Sur les onze mois de 2017, la production de granulats progresse de +3,5% sur un an (données cvs-cjo), tandis que celle de BPE grimpe de près de +6%. La conjoncture porteuse dans le secteur du bâtiment explique ces tendances et suggère que des marges de progression sont encore possibles au regard des niveaux des permis de construire dans le logement comme dans le non-résidentiel. De même, l’allongement des carnets de commandes dans les travaux publics, bien qu'ils restent encore très inégaux selon les territoires, laissent entrevoir l’année 2018 avec une certaine confiance.

Novembre confirme le bon signal d’octobre
Après un bon mois d’octobre, l’activité s’est consolidée en novembre, notamment dans le secteur des granulats. En effet, les livraisons auraient de nouveau grimpé de +3,1% par rapport au mois précédent (données cvs-cjo) et de +6,5% par rapport à novembre de 2016. Ainsi, sur les trois derniers mois connus, l’activité des granulats a augmenté de +2,2% par rapport à juin-juillet-août et de +3,2% comparé à la même période de l’an passé. Sur les onze premiers mois de l’année, la production de granulats affiche une hausse de +3,5% (+3,3% en données brutes), un chiffre proche de la tendance prévue sur l’ensemble de l’année.
Du côté du BPE, l’amélioration automnale est également perceptible, mais de façon un peu moins nette. En novembre, les volumes livrés se sont plutôt stabilisés par rapport à octobre (-0,8%, données cvs-cjo) mais restent sensiblement supérieurs à ceux de l’an passé (+4,9%). Sur les trois derniers mois, la production revient à l’équilibre au regard du trimestre précédent (+0,3%) et reste nettement haussière par rapport à la même période de 2016 (+4,5%). En cumul sur les onze mois de 2017, l’activité BPE affiche une progression de +5,9% sur un an (+6,7% en données brutes), une progression un peu meilleure qu’attendue à ce stade.
Si l’on considère un ensemble plus large de matériaux de construction, la tendance reste comparable. Le freinage de l’été constaté dans les granulats et le BPE s’est confirmé pour les autres matériaux, l’indicateur passant d’une progression de +7,6% sur un an au deuxième trimestre à +2,7% au troisième (données cjo). Le rebond de l’automne semble également se confirmer pour les autres composantes du « panier » et la tendance provisoire sur les onze premiers mois de 2017 ressort à +4,8% sur un an. En dehors du segment des tuiles, la totalité des matériaux affiche une activité positive sur 2017.

Bâtiment : 2018 un peu moins dynamique ?
Les dernières enquêtes menées auprès de la profession du bâtiment confirment que la conjoncture demeure bien orientée en cette fin d’année 2017. Même si les promoteurs sont un peu moins optimistes qu’il y a un an, l’activité devrait rester dynamique dans les prochains mois et la vente de logements pourrait être dopée cet hiver par l’effet d’anticipation des modifications du PTZ et du Pinel prévues à partir de 2018. Dans la dernière enquête de l’INSEE menée sur décembre, les professionnels du bâtiment se montraient particulièrement confiants, aussi bien dans le gros oeuvre que dans le second oeuvre, et les carnets de commandes ont retrouvé des niveaux méconnus depuis près de 10 ans (septembre 2008). Il est vrai que l’année 2017 devrait rester historique en termes de transactions immobilières dans l’ancien, avec plus de 958 000 ventes en cumul sur douze mois à fin octobre, mais aussi en termes d’attractivité des conditions de crédit (taux des crédits à l’habitat de plus d’un an à 1,6% en moyenne sur les neufs premiers mois de 2017 contre 1,9% en 2016, selon la Banque de France). Le contexte institutionnel favorable aux primo-accédants et à l’investissement locatif a également contribué à alimenter la demande de logements et l’année 2017 devrait se solder par une augmentation des mises en chantier de près de 12% (à plus de 400 000 unités).
Quant aux autorisations, elles progresseraient de plus de 13% à plus de 519 000 permis en 2017. Ce contexte permet d’aborder l’année 2018 avec une certaine sérénité même si certains facteurs vont tendre à modérer la tendance. La période de baisse des taux d’intérêt fait désormais partie du passé et les prix immobiliers continuent de se tendre (+3,6% sur un an pour les logements neufs au troisième trimestre selon l’INSEE), ce qui pèsera sur la solvabilité des ménages. Par ailleurs, le recentrage des mesures de soutien au logement (Pinel et PTZ) ainsi que la suppression de l’ “APL accession” prévus pour 2018 devraient freiner la demande des ménages.
Ainsi, la Fédération Française du Bâtiment, dans sa dernière note de conjoncture, estime que cet environnement global moins favorable devrait se solder par un léger repli des autorisations à environ 490 000 unités en 2018 (-5,7%). Quant aux mises en chantier de logements, elles se maintiendraient certes à un niveau élevé mais en léger recul par rapport à 2017 (11 000 mises en chantier en moins), le segment de l’individuel baissant plus que celui du collectif.
Néanmoins, le ralentissement de la production dans le segment résidentiel sera contrebalancé par une accélération de celle des locaux d’activité. En effet, après une année 2017 marquée par le retour de la croissance de l’activité (+3,7%), la FFB attend une nouvelle hausse des permis (+2,6%) et des mises en chantier (+4,1%) dans le non-résidentiel neuf… un contexte qui devrait continuer d’alimenter les besoins en matériaux pour l’année 2018.

TP : accélération de la reprise en 2018
Selon la dernière enquête de conjoncture menée en octobre, l’activité, en termes de facturations, serait quasi stable sur les dix premiers mois de l’année (+0,1% en cvs-cjo). Toutefois, une accélération est attendue si l’on en croit l’enquête sur le climat des affaires du troisième trimestre ainsi que l’orientation des carnets de commandes (en hausse de +6,2% sur un an à fin octobre, cvs-cjo). Plusieurs signaux confirment d’ailleurs ce diagnostic : les tensions sur les capacités de production apparaissent et plus d’un tiers des professionnels rencontre déjà des contraintes de main-d’oeuvre ; de plus en plus d’entrepreneurs prévoient d’ailleurs des hausses d’effectifs. Ces tendances se constatent également dans le secteur des travaux routiers pour lequel l’activité s’accélère (+7,6% sur douze mois glissants à fin novembre, selon l'USIRF) et les carnets s’étoffent (+7,2%). Portée par les grands projets et notamment le Grand Paris Express, l’activité devrait s’accélérer en 2018.
Reste à espérer que le redémarrage de l’investissement local, dans un contexte du cycle électoral qui va redevenir favorable, ne soit pas trop bridé par des contraintes de financement imposées par l’État pour que cette reprise ne se limite pas aux grandes métropoles et puisse se diffuser sur tout le territoire.