Pour autant les volumes se maintiennent en nette progression au regard de ceux d'il y un an et, à fin mai, ils affichaient un cumul en hausse de +3,8% dans les granulats et de +6,5% dans le BPE (données cvs-cjo). La dynamique assez vigoureuse du secteur du bâtiment qui s'est enclenchée depuis maintenant plus d'un an, avec le redémarrage des mises en chantier de logements et de locaux d'activité, contribue à alimenter la demande en matériaux, notamment en BPE. En revanche, si la reprise s'est également amorcée du côté des TP, elle manque encore d'ampleur et de fermeté pour “booster” les productions de granulats. Mais le niveau des carnets de commandes incite plutôt à la confiance pour les mois à venir.
Un mois de mai un peu timide
Tout comme le mois d'avril, le mois de mai ne marque pas de franche évolution des volumes de production au regard du mois précédent. Toutefois, par rapport à l'an passé, la progression se poursuit. Ainsi, les livraisons de granulats ont quasiment stagné entre avril et mai (-0,8%, données cvs-cjo) mais se situent à +4,2% au-dessus de leur niveau de mai 2016. Sur les trois derniers mois, le niveau d'activité se stabilise par rapport aux trois mois précédents mais affiche tout de même une progression de +5,6% par rapport aux trois mois de mars-avril-mai de 2016. En cumul sur les cinq premiers mois de l'année, l'activité des granulats ressort sur une tendance de +3,8% sur un an. Du côté du BPE, le mouvement de reprise est plus sensible même si le profil d'évolution est comparable. Les livraisons de BPE se sont en effet stabilisées d'avril à mai (+0,5%, en cvs-cjo) mais enregistrent une hausse de +10% par rapport à mai 2016. Ainsi, sur les trois mois allant de mars à mai, la production a continué d'augmenter au regard de 2016 (+9,5%) mais aussi par rapport aux trois mois précédents (+3,2%). En cumul sur cinq mois, l'activité BPE s'inscrit sur une tendance de +6,5% sur un an.
Le redressement du premier trimestre a été commun à la quasitotalité des matériaux qui composent notre indicateur. Après un quatrième trimestre 2016 en décélération (+1% sur un an, données cjo), celui-ci affiche une progression de +3,7% au premier trimestre 2017, soit un rythme supérieur au troisième trimestre 2016 (+3,3%). Cette tendance à la reprise se confirmerait au cours du deuxième trimestre puisque, selon les données encore provisoires, l'activité serait sur une hausse annuelle de +4,8% à fin mai.
Quand le bâtiment va…
En juin, le climat conjoncturel s'est de nouveau amélioré dans l'industrie du bâtiment, selon l'enquête INSEE. Après avoir augmenté de trois points en mai, l'indicateur synthétique du climat des affaires gagne encore un point pour se situer à un niveau inconnu depuis août 2011. Tous les soldes d'opinion de l'enquête ou presque ont dépassé leur moyenne de long terme : ainsi, le jugement des professionnels sur leurs carnets de commande, sur l'activité passée et sur l'activité prévue s'est encore redressé en juin, renouant avec les niveaux d'avril 2008. Tous les segments du bâtiment sont désormais concernés par ce mouvement, le résidentiel comme le non résidentiel et l'entretien-amélioration. Il est vrai que le logement neuf continue d'afficher une accélération soutenue avec des permis et des mises en chantier en augmentation de 15% et 16,2%, respectivement, sur les cinq premiers mois de l'année 2017. Même si le rythme est moins dynamique du côté des locaux d'activité, la tendance est également haussière. Sur les trois mois de mars à mai, les surfaces autorisées étaient en hausse de +7,4% sur un an, contre +3% pour les surfaces mises en chantier. Toutes les conditions semblent réunies pour que le climat reste propice à la consolidation de ces tendances. En dépit d'une légère remontée des taux d'intérêt (de 1,31%, point bas de novembre 2016, à 1,56% en mai 2017, soit le niveau du début de l'été 2016), les conditions de crédit à l'habitat restent attractives, sachant que dans le même temps le rythme d'inflation est passé de 0,2% à 1,1%. En outre, compte tenu de l'évolution des taux longs et de la politique monétaire, cette remontée devrait rester maitrisée en 2017. Autre facteur positif, celui de l'environnement institutionnel qui demeure porteur avec le soutien des dispositifs comme le “Pinel” et le PTZ dans le neuf ou encore d'autres mesures sur le segment de l'entretien-amélioration.
Enfin, non seulement le marché immobilier français ne souffre pas de surcapacités, les stocks de logements neufs étant très peu élevés, mais celui-ci est porté par une dynamique saine et non spéculative. En effet, selon une récente étude de la Banque de France (bulletin de mars-avril 2017), les risques de bulle immobilière semblent écartés, l'évolution des prix immobiliers étant cohérente avec celle des fondamentaux économiques. Le secteur du bâtiment, via l'accélération de l'investissement des ménages et des entreprises en produits de la construction, devrait d'ailleurs profiter mais aussi contribuer au raffermissement économique prévu pour 2017, la croissance du PIB ayant été revue à la hausse à +1,6% par l'INSEE pour cette année.
TP : une reprise à pas comptés
Du côté des travaux publics, le redressement se poursuit à un rythme très graduel même si certains segments, comme les travaux routiers ou les canalisations, témoignent d'une activité un peu plus soutenue. En avril, les travaux réalisés augmentaient de 1% par rapport à avril 2016, laissant le cumul des quatre premiers mois de l'année sur une tendance quasi stable (-0,5%).
En revanche, les carnets de commandes continuent de se regarnir, notamment grâce à l'attribution des projets du Grand Paris. En cumul sur quatre mois, les marchés conclus affichaient une progression de +16,9% sur un an, un chiffre plutôt de bon augure pour l'activité future même si, dans l'absolu, le niveau des prises de commandes reste encore faible au regard de la moyenne de long terme.