Cette année, le rapport montre un redressement significatif de la rentabilité des entreprises. Néanmoins, leur trésorerie reste extrêmement fragile et le recours aux crédits de trésorerie demeure indispensable pour financer leur activité.
La baisse de la valeur ajoutée se poursuit
La valeur ajoutée (VA) des entreprises du BTP, reflet de leur santé économique, poursuit sa baisse en 2016. Dans le Gros-Œuvre, où le ratio VA/CA est le plus important (37.9% en 2015, 37.6% en 2016), les difficultés s'expliquent notamment par l'augmentation du prix des matières premières et par une activité sous tension dans certaines régions qui favorise une concurrence vive entre les entreprises.
L'affaiblissement de ce taux de la valeur ajoutée est un indicateur d'alerte à suivre. Si elle devient insuffisante pour couvrir les frais de fonctionnement, l'entreprise aura des difficultés à atteindre son point mort et donc à générer des bénéfices. Dans cette hypothèse, les structures financières ne peuvent plus se renforcer.
Stabilité sur le coût de la main d'œuvre
Compte-tenu de la baisse de la valeur ajoutée, le coût de la main d'œuvre par rapport à la VA augmente (bien que ses montants restent stables). En effet, les charges de personnel représentent désormais presque 88% de la valeur ajoutée pour les activités du Gros-Œuvre et du Second-Œuvre, et 82% pour les Travaux Publics.
A noter que le personnel extérieur à l'entreprise est en progression sur 2016, en particulier sur le Gros-Œuvre.
Redressement de la rentabilité
Fin 2016, la rentabilité des entreprises du BTP (résultat net/chiffre d'affaires) n'a toujours pas retrouvé son niveau de 2008 (situé alors entre 2,5% pour les Travaux Publics et 3,1% du chiffre d'affaires pour le Gros-Œuvre), mais le ratio augmente par rapport à 2015 et s'inverse pour atteindre respectivement, en 2016, 1,6% pour le Gros-Œuvre et 2,3% pour les Travaux Publics.
Cette amélioration récente provient de l'accroissement de l'excédent brut d'exploitation des entreprises, mais aussi de frais financiers modérés (taux faibles) et de l'impact du CICE (Crédit d'Impôt pour la Compétitivité et l'Emploi).
Recul de la part des entreprises en perte en 2016
Si depuis 2013, la part des entreprises en perte n'avait cessé de croître, en 2016 elle recule enfin, tous secteurs confondus. Une rupture particulièrement significative dans le secteur des Travaux Publics dont la part représentait 17,4% en 2015, pour atteindre 12.9% en 2016. Quant aux entreprises du Gros-Œuvre et Second-Œuvre, la part des entreprises en perte est de 17% (mais en baisse de -2,5 points pour le Second-Œuvre et -2,1 points pour le Gros-Œuvre).
Des difficultés de trésorerie toujours importantes
Les délais clients moyens restent toujours trop élevés avec des délais constatés de 83 jours dans le Gros-Œuvre, 89 jours dans le Second-Œuvre et 90 jours dans les Travaux Publics.
Après une baisse significative des délais fournisseurs entre 2008 et 2014 suite à l'application de la Loi de Modernisation de l'Economie (LME), une hausse des délais fournisseurs est constatée depuis 2014 pour s'établir à 71 jours en moyenne dans le Gros-Œuvre, 69 jours dans le Second-Œuvre et 80 jours dans les Travaux Publics.
Depuis 2008, la trésorerie nette moyenne en jours de production pour le Gros-Œuvre ne cesse de diminuer (à 22,6 jours de production, soit -2,5 jours), se stabilise pour le Second-Œuvre (19,4 jours de production) et s'améliore très nettement pour les Travaux Publics (à 22 jours, soit +3 jours de production).
Pour Claude Lavisse, Président du Directoire de BTP Banque : « L'étude 2017 de la performance des entreprises du BTP porte sur les comptes d'exploitation et bilans 2016. L'amélioration de la rentabilité nette est clairement au rendez-vous. Cette rentabilité reste toutefois insuffisante pour permettre aux entreprises de faire face aux besoins nés de la reprise d'activité, alors que leur situation financière a été fragilisée par les années de crise précédentes. Les trésoreries continuent donc de se tendre et les entreprises du BTP restent globalement encore fragiles.
L'année 2017 tend à confirmer cette reprise amorcée courant 2016, même si celle-ci n'est pas uniforme selon les territoires et les métiers. Les perspectives de croissance se situent autour de 4% pour l'ensemble du secteur de la construction. »