment des entreprises industrielles, "avec une dégradation qui se confirme".
Olivier Garnier a toutefois nuancé en disant ne pas constater de difficultés particulières sur les remboursements des prêts garantis par l'Etat accordés aux entreprises pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire.
L'institution a également commencé à interroger les entreprises à propos de l'impact de la flambée des prix de l'énergie sur leur activité et leurs marges.
S'il a été limité en octobre, avec un quart des entreprises qui ont observé un impact sur leur activité (et seulement 7% un fort impact), l'inquiétude est plus importante pour les trois prochains mois.
Plus d'un tiers des entreprises des trois secteurs confondus (industrie, services et bâtiment) se disent inquiètes pour leur activité au cours du prochain trimestre et cette proportion monte à plus de 60% dans l'industrie et le bâtiment quand il s'agit de leurs marges.
L'inquiétude varie selon la quantité d'énergie nécessaire au processus de production, précise la Banque de France, et la période "reste difficile" pour les entreprises.