Avec des températures inférieures de 2 à 4°C aux normales sur une bonne partie du pays et plus de 20 jours de gel, les activités du granulat et du BPE ont pâti des traditionnelles périodes de maintenance opérées en début d'année sur les installations.
De fait, les livraisons de matériaux ont enregistré un net repli en janvier sans que la tendance de redressement conjoncturel constatée ces derniers mois ne doive être remise en cause. En témoignent les indicateurs du secteur de la construction qui demeurent bien orientés : les ventes, mises en chantier et perspectives d'activité des professionnels du secteur résidentiel et non résidentiel se maintiennent sur une tendance haussière tandis que le climat conjoncturel continue de s'éclaircir du côté des travaux publics.
"Gel" des livraisons en janvier
Dans un contexte climatique marqué en janvier par une offensive hivernale, les résultats de l'enquête rapide traduisent une activité en net repli par rapport à décembre mais aussi au regard de l'année passée. Ainsi, les livraisons de granulats auraient baissé de -6,7% par rapport au mois précédent et de -6,8% sur un an (données cvs-cjo). Ces replis sont comparables à ceux constatés en janvier 2009 et 2010, deux débuts d'année touchés par le même type d'intempéries. Par ailleurs, les mois de janvier, plutôt modestes en termes d'activité, sont aussi souvent impactés par des opérations d'entretien sur les installations. La faiblesse de l'activité en janvier est donc plus imputable à des facteurs climatiques et saisonniers (froid, congés BTP, maintenance technique) qu'à une baisse de la demande. Dans le secteur du BPE, également touché par l'arrêt de certains chantiers, la production a reculé de -8,6% par rapport à décembre et de -11,4% au regard de janvier 2016. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, cette baisse est comparable à celles constatées lors des périodes de froid plus marqué. Cette chute de la production pèse évidemment sur la tendance trimestrielle qui affiche désormais un repli de -1,5% par rapport aux trois mois précédents pour les granulats et de -3,1% pour le BPE. Du côté de l'indicateur des matériaux, la tendance haussière sur 2016 s'est confirmée avec une progression sur l'ensemble de l'année de près de +1%, le redressement ayant été plus marqué pour les activités du secteur du bâtiment que pour celles des travaux publics.
Le bâtiment reste solide
Selon la dernière enquête mensuelle de conjoncture dans l'industrie du bâtiment menée en février par l'INSEE, le climat des affaires reste stable et se maintient quasiment à sa moyenne de long terme. Si le solde d'opinion des entrepreneurs sur l'activité passée s'est légèrement replié, celui de l'activité prévue bouge peu et demeure audessus du niveau de longue période que ce soit dans le gros-oeuvre ou dans le segment de l'entretien-amélioration. Les perspectives d'activité restent nettement haussières dans le logement neuf tout comme dans le non résidentiel, un constat en cohérence avec les dernières données de la construction neuve. En effet, les statistiques du mois de janvier confirment une hausse des mises en chantier de logements de +0,8% sur les trois derniers mois connus par rapport aux trois mois précédents (données cvs-cjo). Dans le même temps, les permis enregistrent une progression de +3,2%.
Au total, sur les douze derniers mois (de février 2016 à janvier 2017), on recense 385 300 logements commencés soit 13,2% de plus qu'un an plus tôt, une dynamique qui devrait se poursuivre au regard des demandes d'autorisations, en progression de +16% sur la même période (à 463 900 unités). Du côté des locaux d'activité, l'embellie se poursuit également avec des surfaces autorisées en progression de +3,8% (à 37,8 millions de m²) portée, sur les trois deniers mois, par la dynamique des bureaux (+21,6% par rapport à novembre 2015 - janvier 2016), des locaux industriels (+18,4%) mais aussi des entrepôts et des locaux du service public. Le secteur du bâtiment, soutenu par le marché du logement, reste donc solide comme le confirme d'ailleurs l'activité de production de crédits immobiliers qui progresse à un rythme exceptionnellement élevé, rarement observé en période hivernale (+46,4% sur un an pour les trois mois de novembre 2016 - janvier 2017). Le maintien de conditions de crédit attractives (taux d'intérêt des crédits habitat à 1,38% en janvier selon l'Observatoire du Crédit Logement), conjugué à un redressement de la confiance des ménages et à une anticipation de remontée des prix, explique la vigueur du marché. Au quatrième trimestre 2016, les ventes de logements neufs grimpaient de 21,2% sur un an, tandis que les mises en vente progressaient de 8,8%. De fait, les stocks de logements continuent de se réduire (-6%) et seulement moins de 35 000 logements (construits ou en cours d'achèvement) étaient disponibles à la vente, soit environ un mois de commercialisation. Dans ce contexte, l'optimisme et les perspectives de mises en chantier des promoteurs se sont maintenus en janvier, ces derniers jugeant toujours la demande de logements forte.
Amélioration progressive dans les TP
En janvier 2017, les professionnels des travaux publics faisaient état d'un climat conjoncturel un peu plus favorable que lors de l'enquête trimestrielle d'octobre. Leur opinion sur l'activité passée se redresse de même que leurs perspectives tant auprès de la clientèle privée que publique. Pour la première fois depuis trois ans, leur jugement sur les carnets de commandes repasse au-dessus de sa moyenne de longue période. Toutefois, le principal obstacle à la réalisation de travaux reste le manque de demande (pour 45% des professionnels enquêtés en janvier 2017 contre 54% en octobre 2016), le facteur climatique apparaissant en seconde position, ce qui corrobore les précédents constats. L'augmentation des marchés conclus s'est confirmée en décembre, laissant la progression sur l'année 2016 à +15,4% (données en valeur, cvs-cjo). Bien que cette dynamique des prises de commande soit surtout portée par le projet du “Grand Paris” et qu'elle reste inégale selon les spécialités et les territoires, elle suggère toutefois la poursuite du redressement et un raffermissement de l'activité en 2017.