L'épisode d'accélération et de rattrapage, à l'œuvre depuis quelques mois, semble donc toucher à sa fin, les rythmes de production en juin-juillet s'inscrivant en retrait au regard de 2020 (qui était marqué il est vrai par une phase de net rebond à la sortie du premier confinement), mais aussi par rapport à 2019. Pour autant, les indicateurs de demande restent bien orientés en cette fin d'été : côté Bâtiment, les carnets de commandes restent accrochés à un point haut tandis que, côté Travaux publics, les entreprises ont renoué avec un certain optimisme quant à leurs perspectives d'activité. Pour autant, certains points appellent à la vigilance : les difficultés d'approvisionnement en matériaux (essentiellement importés) affectent le bon déroulement des chantiers et pèsent sur les coûts de production tandis que certains secteurs de la construction (comme le non résidentiel) peinent encore à repartir.
Repli des volumes au cours de l'été
Selon les premiers résultats des enquêtes mensuelles, la production de granulats aurait reculé de -2,9% entre juin et juillet 2021, laissant le volume en retrait de -3,3% par rapport à 2020 et -2,2% au regard de 2019 (données CVS-CJO). Au cours des 3 derniers mois, l'activité a baissé de -3,7% par rapport au trimestre précédent mais reste encore supérieure de +4% comparée à la même période de 2020.
Elle accuse toutefois une contraction si on se réfère à 2019 (-1,8%). En cumul sur les douze derniers mois glissant, l'activité des granulats affiche certes une hausse de +10,4% mais elle est stable au regard de la même période sur 2019. Ce constat vaut aussi pour le cumul sur les sept premiers mois de 2021 qui s'aligne sur celui de la même période de 2019 (+0,2%). Côté BPE, le mois de juillet a également marqué un freinage des tendances avec des cubages en repli de -3,3% par rapport à juin et de -9% et -4,1% comparé à ceux de 2020 et 2019 respectivement.
Au cours du dernier trimestre connu, les livraisons de BPE ont reculé de -5,3% par rapport à février-mars-avril mais restent un peu au-dessus de celles enregistrées sur la même période de 2020 (+0,8%). Elles sont toutefois légèrement en deçà de celles de 2019 (-0,7%). Si les douze derniers mois affichent un glissement de +14,2% sur un an, ils sont un peu en dessous de celles de 2019 (-0,8%), tout comme le cumul sur les sept derniers mois de 2021 qui s'inscrit en retrait de -1% comparé à la même période de 2019 (contre +21,8% comparé à 2020).
L'indicateur Matériaux confirme pour sa part cette même décélération des tendances. Après un premier semestre en forte hausse (+25% par rapport à 2020), la progression de l'activité sur les sept premiers mois de l'année revient à +19,5%, soit une hausse de +2,8% comparée à la même période de 2019 (données provisoires, CJO).
Bâtiment : optimisme sur fond de tensions
L'optimisme reste de mise parmi les industriels du bâtiment. Interrogés en août par l'INSEE, les professionnels demeuraient très confiants quant à leur activité future, leur opinion sur l'activité passée diminuant un peu mais restant très au-dessus de la moyenne de long terme. Le rebond du solde d'opinions des entrepreneurs sur leurs effectifs futurs témoigne de la bonne orientation de l'activité tandis que leurs carnets de commandes, qu'ils jugent toujours bien garnis, affichent plus de 10 mois d'activité dans le gros oeuvre compte tenu de leurs effectifs, soit un nouveau point haut.
Dans le même temps, les professionnels de ce secteur soulignent de fortes tensions sur l'appareil productif : plus des deux tiers d'entre eux éprouvent des difficultés de recrutement et près de 57% ne peuvent accroître leur activité. Enfin, même si la part des entreprises du bâtiment qui sont confrontées à des difficultés d'approvisionnement baisse un peu en août (12,9% contre un pic à 14,3% en juillet), elle se situe à un niveau très élevé au regard de la moyenne de longue période (1,7%).
Du côté de la construction, les mises en chantier ont reculé au cours des trois mois allant de mai à juillet (-5,5% en glissement trimestriel, CVS-CJO) alors qu'elles avaient rebondi les trois mois précédents (+8,5%). Ce repli, qui affecte l'individuel comme le collectif, laisse toutefois la tendance trimestrielle globale à +4,8% sur un an avec une nette avance du segment individuel pur (+10,8% contre -0,9% pour le collectif). Sur les douze derniers mois, on compte ainsi 386 300 logements commencés, soit une progression de +8,2% sur un an mais en repli de -1% comparé à la même période de 2019.
Côté permis, la tendance reste haussière avec une progression de +2,8% au cours des trois derniers mois comparés aux trois mois précédents, le collectif affichant un rebond de +5%. Comparé à l'an passé, la tendance (+41,8%) est forcément flatteuse, effet confinement oblige, mais elle reste très positive si on se réfère à 2019 avec une hausse des permis de +4,2%. Ainsi, en cumul sur les douze derniers mois, à fin juillet, on dénombrait 445 100 autorisations, soit un niveau supérieur de +10,8% à celui de 2020 et à peine plus faible que celui de 2019 (-1%). Ce constat est étroitement lié à la dynamique du segment individuel dont le cumul des permis sur les six derniers mois a bondi de +17% par rapport à la même période de 2019 !
Cette tendance pourrait se prolonger au second semestre si l'on en croit la hausse des prises de commandes enregistrées par les constructeurs. Il est vrai que le secteur bénéficie du fort engouement pour la maison individuelle, en période de post crise sanitaire, ainsi que des conditions de financement qui n'ont jamais été aussi attractives, et ce, en dépit des tensions inflationnistes qui pèsent sur le foncier et les coûts de construction.
D'ailleurs, selon la dernière enquête menée par l'INSEE en juillet auprès des promoteurs, ces derniers se montrent plutôt confiants quant à la demande de logements neufs et sont un peu plus nombreux qu'en avril à prévoir une augmentation des mises en chantier de logements (aussi bien destinés à la vente qu'à la location). Selon les promoteurs, l'apport personnel des candidats à l'acquisition tend à augmenter et les moyens de financement consacrés à l'achat devraient s'étoffer dans les prochains mois ; en revanche, ils signalent aussi une hausse du prix moyen des biens.
TP : des entreprises plus confiantes
Selon l'enquête trimestrielle menée par la FNTP fin juillet, les chefs d'entreprise se montraient bien plus optimistes qu'en avril, soulignant également une nette amélioration de leur activité passée.
Cette embellie concerne aussi bien la clientèle privée que publique et, pour le troisième trimestre consécutif, le solde d'opinons sur les carnets de commandes se redresse, se situant désormais audessus de sa moyenne de long terme ; parmi les obstacles limitant la réalisation des travaux, les contraintes de main-d'oeuvre talonnent désormais le manque de demande (33% et 34% respectivement).
Tout comme le bâtiment, les TP doivent faire face à des hausses de prix de certains matériaux (produits en acier et plastique notamment) et à des difficultés de recrutement.