En effet, en cumul à fin juin, les volumes produits affichaient une progression de +7,6% sur un an dans le secteur du béton prêt à l'emploi contre une hausse de +4,4% dans celui des granulats (données cvs-cjo). La nette amélioration conjoncturelle constatée depuis plusieurs trimestres dans le secteur du bâtiment se traduit enfin dans la demande de BPE tandis que, du côté des TP et des travaux routiers, la sortie de crise, plus tardive et plus laborieuse pèse encore sur la dynamique de la demande de granulats. Le maintien de la bonne orientation des indicateurs et enquêtes d'opinion sur l'activité à venir ainsi que l'augmentation des carnets de commandes dans tous les segments d'activité de la construction plaident pour une consolidation de ces tendances dans le secteur des matériaux pour les mois à venir.
Mais un deuxième trimestre bien meilleur pour le BPE que pour les granulats
Si le premier semestre se solde sur une progression des volumes plutôt encourageante pour les granulats et le BPE (+4,4% et +6,7% sur un an respectivement), il masque toutefois des dynamiques assez distinctes. En effet, comme pour les deux mois précédents, la production de granulats en juin demeure supérieure à celle de l'an passé (+6,7%) mais peine à progresser d'un mois sur l'autre (+0,1% par rapport à mai, données cvs-cjo). De sorte que, au deuxième trimestre, l'activité granulats est quasi-stable par rapport au trimestre précédent (-0,3%) même si elle reste supérieure de 6% à celle du deuxième trimestre 2016.
Du côté du BPE en revanche, les volumes continuent de croître. Ainsi, après une légère progression en juin (+0,3% entre mai et juin et +11,1% par rapport à juin 2016), les livraisons de BPE ont affiché une hausse de +2,2% au deuxième trimestre 2017 au regard du trimestre précédent et de +10% par rapport à il y a un an. Si la reprise s'est bien enclenchée dans les deux segments, elle manque encore de fermeté et de vigueur dans les granulats. Le raffermissement récent des carnets de commandes du côté des travaux routiers mais aussi des TP pourrait contribuer à alimenter un nouveau souffle au second semestre.
Notre indicateur matériaux traduit également une bonne tenue de l'activité au premier semestre 2017. Selon les résultats encore provisoires, cette dernière aurait progressé de +5% sur un an (données cjo), l'activité du deuxième trimestre s'installant sur un rythme de croissance sensiblement plus dynamique qu'au premier (+3,2%).
Le bâtiment toujours au beau fixe
L'enquête mensuelle de conjoncture menée dans l'industrie du bâtiment par l'INSEE traduit une nouvelle amélioration en juillet. Selon les chefs d'entreprise, le climat des affaires renoue avec son plus haut niveau depuis septembre 2008. Même si au cours des trois derniers mois les entrepreneurs sont moins nombreux qu'en juin à signaler une hausse de leur activité récente, ils sont en revanche bien plus nombreux à anticiper une augmentation dans les mois à venir, le solde d'opinion se situant désormais très au-dessus de la moyenne de longue période. De fait, leurs carnets de commandes continuent de s'étoffer, dans le gros oeuvre comme dans le second oeuvre. Compte tenu de leurs effectifs, celles-ci permettent d'assurer 7,3 mois de travail, un niveau supérieur là aussi à la moyenne de longue période (5,5 mois).
Il est vrai que l'activité constructive reste bien orientée dans le bâtiment. A fin mai, et sur les trois derniers mois connus, les mises en chantier de logements grimpaient encore de +0,7% par rapport aux trois mois précédents (cvs-cjo) et de +17,9% au regard de la même période d'il y a un an. Quant aux dépôts de permis, ils affichaient une hausse de +7,3% sur les trois mois glissants et de +14,6% sur un an.
En cumul sur douze mois, on compte ainsi 397 700 logements commencés (soit +14% de plus que les douze mois précédents) et 477 600 autorisations (+12,9%). Du côté des locaux d'activité, même si la dynamique est moins soutenue, le redressement reste bien réel. Sur les trois derniers mois, à fin mai, 6,3 millions de m² de surfaces non résidentielles ont été mises en chantier (+3% sur un an) et 9,6 millions de m² ont été autorisés (+7,4% sur un an).
En dépit de la légère hausse des taux d'intérêt, qui s'est quasiment interrompue depuis avril (à 1,57% en juin, soit le niveau de juillet 2016), les conditions de crédit à l'habitat demeurent attractives. Ce contexte contribue à maintenir la solvabilité des ménages et à alimenter leur demande de logements comme en témoigne la dernière enquête de l'INSEE menée auprès des promoteurs en juillet. Ces derniers notent une nouvelle hausse de la demande, particulièrement soutenue s'agissant des logements destinés à la location, et leurs perspectives de mises en chantier augmentent à nouveau. Dans le même temps, ils soulignent cependant une hausse des prix moyens sur les logements neufs.
TP : début d'année hésitant mais amélioration attendue
Du côté des travaux publics, le mouvement de reprise demande encore à être consolidé. En effet, les données du mois de mai issues de l'enquête de la FNTP traduisent une activité en léger repli par rapport à l'an passé (-0,7% en données cvs-cjo, à prix courants). Les fortes chaleurs de la fin du mois (avec un niveau des heures chômées supérieur de 10% à la moyenne d'un mois de mai) peuvent expliquer en partie cette atonie. Reste que, en cumul sur les cinq premiers mois de l'année, les travaux réalisés s'inscrivent sur une quasi-stagnation au regard de 2016 (-0,3%). Cependant, le niveau des carnets de commandes, bien qu'également en recul en mai, suggère que l'activité pourrait se raffermir dans les prochains mois. En cumul sur les cinq premiers mois de 2017, les marchés conclus sont en hausse de +9,7% sur un an.
Essentiellement portée par les attributions de projets du Grand Paris, la dynamique de ces prises de commandes semble toutefois se diffuser à l'ensemble du territoire et des segments d'activité comme le souligne la FNTP. D'ailleurs, selon l'USIRF, l'activité des travaux routiers s'est de nouveau raffermie en mai, laissant le cumul en volume sur cinq mois à +6,4% (données cjo) et les carnets de commandes ont continué de se garnir. Pour autant, la sortie de crise du secteur reste graduelle et le chemin d'un retour à la normale est encore long et hésitant. Dans ce contexte, on comprend tout l'enjeu des annonces gouvernementales en matière de fiscalité locale. à un moment où les collectivités territoriales semblent progressivement renouer avec l'investissement, il apparaît essentiel de garantir une autonomie et une stabilisation de leurs capacités de financement. Il en va de la pérennité de la reprise comme du devenir des infrastructures dans les territoires.